Critique Express : Magma

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Magma

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Cyprien Vial
Scénario : Cyprien Vial, Nicolas Pleskof
Interprètes : Marina Foïs, Théo Christine, Mathieu Demy
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h25
Genre : Drame
Date de sortie : 19 mars 2025

4/5

Synopsis : Katia Reiter dirige l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe depuis une dizaine d’années. Elle forme un duo de choc avec Aimé, jeune Guadeloupéen auquel elle transmet sa passion du métier. Alors qu’elle se prépare pour une nouvelle mission à l’autre bout du monde, la menace d’une éruption majeure de la Soufrière se profile. L’ile est aux abois et Katia va devoir assurer la sécurité de la population…

Beaucoup plus qu’un film catastrophe

Il y a 10 ans, le prometteur Bébé Tigre avait mis sur le devant de la scène le réalisateur Cyprien Vial, diplômé en 2007 du département Réalisation de la Fémis. Depuis, on avait eu tendance à l’oublier, même si, en 2017, était sorti Embrasse moi, un film qu’il a réalisé en collaboration avec Océan Michel. On peut donc parler de gros retour en force avec la sortie de Magma, un film que Cyprien Vial est allé tourner à la Guadeloupe. Gros retour en force, car Magma réunit de nombreuses qualités qui pourraient lui permettre de combiner succès critique et succès public. Si on se contente d’une vision et d’une interprétation  paresseuses, on verra dans Magma un film catastrophe. En fait, ce film est beaucoup plus que cela : c’est un film politique sur les rapports entre les scientifiques et les autorités lors de la gestion d’un évènement naturel pouvant mettre en jeu la vie d’un grand nombre de personnes ; c’est un film politique sur les conflits qui naissent de la gestion de cet évènement par les autorités et du ressenti des populations locales face à cette gestion, d’autant plus que l’action se déroule dans un département d’outre-mer et qu’il y a donc  le risque que la gestion choisie soit considérée comme étant néocolonialiste ; c’est aussi un film sur les rapports très riches entre Katia Reiter,  la Directrice de l’Observatoire Volcanologique de Guadeloupe, une vulcanologue confirmée et passionnée d’une cinquantaine d’année, originaire de la métropole, et son adjoint, Aimé, un jeune thésard sans grande expérience, originaire de l’île et dont les parents tiennent un restaurant au bord de la mer, dans une zone à risque ; enfin, sorte de cerise de gâteau, c’est un film qui dégage une grande qualité visuelle grâce à l’image obtenue par le Directeur de la photographie, Jacques Girault.

C’est en découvrant pendant le confinement le documentaire La soufrière de Werner Herzog que Cyprien Vial a ressenti le besoin d’enquêter sur ce qui s’était passé en 1976 avec le déplacement, justifié dans un premier temps, d’une grande partie de la population de Basse-Terre suite à un réveil de la Soufrière, un déplacement qui s’était prolongé pendant des mois alors que plus rien ne le justifiait, entrainant un désastre social important et une grande défiance des habitants envers les scientifiques et les autorités. Cet évènement avait également été à l’origine d’une très importante polémique entre 2 scientifiques de renom, le vulcanologue Haroun Tazieff et Claude Allègre, alors Directeur de l’institut de physique du globe de Paris. Cyprien Vial a décidé de revisiter cet évènement en portant à l’écran une version  différente sur la gestion d’une telle crise, la différence la plus notable se situant dans le choix des scientifiques, un choix qui montre qu’une importante évolution a eu lieu depuis 1976 : la scientifique chevronnée est une femme et son adjoint appartient au territoire. En règle générale, on retrouve 3 catégories de personnes face à la menace d’une catastrophe liée au réveil d’un volcan : les scientifiques, les autorités et les habitants. Habituellement, des dialogues ont lieu entre les scientifiques et les autorités ainsi qu’entre les autorités et les habitants. Des dialogues directs entre scientifiques et habitants sont également possibles, d’autant plus lorsque, comme dans Magma, un des scientifiques est un local dont la famille est touchée directement par un déplacement. Concernant les rapports entre scientifiques et autorités, on conçoit facilement que les scientifiques donnent des conseils qui peuvent, ou non, se traduire en décisions de la part des autorités. Magma nous montre un déphasage entre les conseils et les décisions, les autorités ayant tendance à faire évacuer les populations alors qu’on leur dit que le danger est faible et à les faire revenir alors qu’on leur dit que le danger a augmenté. Bien entendu, il y a le poids des récriminations de la part d’une population qui n’apprécie pas d’être logée pendant des semaines dans des locaux inconfortables. Par ailleurs, c’est dans l’observation des rapports entre Katia et Aimé que se situe un des points forts du film : commencés par un comportement presque maternel de Katia envers son jeune adjoint, ces rapports ne cessent d’évoluer, Aimé s’affirmant de plus en plus face à Katia. Ce point est d’autant plus fort que Marina Foïs et Théo Christine, les interprètes de Katia et d’Aimé, dégagent dans leur jeu une vérité exceptionnelle.

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