Test Blu-ray 4K Ultra HD : I Spit on Your Grave – Édition Limitée Cult’Edition

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I Spit on Your Grave

États-Unis : 1978
Titre original : Day of the Woman
Réalisation : Meir Zarchi
Scénario : Meir Zarchi
Acteurs : Camille Keaton, Eron Tabor, Richard Pace
Éditeur : ESC Éditions
Genre : Horreur
Durée : 1h41
Date de sortie cinéma : 8 avril 1981
Date de sortie DVD/BR/4K : 8 janvier 2025

Journaliste à New York, Jennifer s’installe seule dans une maison isolée à la campagne. En quête de calme, elle se lance dans l’écriture de son premier roman. Jeune et belle, elle attire aussitôt l’attention de quatre hommes. Menés par John, un garagiste, ils lui tendent un piège et l’entraînent dans un coin de forêt, la violent, la battent sauvagement… Convaincus que Jennifer a succombé au calvaire, ils abandonnent son corps. Mais Jennifer vit toujours, blessée, traumatisée et désormais motivée par une seule pensée : la vengeance. À ses agresseurs, elle fait payer le prix fort à leur acte barbare, méthodiquement, avec une cruauté et une volonté dont elle ne se croyait pas capable…

Le film

[3/5]

Sorti en France en 1981 sous le titre Œil pour œil, ainsi qu’en Belgique sous le titre La Vengeance de la femme violée, le film de Meir Zarchi s’est surtout fait connaître durant les deux décennies suivantes sous les titres anglais I Spit on Your Grave et Day of the Woman.1 De nos jours, on peut même affirmer que contre toute attente, le film a atteint un statut de véritable classique, au même titre que le premier film de Wes Craven, le crapoteux La Dernière maison sur la gauche. La référence au film de Craven n’est pas innocente, dans le sens où le film de Meir Zarchi s’en inspire énormément. Film d’exploitation sans complexe, I Spit on Your Grave appartient au genre du rape and revenge, sous genre du film d’auto-défense ou vigilante movie. Par conséquent, et comme tous les films appartenant à ce genre en particulier, le film s’impose également de lui-même comme une espèce de « conte moral » tordu et viscéral.

Le titre belge de I Spit on Your Grave avait la qualité d’être tout à fait pragmatique : quand vous entriez dans une salle de cinéma au début des années 80 afin de voir La Vengeance de la femme violée, le fait est que vous n’étiez pas trompé sur la marchandise. La prémisse du film est simple : une jeune écrivaine new-yorkaise nommée Jennifer (Camille Keaton) part en vacances dans le Connecticut, où elle espère trouver le calme et l’inspiration. Au lieu de cela, elle ne tardera pas à se faire violer sauvagement par quatre rednecks, dont un handicapé mental. Après cet événement aussi abject que dramatique, la deuxième partie du film suivra la vengeance de la jeune femme, détaillant le châtiment bien mérité de chacun de ses agresseurs. Rien de plus, rien de moins : ainsi, à sa manière, le titre belge marquait tout à la fois les qualités et les limites du film de Meir Zarchi.

De fait, on reconnaîtra d’entrée de jeu que formellement, I Spit on Your Grave ressemble, au mieux, à une production « redneck » à la Wes Craven, à la Deranged ou à la Mother’s Day, ou au pire à une série B horrifique indépendante typique des 70’s. Meir Zarchi tourne à l’économie, sans chichi, ne recherche pas l’esthétisme, et le film dégage, tout au long de son intrigue, une impression de petit budget, qui s’avère encore renforcé par l’absence de « fignolage » et le montage effectué de façon désespérément plate. Par conséquent, on ne pourra nier le fait que l’unique intérêt de I Spit on Your Grave réside dans les « séquences-choc » que l’intrigue va orchestrer, d’abord durant la séquence de viol proprement dite, puis au fil de la vengeance sanglante de l’héroïne. Et si cela implique forcément que le spectateur va probablement, consciemment ou pas, envisager le film de Zarchi de la même façon qu’il envisagerait un film porno, c’est pourtant bel et bien sa brutalité qui permet au film de surmonter ses lacunes techniques.

