Test Blu-ray : Quand vient l’automne

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Quand vient l’automne

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : François Ozon
Scénario : François Ozon, Philippe Piazzo
Acteurs : Hélène Vincent, Josiane Balasko, Ludivine Sagnier
Éditeur : Diaphana
Durée : 1h44
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 2 octobre 2024
Date de sortie DVD/BR : 4 février 2025

Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. A la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu…

Le film

[3,5/5]

« Avec le prolifique Ozon, on ne sait jamais à quel genre de film on va être confronté ! Un an après Mon crime, adaptation pleine d’ironie d’un vaudeville de 1934 dont la réalisation faisait penser à certains films de Woody Allen et aux téléfilms de la série Les petits meurtres d’Agatha Christie, Ozon nous emmène en Bourgogne pour un film d’atmosphère au dessus duquel plane l’ombre de Simenon.

Un polar familial

Quand un réalisateur prend le plus grand soin à ne révéler que petit à petit le passé de ses personnages principaux et affiche avec force, en utilisant des ellipses, son refus de montrer certaines scènes importantes du polar familial qu’il raconte, il serait du plus mauvais goût de mettre les pieds dans le plat et de trop « divulgacher » ce qui, pour beaucoup, représente l’attrait principal de Quand vient l’automne. Toutefois, ce film est suffisamment riche pour permettre d’en dire beaucoup sans en dire trop ! Le début du film nous amène auprès de Michelle, une octogénaire qui mène une vie très calme à Donzy, une bourgade de la Nièvre. Dans le futur proche, l’événement le plus important pour elle, c’est l’arrivée de Valérie, sa fille, et, surtout, de Lucas, son petit-fils adoré, qui viennent tous les deux passer chez elle les vacances de la Toussaint. (…) Comme c’est l’automne, Michelle et Marie-Claude vont cueillir des champignons dans la forêt voisine. Michelle n’y connaît rien en matière de champignon et, de temps en temps mais pas toujours, elle demande à Marie-Claude de la rassurer sur le côté comestible des champignons qu’elle ramasse. En rentrant, pourquoi ne pas préparer une bonne poêlée avec ces champignons afin de régaler Valérie et Lucas dès leur arrivée ? Eh bien voilà, nous arrivons au moment où le film prend une autre direction et oblige le chroniqueur à se montrer très prudent afin de ne pas gâcher le plaisir de la découverte progressive aux futurs spectateurs. (…)

L’Art de la dissimulation

Avec le temps, François Ozon s’est assagi mais cela ne l’empêche pas de se montrer gentiment amoral dans Quand vient l’automne. Toutefois, ce qu’on retient surtout dans ce film c’est l’art de la dissimulation dont son réalisateur fait preuve. (…) En fait, François Ozon aime beaucoup laisser au spectateur la liberté de se faire son propre film et, de ce point de vue, une des ellipses qu’il utilise (vous comprendrez très bien de laquelle il s’agit lorsque vous verrez le film et ce, d’autant plus si vous savez que la scène se déroule sur le balcon d’un appartement parisien) s’avère très riche en questionnements. Par ailleurs, chacun est libre d’estimer que des conversations importantes ne nous sont pas racontées, des conversations qui, si elles ont existé, peuvent changer complètement la perception qu’on a des personnages. Il est probable que, pour certains, Ozon est allé trop loin dans son choix de laisser au spectateur la possibilité d’écrire son propre scénario à partir de ce qui lui est proposé. Pour les autres, sans doute les plus nombreux, le fait de ne pas être cantonné au rôle passif habituellement dévolu aux spectateurs contribuera au plaisir rencontré à la vision de ce film.

