Test Blu-ray : O Cangaceiro

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O Cangaceiro

Italie, Espagne : 1969
Titre original : –
Réalisation : Giovanni Fago
Scénario : Rafael Romero Marchent
Acteurs : Tomás Milián, Ugo Pagliai, Eduardo Fajardo
Éditeur : Elephant Films
Durée : 1h31
Genre : Western
Date de sortie cinéma : 19 juin 1970
Date de sortie DVD/BR : 7 janvier 2025

L’armée brésilienne assassine tout un village pour se débarrasser des Cangaceiros, bandits qui dominent la région du sertão au Nordeste. Le jeune Espedito, sauvé par un ermite, échappe au massacre de manière miraculeuse. Il prend le nom du « rédempteur » et entame une vengeance sanglante, qui se heurte aux intérêts financiers d’investisseurs pétroliers européens, bien décidés à mettre fin à la croisade du roi du Cangaço…

Le film

[4/5]

Si le nom de Giovanni Fago ne fait pas partie de ceux qui ont marqué de la façon la plus indélébile le Western Spaghetti, il nous faut tout de même noter que ses trois premiers films appartenaient au genre. Ainsi, ses deux premiers films, Le Jour de la haine (1967), avec Gianni Garko, et Los Machos (1968), avec George Hilton s’avèrent encore de nos jours tout à fait sympathiques, mais nous proposaient des histoires de vengeance très classiques, avec tous les éléments typiques du genre. De fait, c’est surtout grâce à O Cangaceiro (1969), sa troisième incursion dans le petit monde du western, que l’on retiendrait son nom, parce que le film nous proposait un scénario et un contexte plus originaux – la pérennité du film étant peut-être aussi bien entendu liée à la prestation haute en couleurs de l’excellent Tomás Milián.

Comme son titre l’indique, O Cangaceiro se déroule au Brésil ; pour ceux qui l’ignoreraient, le film de Giovanni Fago est le remake du film brésilien Sans peur, sans pitié, signé Lima Barreto et sorti sur les écrans en 1953. Même s’il ne traite pas directement de la révolution mexicaine, on peut apparenter le film au genre du Western Zapata, une sous-catégorie politisée du Western Spaghetti : dans l’histoire sud-américaine, ceux que l’on appelait les Cangaceiros étaient des hors-la-loi en révolte contre la domination des propriétaires terriens et le gouvernement, errant dans les grandes étendues du Nord-Est du Brésil à la recherche d’argent et de nourriture. Pour interpréter son personnage de hors-la-loi, Giovanni Fago a choisi un natif de Cuba, Tomás Milián, de sorte que celui-ci puisse s’avérer crédible dans la peau du héros du film, Espedito.

Au début de O Cangaceiro, Espedito, blessé par balle lors d’un raid de l’armée dans son village natal, sera retrouvé et soigné par un ermite très pieux, qui l’impressionne et l’influence avec son babillage religieux. Il décide alors de parcourir la région en prêchant la parole sacrée, et en appelant à la lutte et à la rébellion. Après avoir été arrêté par l’armée, il deviendra de plus en plus radical et se transformera en Cangaço. Après s’être évadé de prison, il formera une bande qui sèmera rapidement la terreur dans la région. Mais Espedito, qui se fait désormais appeler « Le Rédempteur », gêne le gouverneur Branco (Eduardo Fajardo), d’autant qu’on vient de découvrir dans le secteur un gisement de pétrole qui pourrait rapporter beaucoup d’argent. Avec l’aide d’un chercheur de pétrole hollandais (Ugo Pagliai), le gouverneur essaie de rallier Espedito à sa cause et d’éliminer ainsi les autres bandes de Cangaceiros. Se laissant dans un premier temps embrigader par les belles paroles du gouverneur, Espedito se rendra finalement qu’il a été manipulé, et se retournera contre Branco…

En dépit de quelques maladresses, notamment liées à la multiplication de sous-intrigues parfois abandonnées en cours de route, O Cangaceiro s’avère un sacré morceau de péloche, jouant régulièrement la carte du grand spectacle, et s’avérant autant porté par la sublime photo d’Alejandro Ulloa que par la musique de Riz Ortolani. L’image de Tomás Milián prêchant dans le désert avec une croix et une machette et tentant de transformer la parole de Dieu en tirades révolutionnaires a quelque-chose de profondément jouissif, de même que la critique sociale férocement distillée tout au long du film. Un excellent moment !

Le Blu-ray

[4/5]

Sorti au format DVD dans la collection « Les Introuvables » de Wild Side en 2009, O Cangaceiro était en l’espace d’une quinzaine d’années redevenu à peu près introuvable en vidéo. C’était sans compter sur Elephant Films, qui nous permet aujourd’hui de revoir le film de Giovanni Fago en Haute-Définition : le film est disponible depuis le 7 janvier au cœur de la bien nommée « Vendetta Collezione », une collection qui, comme son nom l’indique, est entièrement dédiée au western spaghetti. Côté Blu-ray, le master est tout à fait convaincant : on est en effet en présence d’une copie solide, lumineuse et propre, aux contrastes soignés et à la colorimétrie impeccable. Le niveau de détail est d’une belle précision et le grain argentique a été préservé. Malheureusement cela dit, le film nous est proposé en 1080i. Côté son, nous aurons droit à deux mixages en DTS-HD Master Audio 2.0 (version italienne / version française), et dans les deux cas, l’ensemble est relativement stable et équilibré.

Dans la section suppléments, en plus des traditionnelles bandes-annonces des films de la collection, on trouvera tout d’abord une présentation du film par Gérald Duchaussoy (21 minutes). Il y reviendra sur le fait que O Cangaceiro est le remake d’un film considéré comme une pierre angulaire du cinéma brésilien, et sur le fait qu’il mette en scène un bandit et non un cow-boy vertueux. Il évoquera également un film en lien avec son temps (1968, révolte de société) et reviendra sur la personnalité de Tomás Milián, « le Jack Nicholson du Bis » ou un ogre qui va tout manger à l’écran, et qui submerge un peu Giovanni Fago de sa présence. Il notera également l’importance de la musique de Riz Ortolani, qui permet un dialogue avec le film original. On terminera le tour des suppléments avec une scène coupée (2 minutes) mettant en scène un dialogue entre Espedito et l’ermite.

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