Test Blu-ray : Mother Land

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Mother Land

États-Unis : 2024
Titre original : Never Let Go
Réalisation : Alexandre Aja
Scénario : KC Coughlin, Ryan Grassby
Acteurs : Halle Berry, Anthony B. Jenkins, Percy Daggs IV
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Genre : Fantastique
Durée : 1h42
Date de sortie cinéma : 25 Septembre 2024
Date de sortie DVD/BR : 13 février 2025

June protège ses deux garçons après la fin du monde en les confinant dans une maison isolée au cœur d’une forêt ténébreuse. Ils cherchent de quoi survivre dans la forêt, constamment reliés à la maison par une corde. Car, à en croire leur mère, la cabane serait le seul endroit où la famille est à l’abri du « Mal » qui règne dorénavant et des étranges créatures qui hantent cette terre désolée…

Le film

[3,5/5]

Jusqu’il n’y a pas si longtemps, le réalisateur français Alexandre Aja était considéré comme le petit prodige de l’hexagone, et une des valeurs les plus sures qui soient en matière de cinéma fantastique. 500.000 entrées pour La Colline a des yeux en 2006, 600.000 pour Mirrors en 2008, 640.000 pour son Piranha 3D en 2010… Ces quinze dernières années ont été un peu plus difficiles cela dit : les projets s’espacent davantage, de même que les sorties en salles. Son dernier film en date, Mother Land, est sorti en France à l’automne dernier, et a enregistré un peu moins de 114.000 entrées : un résultat honorable si on prend en considération le fait qu’il n’était distribué que sur 215 copies.

Mother Land emmène le spectateur au cœur d’un monde post-apocalyptique qui rappellera beaucoup, dans sa mise en place, des films fantastiques tels que Sans un bruit et Bird Box, tous deux sortis en 2018. On y suivra trois personnages : June, alias Momma (interprétée par une Halle Berry absolument flippante) et ses deux fils, les jumeaux Nolan (Percy Daggs IV) et Samuel (Anthony B. Jenkins). Ceux-ci vivent terrés dans une cabane dans les bois, dont ils ne sortent que pour aller chasser pour se nourrir. Dans l’univers post-apo décrit par le film, nos trois personnages ne peuvent quitter la sécurité de leur foyer qu’en restant attachés à des cordes reliées à la maison, car lorsqu’ils s’aventurent à l’extérieur, ils sont menacés par ce que Momma appelle « le Mal », une sorte de force malveillante prenant la forme de simili-zombies rôdant dans la forêt, et qui n’attendent que de toucher quelqu’un pour le posséder.

Il va sans dire que symboliquement, ces cordes que s’accrochent les deux enfants autour de la taille s’apparentent à une espèce de cordon ombilical les rattachant à leur mère, et que toute la narration de Mother Land sera centrée sur l’idée de, comme le dit l’expression, « couper le cordon », afin de s’affranchir de l’emprise maternelle – le tout étant également saupoudré d’une bonne poignée de complexe d’Œdipe du côté de Samuel. Le scénario de KC Coughlin et Ryan Grassby est globalement solide et riche en rebondissements, mais malheureusement, il tend à abattre ses cartes un poil trop rapidement. En effet, la rivalité entre les deux frères pousse assez rapidement Nolan à mettre en doute tout ce que leur mère leur a raconté sur « le Mal », et de ce fait, le public, qui ignore tout d’abord si les visions d’Halle Berry sont réelles ou s’il s’agit simplement des projections d’un esprit dérangé, ne tardera pas à prévoir non seulement le premier « twist » à venir, mais également le « contre-twist » qui débarquera un peu plus tard.

