Décès de l’acteur Gene Hackman

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L’acteur américain Gene Hackman est décédé à Santa Fe dans l’état du Nouveau-Mexique. Il était âgé de 95 ans. Le corps en état de décomposition de Hackman, ainsi que ceux de son épouse, la pianiste Betsy Arakawa, et de l’un de leurs chiens ont été trouvés hier après-midi à leur domicile par une patrouille de police, alertée par des agents d’entretien. Pendant plus de trente ans l’un des acteurs incontournables du cinéma américain, Gene Hackman avait interprété plus d’une dizaine de rôles mémorables.

Depuis Bonnie et Clyde de Arthur Penn jusqu’à La Famille Tenenbaum de Wes Anderson, en passant par French Connection de William Friedkin, L’Aventure du Poseidon de Ronald Neame, L’Épouvantail de Jerry Schatzberg, Conversation secrète de Francis Ford Coppola, Superman de Richard Donner, Under Fire de Roger Spottiswoode, Mississippi Burning de Alan Parker, Impitoyable de Clint Eastwood, ainsi que USS Alabama et Ennemi d’état de Tony Scott, l’acteur était aussi éclectique dans ses choix que brillant dans ses interprétations !

Après un passage chez les Marines après-guerre, Gene Hackman avait fait ses premiers pas de comédien au théâtre à Broadway et à la télévision. Ses premiers rôles, mineurs, au cinéma n’allaient pas tarder à arriver, à partir de Lilith de Robert Rossen en 1964, suivi par Hawaï de George Roy Hill, Pacte avec la mort de Lamont Johnson et Les Portes closes de Ron Winston. En 1967, il allait participer aux côtés de Warren Beatty et Faye Dunaway à son premier film majeur, l’épopée de gangster Bonnie et Clyde de Arthur Penn, qui avait servi de coup d’envoi officieux au Nouvel Hollywood.

Après ce premier succès d’estime pour le jeune acteur, la consécration définitive allait pourtant se faire attendre, puisque Hackman avait collaboré jusqu’à la fin de la décennie à des films tels que La Mutinerie de Buzz Kulik, Le Crime c’est notre business de Gordon Flemyng, Les Parachutistes arrivent de John Frankenheimer, La Descente infernale de Michael Ritchie et Les Naufragés de l’espace de John Sturges.

Les années ’70 avaient commencé de façon prometteuse pour Gene Hackman, grâce au drame familial Je n’ai jamais chanté pour mon père de Gil Cates. Or, après Les Charognards de Don Medford, c’est surtout le personnage de flic aux méthodes peu orthodoxes Jimmy Doyle dans French Connection de William Friedkin – Oscar du Meilleur Film en 1972 – qui allait asseoir la réputation internationale de l’acteur.

D’autant plus que, après Carnage de Michael Ritchie, Gene Hackman allait enchaîner coup sur coup trois rôles majeurs de son illustre carrière : celui du prêtre pris au piège dans un bateau de croisière retourné dans L’Aventure du Poseidon de Ronald Neame, celui du vagabond en compagnie de Al Pacino dans L’Épouvantail de Jerry Schatzberg – Palme d’or au Festival de Cannes en 1973 – et celui du spécialiste de la surveillance de plus en plus parano dans Conversation secrète de Francis Ford Coppola – Palme d’or au Festival de Cannes l’année suivante, en 1974 donc !

Forcément, après une telle suite d’œuvres passées à la postérité, la bonne étoile de Gene Hackman allait perdre de son éclat. Commence dès lors une première traversée du désert, malgré sa participation plutôt anecdotique à Frankenstein Junior de Mel Brooks, Un pont trop loin de Richard Attenborough et Superman de Richard Donner. Et surtout à cause de films globalement mal reçus, qui l’avaient vu collaborer entre autres avec John Frankenheimer (French Connection 2), Arthur Penn (La Fugue), Richard Brooks (La Chevauchée sauvage), Stanley Donen (Les Aventuriers du Lucky Lady), Stanley Kramer (La Théorie des dominos) et Dick Richards (Il était une fois la légion).

