Critique : The wall

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The wall

Belgique : 2023
Titre original : –
Réalisation : Philippe Van Leeuw
Scénario : Philippe Van Leeuw
Interprètes : Vicky Krieps, Mike Wilson, Ezekiel Velasco
Distribution : Bodega Films
Durée : 1h40
Genre : Thriller, western
Date de sortie : 18 décembre 2024

3.5/5

Synopsis : Jessica Comley est un agent de la patrouille frontalière américaine en poste à Tucson, en Arizona, dans une zone désertique où les trafiquants de drogue et les immigrants illégaux tentent leur chance de traverser. Lors d’un déploiement, elle tire sur une personne. Son collègue suggère qu’il s’agit d’un accident. Mais un homme âgé et son petit-fils, issus d’un peuple indigène, sont témoins de ce qui s’est passé. C’est leur parole contre la sienne.

Le portrait d’une femme maladivement raciste

Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, il n’est pas douteux que The wall, le mur, va de nouveau être souvent évoqué dans les discours et dans la presse. De quel The wall s’agit-il ? Non, il ne s’agit pas du double album des Pink Floyd sorti en 1979, le double album le plus vendu dans le monde,  il s’agit de ce mur frontalier que Donald Trump a décidé de construire entre le Mexique et les Etats-Unis afin de lutter contre l’immigration illégale, un mur dont la construction a commencé lors de son premier mandat et a été arrêtée par l’administration de Joe Biden. A côté de ce mur matériel, il existe dans la tête de nombreux américains, un autre mur, un mur psychologique, un mur de rejet systématique de ce qui n’est pas estampillé US pur jus, un rejet pouvant aller jusqu’au meurtre de migrants ayant franchi la frontière. The wall nous mène auprès de Jessica Comley, une policière plus que zélée de la Border Patrol, cette patrouille chargée d’intercepter les clandestins qui passent la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis. Curieux personnage que cette Jessica : adorable avec Sandy, sa belle-soeur atteinte d’un cancer, aux petits soins avec les enfants de son frère et de Sandy, elle n’est que rage et haine envers les migrants, persuadée et fière qu’elle est de défendre son pays. Même les amérindiens, les descendants de populations établies sur le sol des Etats-Unis bien avant l’arrivée des ancêtres de Jessica, ne trouvent pas grâce à ses yeux.

Jessica pourrait se contenter de faire « proprement » son travail, mais elle a fait le choix de le faire salement, pouvant aller jusqu’à tuer un migrant de sang froid. Il faut dire qu’elle a de qui tenir, son père faisant de son côté, en amateur, la chasse aux migrants. Le comportement souvent hors des clous de Jessica est tel qu’il l’amène à rencontrer des problèmes avec sa hiérarchie, ne serait-ce que par ce qu’on peut considérer comme une broutille : arrêter un migrant alors qu’elle n’est pas en service ce qui risque de faire annuler la procédure. L’autre personnage important de The wall a pour nom Jose Edwards, il est membre de la tribu amérindienne des Tohono O’odham et, pour lui, les frontières n’existent pas. Quand il passe des Etats-Unis au Mexique, ou vice-versa, il se refuse à passer par un poste frontière officiel et il continue d’emprunter l’itinéraire qu’on toujours suivi les membres de sa tribu malgré les dangers que cela peut représenter pour lui et son petit-fils qui, bien souvent, l’accompagne. Loin de rejeter les migrants, il leur procure de l’aide sous forme de nourriture, allant même parfois jusqu’à les aider à traverser la frontière. Ayant été témoin d’une bavure commise par Jessica, peut-il réussir à imposer sa vérité, LA vérité, face aux autorités ?  

The wall est le 3ème long métrage en 15 ans du talentueux réalisateur belge Philippe Van Leeuw. Lui qui avait commencé sa carrière comme Directeur de la photographie a pour particularité de s’intéresser à des sujets très forts et de faire vivre aux spectateurs des situations intolérables en lien avec l’actualité. Par contre, alors que dans ses 2 premiers films, Le Jour où Dieu est parti en voyage, centré sur une jeune femme tutsi se réfugiant dans la forêt pour fuir les massacres après la mort de ses enfants, et Une famille syrienne, un huis clos passé auprès d’un groupe de personnes réfugiées dans un appartement d’une ville prise dans la folie des combats entre clans rivaux, il s’intéressait en priorité aux victimes, il dresse dans The wall le portrait d’une femme maladivement raciste qui se comporte en bourreau, sans aucun état d’âme, face à des malheureux sans défense. Dans ce film glaçant et passionnant, le jeu austère et sans véritable nuance  de la comédienne luxembourgeoise Vicky Krieps convient parfaitement au rôle de Jessica qu’elle interprète, une femme qui, en bonne « trumpiste », passe sa rage sur les migrants en croyant défendre son pays. Jose Edwards, le grand-père amérindien membre de la tribu des Tohono O’odham, est magnifiquement interprété par Mike Wilson, un membre de cette même tribu ayant servi dans le passé dans les opérations spéciales de l’armée américaine et qui milite à présent pour les droits de l’Homme. Il milite aussi  contre la construction du mur cher à Donald Trump qui couperait en deux le territoire de sa tribu dont le territoire est à cheval sur l’Arizona et les Etats-Unis. Vu ce qui se passe sur la planète, on sait que Philippe Van Leeuw ne devrait malheureusement pas avoir de mal pour trouver une ou des situations intolérables en lien avec l’actualité à raconter dans un prochain film. La seule question, en fait, est la suivante : où se déroulera son prochain film ?

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