Ainsi, on admettra de bonne grâce que la plupart des points négatifs de I Spit on Your Grave – même le jeu des acteurs, qui va de très moyen à carrément mauvais – s’effacent au fur et à mesure que le film avance, en partie grâce au contexte dans lequel se déroule le récit, mais également en partie grâce au côté « viscéral » de l’histoire et des thématiques du film. On voit bien mal en effet comment on ne pourrait pas être de tout cœur aux côtés de l’héroïne, une femme ordinaire et sans prétention qui devient la victime gratuite d’un crime abject, et comment ne pas admirer son stoïcisme et sa détermination sans faille dans la seconde partie du film. Confiante et sans remords, elle assouvira sa vengeance sans le moindre cas de conscience, et mettra fin à la vie de ceux qui ont changé la sienne à tout jamais.

Bien sûr, certains spectateurs pourront se sentir vaguement mal à l’aise à l’idée d’applaudir la mise à mort brutale et grotesque de quatre êtres humains, mais il s’agit là de l’éternel dilemme moral lié au Vigilante movie, et par extension au Rape and revenge. Pour autant, ni ces réserves morales, ni la médiocrité formelle du film n’ont empêché I Spit on Your Grave de devenir une espèce de classique dans son genre. Par conséquent, comment est-il possible d’en livrer un examen critique équilibré ? Car par bien des aspects, le film de Meir Zarchi est très mauvais. Mais la scène de viol au centre du film, prolongée au-delà de toute limite raisonnable, conserve un impact certain, déchirant. Elle conservera d’ailleurs suffisamment d’emprise sur le spectateur pour déterminer la suite du film, et pour orienter le ressenti du spectateur à chaque goutte de sang versée par Jennifer dans sa quête de vengeance. Néanmoins, dans sa partie « vengeance », I Spit on Your Grave accuse également un peu le poids des années, avec des effets certes sanglants, mais pour la plupart ni très réussis ni très crédibles, même si la scène de castration pourra encore faire frémir les spectateurs masculins.

Pour les amateurs de vengeances barbares de plus en plus trash et décalées ne se satisfaisant pas des mises à mort un peu datées du film original, on notera que le film de Meir Zarchi a connu un reboot plutôt réussi en 2010. Également intitulé I Spit on Your Grave, le film était réalisé par Steven R. Monroe et mettait en scène Sarah Butler. Suite au succès du film en vidéo, Monroe remettrait le couvert en 2013 avec I Spit on Your Grave 2, qui ne suivrait plus le calvaire de Jennifer mais d’une autre jeune fille nommée Katie, et interprétée par Jemma Dallender. Deux ans plus tard, en 2015, une deuxième suite verrait le jour : I Spit on Your Grave 3. Réalisé par R. D. Braunstein, le film suivrait le personnage de Jennifer, à nouveau incarnée à l’écran par Sarah Butler, dans sa croisade contre les violeurs dans la ville de Los Angeles. Enfin, en 2019, Meir Zarchi reprendrait les rennes de sa saga avec I Spit on Your Grave : Deja Vu. Pour son troisième film en l’espace de quarante ans, il nous livrerait une suite du film de 1978, à nouveau avec Camille Keaton dans le rôle de Jennifer : celle-ci se verrait kidnappée avec Christy, sa fille d’une trentaine d’années (Jamie Bernadette), par les familles de ses agresseurs, bien décidées à se venger. On notera par ailleurs que ce film, toujours inédit en France, affiche une durée assez étonnante de 148 minutes, et laisse donc présager une véritable fresque vengeresse !