Malgré une légère embellie au début des années ’80, à travers Reds de Warren Beatty et Under Fire de Roger Spottiswoode, Gene Hackman faisait avant tout preuve d’endurance au cours de cette période ponctuée de films comme Retour vers l’enfer de Ted Kotcheff, Besoin d’amour de Jerry Schatzberg, Soleil d’automne de Bud Yorkin, Target de Arthur Penn, Le Grand défi de David Anspaugh, Power Les Coulisses du pouvoir de Sidney Lumet, l’improbable Superman 4 de Sidney J. Furie et Sens unique de Roger Donaldson.

Tout au moins, ses collaborations avec Woody Allen (Une autre femme), Alan Parker (Mississippi Burning) et Mike Nichols (Bons baisers d’Hollywood), pouvaient entretenir l’espoir que les ambitions artistiques de Gene Hackman étaient toujours intactes. Espoir amèrement déçu ensuite par Opération Crépuscule de Andrew Davis, Le Seul témoin de Peter Hyams et Affaire non classée de Michael Apted.

Non, l’ultime et plutôt durable renaissance de la carrière de Gene Hackman, nous la devons au chef-d’œuvre du western Impitoyable de Clint Eastwood – Oscar du Meilleur Film en 1993. Profitant amplement des retombées de ce rôle en or du shérif corrompu jusqu’à l’os, Hackman allait enchaîner les projets prestigieux sous la direction de Sydney Pollack (La Firme), Walter Hill (Geronimo), Lawrence Kasdan (Wyatt Earp), Sam Raimi (Mort ou vif), Tony Scott (USS Alabama et Ennemi d’état), Barry Sonnenfeld (Get Shorty), Mike Nichols (The Birdcage), Michael Apted (Mesure d’urgence), Clint Eastwood (Les Pleins pouvoirs), James Foley (L’Héritage de la haine), Robert Benton (L’Heure magique), Stephen Hopkins (Suspicion) et Gore Verbinski (Le Mexicain).

Après un dernier rôle majeur en tant que patriarche excentrique dans La Famille Tenenbaum de Wes Anderson en 2001, Gene Hackman avait effectué une poignée d’autres films sans envergure (Beautés empoisonnées de David Mirkin, Braquages de David Mamet, En territoire ennemi de John Moore et Le Maître du jeu de Gary Fleder), avant de prendre sa retraite amplement méritée trois ans plus tard avec Bienvenue à Mooseport de Donald Petrie.

Gene Hackman a été nommé à cinq reprises à l’Oscar, comme Meilleur acteur dans un second rôle pour Bonnie et Clyde, Je n’ai jamais chanté pour mon père et Impitoyable, ainsi que comme Meilleur acteur pour French Connection et Mississippi Burning. Il l’avait gagné en 1972 pour French Connection et en 1993 pour Impitoyable. Gene Hackman fait partie du club exclusif des acteurs ayant gagné dans ces deux catégories, aux côtés de Jack Lemmon, Robert De Niro, Jack Nicholson et Kevin Spacey. Il était le plus ancien des lauréats de l’Oscar du Meilleur acteur encore en vie, un honneur qui revient désormais à Jack Nicholson (Vol au dessus d’un nid de coucou).

Gene Hackman a gagné l’Ours d’argent du Meilleur acteur au Festival de Berlin en 1989 pour Mississippi Burning. Il avait été trois fois victorieux auprès du National Board of Review (French Connection, Conversation secrète et Mississippi Burning) et de la National Society of Film Critics (Bonnie et Clyde, Impitoyable et La Famille Tenenbaum). Les critiques de New York l’avaient récompensé à deux reprises pour ses rôles oscarisés, ainsi que ceux de Los Angeles une seule fois pour Impitoyable. Hackman avait été nommé au Screen Actors Guild Award du Meilleur ensemble de manière consécutive, en 1996 et ’97, pour Get Shorty et The Birdcage et l’avait gagné pour ce dernier.