Critique : Fenêtre sur cour

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Fenêtre sur cour

USA – 1955
Réalisateur: Alfred Hitchcock
Scénariste: John Michael Hayes
Casting: James Stewart ; Grace Kelly
Distributeur: Carlotta Films
Genre : Thriller
Durée : 1h52 min
A la Cinematek de Bruxelles le dimanche 26 janvier et le jeudi 30 janvier

4/5

Formidable opportunité que de (re)voir les films d’Hitchcock jusqu’à la fin février à l’occasion de la rétrospective chronologique que lui accorde la CINEMATEK. Les petits jeux pervers du vieux farceur anglais dynamitent joyeusement le classicisme et la bien pensance sur grand écran.

Synopsis : À cause d’une jambe cassée, le reporter-photographe L. B. Jeffries est contraint de rester chez lui dans un fauteuil roulant. Homme d’action et amateur d’aventure, il s’aperçoit qu’il peut tirer parti de son immobilité forcée en étudiant le comportement des habitants de l’immeuble qu’il occupe dans Greenwich Village.

Je vous écris ces lignes alors que le train fait escale en 1954, pour Fenêtre sur cour. En ces années légendaires du Cinéma,  le code d’autocensure des films américains s’assouplit un petit peu, une Nouvelle-Vague déferle sur la France et James Stewart, un journaliste paralysé sur une chaise roulante, regarde à travers la fenêtre dans l’espoir d’une aventure.

Le film semble nous mettre au défi de détourner notre regard de ce qui se passe chez nos voisins. C’est si tentant, pourtant, de deviner les histoires cachées derrière les apparences de leur quotidien. Pour avoir joué ce petit jeu, quitte à rejeter l’attention de Grace Kelly (à qui on a envie d’hurler qu’elle a sans doute mieux à faire), ce bon vieux James Stewart verra sa curiosité torturée dans une délicieuse danse de mise en scène. On pourrait prendre cette condamnation pour un avertissement, si l’aventure n’était pas si ludique.

Après l’horreur de la guerre, les années 50 sont teintées d’une odeur de sapin et de perte de sens. Hitchcock nous montre que ce ne sont plus nos actions qui façonnent le monde. Cette réalisation vient avec un nouveau challenge, celui de survivre à ce nouveau monde absurde dont on ne mesure les risques que trop tard.

A la fin du film, alors que le couple reprend ses petites habitudes quotidiennes, il semblerait que tout soit revenu à la normale. Pourtant, tout a changé. 15 ans avant le nouvel hollywood, le terrain était déjà prêt.

Conclusion

Jusqu’à la fin février donc à la CINEMATEK, se déploie le dernier tiers de la filmographie de ce bon Alfred, recouverte par l’ombre de plus en plus grande de ce trouble, ce dérèglement de la modernité qui amuse et excite. Chez lui, la violence est un moyen du trouble, jamais une fin en soi. Comme à la fin de Dial M for Murder où victime survivante, assassin manqué et inspecteur de police conviennent qu’après toutes ces émotions, ils ont bien besoin d’un verre!

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