Test Blu-ray 4K Ultra HD : Ichi the Killer – Édition Prestige limitée

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Ichi the Killer

Japon : 2001
Titre original : Koroshiya 1
Réalisation : Takashi Miike
Scénario : Sakichi Sato
Acteurs : Tadanobu Asano, Nao Omori, Shinya Tsukamoto
Éditeur : Carlotta Films
Genre : Thriller, Horreur
Durée : 2h09
Date de sortie cinéma : 5 février 2025
Date de sortie DVD/BR/4K : 18 février 2025

Le chef d’un gang de yakuzas vient de disparaître sans laisser de trace, emportant avec lui une grosse somme d’argent. Persuadé que son patron s’est fait enlever par une bande rivale, son bras droit Kakihara va laisser libre court à ses instincts de psychopathe pour débusquer le coupable. Durant sa traque, le nom de « Ichi » est sur toutes les lèvres. Mais qui se cache derrière ce tueur solitaire aux méthodes aussi abjectes que celles de Kakihara ?

Le film

[4/5]

Vous souvenez-vous de Takashi Miike ? En France, on a découvert ce réalisateur japonais en 2002 avec Audition, à un moment où tous les yeux cinéphiles étaient braqués vers l’Asie. En se penchant sur sa filmographie, on s’est ensuite rendu compte qu’il s’agissait d’un cinéaste extrêmement prolifique et touche-à-tout (il a tourné plus de 120 films et séries TV en trente-cinq ans de carrière), et dans les dix années qui suivirent, une vingtaine de ses films sortirent en DVD et Blu-ray.

A l’époque, Takashi Miike s’était donc rapidement fait un nom dans le domaine du cinéma de genre à tendance extrême et subversive, ce qui lui vaudrait, en 2005, d’être invité par Eli Roth à apparaître en tant qu’acteur dans Hostel, un des plus fiers représentants du genre « torture porn » des années 2000. Et l’invitation d’Eli Roth n’avait rien d’innocent, dans le sens où Hostel est sans conteste un des enfants illégitimes de Ichi the Killer, un délire glauquissime et malade mental qui verse régulièrement dans la violence extrême et le gore. D’ailleurs, à sa façon, Ichi the Killer était également un enfant du cinéma de Shinya Tsukamoto, et comme Eli Roth, pour souligner la filiation ou le passage de relai, Miike avait invité le réalisateur de Tetsuo à jouer dans son film.

Avec le recul, il est même étonnant que ces échanges de politesse se fassent entre des cinéastes enchaînant à l’écran les horreurs et les séquences les plus violentes. Parce que si vous n’avez pas eu l’occasion de découvrir Ichi the Killer à la « grande époque » de Takashi Miike, croyez-nous sur parole si on vous affirme qu’il s’agit d’une expérience extrême, qui enquille avec une bonne dose de plaisir sadique les scènes de torture, de viols et de meurtres – voire même de carnages – qui font froid dans le dos. Prévoyez lunettes et matériel de protection, parce que ça va gicler ! Ichi the Killer est clairement un film provocateur, volontairement insoutenable – grotesque – dérangeant [rayez les mentions inutiles], à la manière d’une pièce du théâtre Grand-Guignol totalement dégénérée.

Cela dit, pris avec suffisamment de recul, Ichi the Killer s’avère plutôt amusant, et affiche une volonté de repousser toutes les limites, tout comme le manga d’Hideo Yamamoto dont il s’inspire d’ailleurs, et c’est ce qui a fait le succès du film depuis 20 ans et, plus largement, c’est ce qui a contribué à la renommée de Takashi Miike dans le petit monde du cinéma de genre. On sent bien dans la première partie du film que la volonté de Takashi Miike est de choquer, et le moins que l’on puisse dire est qu’il y concentre toute son énergie : en l’espace de quelques minutes, on aura droit à une scène de viol et une scène de torture, et tout est orchestré de façon à mettre le spectateur mal à l’aise, qu’il s’agisse de la photo ou des effets sonores pour le moins extravagants.

On l’a déjà rapidement dit en filigrane, mais au-delà de toute cette violence, il faut saluer la fidélité dont a fait preuve Takashi Miike vis à vis du manga original d’Hideo Yamamoto. Sans forcément chercher à reproduire les cases à l’identique à la façon de Robert Rodriguez sur Sin City, Takashi Miike fait honneur au travail abattu par le mangaka sur sa série, notamment en le créditant au poste de directeur photo. Cela n’a l’air de rien, mais au fil des années on a vu une poignée d’autres films adaptés de récits graphiques barrés et extrêmes (Faust, Wanted, Coq de Combat…), et au-delà des qualités de ces films, il nous faut admettre que Ichi the Killer est le seul pour lequel l’adaptation ne semble pas avoir été adoucie lors de son passage à l’écran, et reste fidèle aux excès et autres outrances du récit original. En conséquence, Ichi the Killer n’est certainement pas à mettre entre toutes les mains !

