Critique Express : Vingt dieux (Deuxième avis)

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Vingt dieux

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Louise Courvoisier
Scénario : Louise Courvoisier, Théo Abadie
Interprètes : Clément Faveau, Maïwène Barthelemy, Luna Garret
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h 30
Genre : Drame
Date de sortie : 11 décembre 2024

3.5/5

Synopsis : Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie. Il se met alors en tête de fabriquer le meilleur comté de la région, celui avec lequel il remporterait la médaille d’or du concours agricole et 30 000 euros.

Que vous aimiez ou pas les fromages à pâte pressée cuite, vous trouverez sans doute un grand intérêt et pas mal de plaisir à vous laisser « comté » une histoire se déroulant en plein milieu du Jura, une histoire interprétée avec un accent tout à fait authentique par des gens du (fromage) cru, une histoire qui nous parle avec beaucoup de vérité de la jeunesse rurale et, de façon quasiment documentaire, de la fabrication du comté,  première AOC fromagère française en volume fabriqué. Cette histoire, c’est celle d’Anthony, que tout le monde appelle Totone, un jeune de 18 ans qui vit en toute insouciance, auprès d’un père veuf et de Claire, sa petite sœur de 7 ans, une vie de jeune de 18 ans, faite d’une présence assidue dans les bals de village, des endroits où on boit beaucoup de bière et où les castagnes sont fréquentes. Une insouciance qui va s’évaporer brutalement le jour où son père va se tuer en voiture en rentrant très sérieusement éméché d’une fête de village. Projeté brutalement dans le monde des adultes, sa propre existence et celle de Claire sont dorénavant entre ses mains. Un brin paumé et en toute innocence, Totone se met en tête, lui qui n’a guère d’expérience en matière de fabrication de fromage,  de gagner 30 000 euros en décrochant la médaille d’or du meilleur comté dans un concours agricole régional. Tout en apprenant de façon sérieuse l’art de la fabrication du comté, Totone, très maladroit dans ses rapports avec les femmes, va apprendre l’amour de façon tout aussi sérieuse avec Marie-Lise, une jeune femme qui s’occupe seule d’une exploitation agricole et qui sait ce qu’elle veut quand elle rencontre un homme.

Agée de 30 ans et originaire de Cressia, un petit village du Jura, Louise Courvoisier a fait ses études de cinéma à Lyon, au sein de la CinéFabrique — École nationale supérieure de cinéma et, 5 ans après avoir reçu le prix de la Cinéfondation au Festival de Cannes 2019 avec son court-métrage Mano a mano, elle a vu Vingt dieux, son premier long métrage, retenu dans la sélection Un Certain Regard de Cannes 2024 et couronné du prix de la jeunesse dans cette section. Parmi les récompenses remportées depuis cette première cannoise, les plus importants sont sans conteste le prix du meilleur film au Festival du Film Francophone d’Angoulême en septembre dernier  et le prestigieux Prix Jean Vigo en octobre. Pour réaliser son film, Louise Courvoisier a préféré « Jouer à domicile » : il a été tourné dans sa région, avec des interprètes qu’elle a trouvés sur place, avec une équipe technique constituée de condisciples de la CinéFabrique et avec des membres de sa famille, mère, sœur, frères, pour prendre soin de la musique, de la décoration et des décors. Clément Faveau, l’interprète de Totone, travaille dans un élevage de volailles. Maïwène Barthélémy, l’interprète de Marie-Lise, est  étudiante en BTS production animale. Luna Garret, qui joue la petite sœur, Louise Courvoisier l’a vue grandir dans son village. Quant à Isabelle Courajeot, l’interprète de  la fromagère qui apprend à Totone les secrets de la fabrication du comté, elle habite le village de la réalisatrice. Rien ne dit que, malgré les grandes qualités dont il et elle font preuve dans Vingt dieux, Clément Faveau et Maïwène Barthélémy choisiront de continuer dans le cinéma ou bien si, au contraire, il et elle reviendront définitivement dans le monde agricole dans lequel il et elle disent trouver beaucoup de satisfaction. En tout cas, tout cela concourt à faire de Vingt dieux un film d’une grande fraîcheur, un film qui respire l’authenticité, un film qui restitue de façon particulièrement crédible les problèmes et les satisfactions que rencontrent les exploitants agricoles. Cerise sur le gâteau : au contraire du très lourdingue  Les femmes au balcon, le film de Noémie Merlant qui sort le même jour que Vingt dieux, c’est avec finesse et humour que Louise Courvoisier montre les côtés négatifs d’un certain nombre d’hommes : Totone, plutôt bon gars mais pas très futé, les frères de Marie-Lise, des brutes décervelés.

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