Un carnet d’adresses fort utile

Avec la quarantaine de films qu’il a réalisée, François Ozon possède un carnet d’adresses très rempli en matière de comédiens et de comédiennes ayant déjà tourné avec lui. C’est dans ce carnet d’adresses qu’il est allé puiser pour l’interprétation de la plupart des rôles de Quand vient l’automne. C’est avec un immense plaisir qu’on retrouve en tête d’affiche une grande dame du cinéma français, Hélène Vincent, l’interprète de Michelle. Elle a très exactement l’âge de son rôle et elle n’a pas besoin de charger son jeu pour apporter la part de mystère que ce rôle nécessite. Son amie Marie-Claude est interprétée par une Josiane Balasko d’une très grande justesse. Toutes deux étaient présentes il y a 5 ans dans Grâce à dieu, dans des rôles plus secondaires. C’est également dans Grâce à dieu que Pierre Lottin avait déjà travaillé avec François Ozon. Il est parfait dans le rôle ambigu de Vincent. Ozon n’avait plus travaillé avec Ludivine Sagnier depuis Swimming pool, il y a 21 ans. Sa beauté faussement fragile et son jeu plein d’aplomb donnent beaucoup de force au rôle peu sympathique de Valérie. Ludivine Sagnier partageait l’affiche avec Malik Zidi dans Gouttes d’eau sur Pierres brûlantes. Elle le retrouve ici interprétant le rôle de Laurent, son mari avec qui elle est en cours de divorce. (…)

Film après film, au rythme assez régulier d’un film par an, François Ozon continue d’être une figure importante du cinéma hexagonal. Remarquablement interprété, plein de non-dits et de « non montrés », Quand vient l’automne fait partie des œuvres les plus réussies de son réalisateur. »

Extrait de la critique de notre chroniqueur Jean-Jacques Corrio. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le Blu-ray

[4/5]

C’est Diaphana nous propose aujourd’hui de (re)découvrir Quand vient l’automne au format Blu-ray, suite au petit succès rencontré par le film en salles (674.000 entrées). La galette Haute-Définition du film est extrêmement solide, et fait vraiment honneur aux plans conçus par François Ozon et son chef op’ Jérôme Alméras. La définition est optimale, les couleurs superbes, en 1080p naturellement, bref c’est un travail éditorial superbe, même si l’on repère un très léger effet de « banding » horizontal sur les scènes les plus sombres. Côté son, l’éditeur nous propose un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 très immersif, et plutôt dynamique dans son genre, même si bien-sûr le film en lui-même n’appelle pas à la démonstration technique. On notera également que Diaphana n’oublie pas les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema, puisque l’éditeur nous propose également un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 plus cohérent si vous visionnez Quand vient l’automne sur un « simple » téléviseur.

Du côté des suppléments, on commencera par un entretien avec François Ozon (6 minutes), qui permettra au cinéaste de revenir, entre autres, sur la genèse de son film : après Mon crime, un film tourné en studio avec deux jeunes actrices, il souhaitait ainsi tourner dans la nature, avec deux actrices plus âgées. On continuera avec un entretien avec Ludivine Sagnier (5 minutes), dans lequel l’actrice évoquera la narration du film, traitée en écho avec l’automne – la saison bien sûr, mais également l’automne de la vie. Elle évoquera également les ellipses dans le passé des personnages – un élément qui sera également au cœur de l’entretien avec Hélène Vincent & Josiane Balasko (6 minutes) dans lequel les deux actrices remplissent les « trous » dans l’histoire de leurs personnages. On poursuivra ensuite avec une poignée de scènes coupées (8 minutes), pour l’essentiel des déplacements dans le cadre qui ralentissaient peut-être le rythme général du film, ainsi qu’avec un amusant bêtisier (10 minutes). On s’arrêtera également rapidement sur les essais de costumes, coiffures et maquillages (6 minutes) ainsi que sur un montage nous donnant à découvrir de nombreux projets d’affiches (2 minutes). Enfin, en plus de la traditionnelle bande-annonce, on terminera avec le clip de la chanson « Le Large » de Françoise Hardy, réalisé par François Ozon.

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