Le Coffret Blu-ray 4K Ultra HD

[5/5]

Éditeur indépendant faisant indéniablement partie des plus intéressants en France en termes de qualité et d’audace éditoriale, Carlotta Films a lancé au fil des années plusieurs collections au sein de son catalogue. Ainsi, parallèlement aux Éditions « Ultra Collector » consacrées à des films majeurs présentés dans des éditions luxueuses incluant le plus souvent un bouquin inédit, Carlotta a également développé la collection « Édition Prestige limitée », qui prend la forme de gros coffrets rigides contenant les films au format Blu-ray, Blu-ray 4K Ultra HD et/ou DVD ainsi qu’une sélection de Goodies – que l’éditeur nomme « Memorabilia », oh la la, attention m’sieurs dames – propres à fasciner les collectionneurs par leur classe et leur originalité.

Ichi the Killer vient donc d’intégrer la collection « Édition Prestige limitée » (#29), et s’impose de fait dans un gros coffret de type « luxe ». Proposé dans un tirage limité à 2000 exemplaires, le coffret contient donc non seulement le Blu-ray 4K Ultra HD et le Blu-ray du film mais également tout un tas de « goodies » réunis pour l’occasion : le programme japonais sorti à l’occasion de la sortie du film (44 pages), la reproduction d’un ticket de cinéma japonais, une planche de 8 autocollants et la traditionnelle affiche du film en 53×38cm. Comme toutes les affiches et les éditions du film à travers les, cette « Édition Prestige limitée » de Ichi the Killer nous propose un visuel basé sur le look spectaculaire de Tadanobu Asano, ce qui tend à entretenir un immense malentendu autour du film : en effet, Asano interprète le yakuza sado-masochiste Kakihara, et non Ichi le tueur, qui est incarné à l’écran par Nao Ômori.

Comme on pouvait s’y attendre de la part de Carlotta Films, cette édition Blu-ray 4K Ultra HD de Ichi the Killer enterre littéralement l’édition DVD du film sortie en 2006 chez Kubik Vidéo. Tiré d’une nouvelle restauration 4K approuvée par Takashi Miike lui-même, le master qui nous est proposé ici par l’éditeur impose un rendu absolument superbe. L’image est propre, le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma (16mm) a été respecté, les textures sont fines et les arrière-plans / la profondeur de champ semblent avoir bénéficié d’un soin tout particulier. L’étalonnage des couleurs est dominé par des couleurs vives (rouge, bleu) au rendu lumineux. Les contrastes tendent à varier un peu d’une séquence à l’autre, et manquent globalement un peu de punch. Côté son, Ichi the Killer est présenté en VO+VF et DTS-HD Master Audio 5.1 : les dialogues y sont restitués de façon claire et nette, la spatialisation est efficace et les Surrounds sont plutôt impressionnants, notamment sur les scènes d’action. Les deux versions audio (VF/VO) sont également disponibles en DTS-HD Master Audio 2.0, et dans les deux cas, le mixage nous offre une belle clarté, avec un bon équilibre entre les dialogues et la musique. Du très beau travail.

Du côté des suppléments, on se régalera tout d’abord d’un making of (30 minutes) qui nous propose un ensemble de moments volés sur le plateau, sur le tournage de différentes scènes à effets spéciaux. On entend Takashi Miike, les acteurs et l’équipe technique échanger quelques propos, et on notera l’enthousiasme du réalisateur quand il s’agit de diriger ses acteurs. On continuera ensuite avec une série d’entretiens, avec Takashi Miike (33 minutes), Alien Sun (15 minutes), Tadanobu Asano (10 minutes) et Shinya Tsukamoto (15 minutes). Tous y évoqueront le manga d’origine, le tournage ainsi que la violence du film. Enfin, on terminera avec un extrait du documentaire d’Yves Montmayeur sur Takashi Miike Electric Yakuza, go to Hell ! (10 minutes) qui revient sur les interprétations que l’on peut faire du film, notamment la lecture homo-érotique proposée par Alejandro Jodorowsky. On y évoque également l’influence du manga, sur ce film en particulier mais également sur l’œuvre de Miike en général.

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