Le mohican
France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Frédéric Farrucci
Scénario : Frédéric Farrucci
Interprètes : Alexis Manenti, Mara Taquin, Théo Frimigacci
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h27
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie : 12 février 2025
3/5
Synopsis : En plein cœur de l’été, Joseph, l’un des derniers bergers du littoral corse, voit son terrain convoité par le milieu pour un projet immobilier. Il refuse de céder. Cela signerait la fin d’un monde. Quand il tue accidentellement l’homme venu l’intimider, il est forcé de prendre la fuite et devient la proie d’une traque sans répit du sud au nord de l’île. Portée par sa nièce Vannina, la légende de Joseph, incarnant une résistance réputée impossible, grandit au fil des jours et se propage dans toute la Corse…
Un western corse
En 2017, FR3 Corse avait diffusé Via di Vita, une série documentaire de 11 court-métrages d’une durée de 26 minutes chacun sur la vie contemporaine des corses. Deux de ces court-métrages avaient été réalisés par Frédéric Farrucci : l’un consacré à Marc Memmi, vétérinaire et berger suivi lors d’une journée ordinaire de vaccinations et de soins, l’autre consacré à Joseph Terrazzoni, un éleveur installé sur la presqu’ile de Santa Manza. Ce dernier avait part au réalisateur des très grandes difficultés qu’il rencontrait pour conserver sa terre face aux projets immobiliers qui envahissent petit à petit le littoral. Cette conversation a inspiré à Frédéric Farrucci la réalisation de Le mohican, un thriller dont le titre fait référence au livre, « Le dernier des mohicans » de James Fenimore Cooper et que son réalisateur a délibérément placé entre le western et le fil de traque. Le mohican, c’est Joseph, un berger à la tête d’un troupeau de chèvres d’une centaine de têtes, un berger à qui un représentant de la mafia locale, « des gens à qui on ne doit pas dire non », propose 300 000 euros pour l’acquisition du terrain qu’il possède. Comme le synopsis officiel du film n’hésite pas à vendre la mèche en en racontant beaucoup sur ce qui se passe ensuite, pas besoin de trop en rajouter. On se contentera donc de dire qu’on suit avec beaucoup d’intérêt la traque haletante dont Joseph est l’objet et la sympathie grandissante qu’elle suscite dans la population insulaire. Une sympathie entretenue par Vannina, la nièce de Joseph, très active sur les réseaux sociaux pour entretenir courageusement la légende de son oncle et qui, bien qu’ayant été élevée à Paris, s’avère tout à fait capable de s’occuper d’un troupeau de chèvres.
Sinon, il parait utile de faire part de quelques faits qu’on apprend au travers du film : qu’en Corse, le prix d’un terrain constructible est 42 fois plus élevé que celui d’un terrain non constructible ; que, dans le temps, dans le cadre des héritages, les terrains du bord de mer, c’était pour les filles car ils n’avaient que peu de valeur. Le mohican est le deuxième long métrage de cinéma tourné par Frédéric Farrucci. Le premier, La nuit venue, se déroulait au sein de la mafia chinoise de Paris. Sans doute sensible au fait que la Corse, avec, en 2024, les sorties de A son image, de Le royaume et de Borgo, est manifestement devenue une terre de cinéma, le réalisateur est revenu dans son île de naissance pour s’intéresser cette fois-ci à la mafia locale. Quand on voit la beauté des paysages magnifiquement filmés par Jeanne Lapoirie, la directrice de la photographie, on s’étonne d’ailleurs que ce département ait été, jusqu’à présent, si peu utilisé par le cinéma français. Interprète du rôle de Joseph, Alexis Manenti prouve à nouveau, après Le ravissement et Karmapolice, ses très grandes qualités de comédien. On peut en dire de même de Mara Taquin, l’interprète de Vannina, qu’on avait découverte auprès de Fabrice Luchini dans La petite. Malgré quelques petites faiblesses dans la mise en scène et dans la conduite du récit, Le mohican est un film qui mérite d’être vu, à la fois par son côté politique, par le suspens généré par la situation de Joseph, par son interprétation et, bien sûr, par la beauté des paysages corses.