Pour autant, Mother Land n’en demeure pas moins un excellent petit film fantastique, visuellement époustouflant et réalisé avec classe et élégance. Ainsi, si ses enjeux narratifs sont rapidement éventés, Alexandre Aja n’a pas perdu la main, et reste un excellent metteur en scène, doté d’un sens du suspense et de l’image absolument remarquables. C’est d’autant plus manifeste qu’il est ici « en famille », secondé par ses complices de toujours : Grégory Levasseur au poste de réalisateur de deuxième équipe, Maxime Alexandre à celui de directeur photo. Le film joue la carte de l’atmosphère, de l’ambiance bien oppressante, et en plus d’offrir à Halle Berry un rôle fort, assez effrayant dans son genre, il permet à Alexandre Aja de nous livrer une nouvelle preuve de son indéniable savoir-faire technique. Un bon moment !

Le Blu-ray

[4,5/5]

Impossible de passer à côté d’une telle évidence : le Blu-ray de Mother Land édité par Metropolitan Vidéo fait vraiment figure de galette de démonstration, côté image comme côté son. L’image est d’une précision et d’une limpidité extraordinaire, les couleurs en envoient plein les mirettes, et les contrastes sont d’une solidité à toute épreuve. La définition est purement et simplement irréprochable, le piqué d’une précision à couper le souffle, on est vraiment en présence d’un Blu-ray somptueux. Il y a vraiment de quoi applaudir l’éditeur à deux mains. Immersives et puissantes, les deux pistes sonores (VF/VO) mixées en DTS-HD Master Audio 5.1 font également honneur à l’ampleur et l’ambition visuelle du film d’Alexandre Aja. Les ambiances sont restituées de façon impressionnante, et l’ensemble impose un dynamisme et une force tout simplement bluffants. Du très beau travail !

La section suppléments n’est pas en reste, puisqu’on y trouvera, avant toute chose, un passionnant entretien avec Alexandre Aja (46 minutes). Il commencera à relier Mother Land au reste de sa filmographie en soumettant l’idée de huis-clos « repoussé », étendu, qui colle à beaucoup de ses films. Il reviendra ensuite sur la genèse du projet, qu’il considère comme beaucoup moins commercial par rapport au film de requin qu’il était en train de préparer. Il évoquera le scénario de KC Coughlin et Ryan Grassby, son ambiance à la Sans un bruit / Bird Box qui a attiré les producteurs, ainsi que les modifications qu’il a apporté au script de base, seulement créditées en tant que « matériel additionnel » dans le générique puisqu’il a modifié moins de 50% du scénario. Il se réjouira de l’arrivée de Halle Berry sur le film, précisant qu’elle est venue d’elle-même au projet alors qu’il n’avait même pas réussi à obtenir une lecture de sa part pour le film de requin qu’il était en train de préparer jusque-là. Il soulignera la qualité du scénario, qu’il trouve « beau dans son absence d’éléments de réponse » et dans ses ellipses narratives. Pour autant, il nous révélera avoir travaillé sur le plateau avec ses acteurs en créant toute un background autour des personnages des parents d’Halle Berry, puis autour de celui de June / Momma. Il soulignera que la forêt est le véritable « quatrième personnage » du récit, à la fois luxuriante et morte, reviendra sur l’importance du montage et de la musique, et révélera que son influence consciente la plus nette était celle d’Onibaba (Kaneto Shindō, 1964), la vieille femme au masque de Nô se rapprochant du personnage de Momma.

Le reste des bonus sera composé de featurettes un peu plus consensuelles, mais relativement complètes : on commencera avec un making of (12 minutes) qui alterne de façon extrêmement carrée les interviews et les moments volés sur le tournage. On continuera ensuite avec une featurette consacrée à la conception de la maison (7 minutes), qui s’attardera davantage sur le Production Design du film, puis avec une autre dédiée à la gloire d’Alexandre Aja et de Halle Berry (7 minutes), qui reçoivent des compliments de toute l’équipe. On terminera enfin avec une sélection de scènes coupées (7 minutes), parfois présentées avec des effets spéciaux non finalisés, et dans lesquelles le motif du serpent revient à nouveau. On terminera avec les traditionnelles bandes-annonces.

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