Le Combo Blu-ray 4K Ultra HD + 2 Blu-ray + Livre + Goodies

[5/5]

I Spit on Your Grave débarque donc aujourd’hui sur support Blu-ray 4K Ultra HD grâce à ESC Éditions, qui permet décidément aux cinéphiles français de redécouvrir en Haute Définition quelques classiques un peu oubliés. Le film de Meir Zarchi vient donc d’intégrer la collection « Cult’Edition », et s’impose de fait dans un gros coffret de type « luxe ». Proposé dans un tirage limité, le coffret contient donc non seulement le Blu-ray 4K Ultra HD du film dans un sublime Digipack 3 volets, mais également le Blu-ray du film, un Blu-ray de bonus et tout un tas de « goodies » réunis pour l’occasion : un livret inédit signé Marc Toullec revenant sur les cinq films de la saga, l’affiche du film, cinq tirages argentiques et cinq reproductions de photos d’exploitation du film. On a donc entre les mains un véritable et bel objet de collection…

Pour ne rien gâcher, la copie 4K de I Spit on Your Grave, qui nous est proposée en HDR10, est de très bonne tenue, au format et en version intégrale ; le grain cinéma est parfaitement respecté, les couleurs et les contrastes sont finement restitués et le piqué est satisfaisant. La restauration a fait place nette des tâches, rayures et autres griffes disgracieuses, et propose une image relativement stable, avec néanmoins quelques fourmillements discrets sur certaines séquences. Du beau travail pour une redécouverte presque totale du film de Meir Zarchi. Côté son, l’éditeur nous propose la VO et la VF d’origine en DTS-HD Master Audio 2.0 mono, sans souffle ni bruits parasites. Les dialogues sont parfaitement clairs, on appréciera la VF d’époque un brin surannée et les sous-titres ne souffrent d’aucun problème particulier. On notera également la présence d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1 en VO, essentiellement frontal et préservant bien heureusement l’esprit du film.

Dans la section suppléments, outre le commentaire audio de Meir Zarchi et le commentaire audio du critique Joe Bob Briggs, tous deux proposés en VOST. Après avoir éventuellement visionné une courte introduction par Clara Sebastiao (2 minutes), on continuera ensuite avec une présentation du film par Clara Sebastiao (31 minutes). Elle replacera le film dans son contexte au sens large, remodelant un peu temporalité à sa guise, évoquant tout autant entre les revendications féministes de la fin des années 60, l’explosion de la pornographie dans les salles (Gorge profonde en 1972) et le « Boom » de la VHS et l’établissement de la liste des 72 « Video Nasties » en 1983, et situant I Spit on Your Grave à la croisée des chemins entre tout cela. Elle évoquera également les défauts du film, notamment ceux évoqués par Roger Ebert, un des détracteurs les plus acharnés du film. Mais cette « Cult’Edition » contient également un entretien avec Meir Zarchi (29 minutes), qui permettra au cinéaste de revenir sur la controverse entourant le film, mais également sur les origines tragiques de l’histoire. Il évoquera également brièvement son mariage avec Camille Keaton, et reviendra sur divers aspects de la production, de la critique et du récit. On continuera ensuite avec un retour sur les lieux du film avec Michael Gingold (11 minutes), et on terminera avec une ouverture alternative du film (en fait le même plan sur Camille Keaton dans sa voiture, mais avec Day of the Woman marqué derrière elle au lieu de I Spit on Your Grave), deux galeries de photos, des bandes-annonces et divers spots TV et radio.

Sur le Blu-ray de bonus, on trouvera tout d’abord le « film en mode VHS », qui comme son titre l’indique est un transfert de la VHS de I Spit on Your Grave, qui nous montre à quel point on revient de loin côté restauration. En l’état, on se laisse dire qu’il s’agit d’un supplément essentiellement destiné aux masochistes désireux à tout prix de retrouver les sensations qu’ils ont pu ressentir en découvrant, à l’adolescence, la K7 vidéo du film. On continuera ensuite avec un making of rétrospectif intitulé Growing up with I Spit on Your Grave (1h42), et réalisé par Terry Zarchi, le fils de Meir Zarchi. Très intéressant, ce film de famille sera accompagné de plusieurs scènes coupées du documentaire (9 minutes) ainsi que des films 8MM de Terry Zarchi (notamment le mariage de son père avec Camille Keaton).

1 Pour la petite histoire, la femme que l’on voyait de dos sur les affiches et jaquettes du film ayant largement servi à la promo de I Spit on Your Grave depuis quarante ans était Demi Moore : elle l’a révélé dans son autobiographie en 2019 « L’Envers d’une vie » (Ed. Florent Massot, 2020)

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