Critique : Le Pacha, ma mère et moi

0
147

Le Pacha, ma mère et moi

BEL 2022
Réalisateur: Nevine Gerits
Producteur: Image-création
Genre : Documentaire, portrait
Durée : 1h23 min


4/5

Une grosse envie de vous parler d’un petit film. Petit par ses moyens de production, la taille de son équipe et sa durée, mais surtout par le geste minimal de Nevine Gerits, une mère qui nous parle de la sienne, de leur relation et de l’ombre de son cri, long de 40 ans pour la mémoire du Kurdistan.

Synopsis : Nevine porte l’héritage d’une mère kurde, exilée et activiste au quotidien pour la cause de son peuple. Le film raconte cette confrontation mère-fille au cœur de la question de la transmission ; quel héritage portons-nous ? Comment s’en libérer tout en donnant sens à nos racines et en aidant les générations futures à construire leur identité.

C’est un peu lyrique mais c’est pour mieux vous dire que parfois les belles émotions naissent des choses les plus simples. A la première approche, tout semblait annoncer à l’avance le programme. Et pourtant ce fut une surprise pour moi que cette voix bien sympathique (la réalisatrice fait la voix off) qui va essayer de nous expliquer un mystère maternel encore irrésolu. En filmant sa mère pendant plus de 8 ans, Nevine espère révéler quelque chose de ce lien, dont on devine qu’il s’est un peu relâché avec les années.

Bien sûr que tous ces films marchent sur un fil ténu, frôlant en permanence l’excès de didactisme ou de misérabilisme. C’est que l’émotion se love dans cette tension entre la retenue et la confession.

A ce jeu, “Le Pacha, ma mère et moi” semble d’abord être le récit de l’engagement pour la cause Kurde de cette femme et de l’impact sur sa vie de famille. Mains Gerits ne cherche pas à gagner la partie; elle ne sintéresse pas à nous expliquer le génocide par le menu, sa mère n’a de cesse de le faire pour elle. Mais ce qu’elle cherche, plutôt, c’est une connexion, que le prétexte de la caméra délie les langues. Et comme tout effort, quand il est maintenu assez longtemps, la vérité finit par émerger. On juge le passé, on regarde un peu l’avenir, on rit, on danse, on se rappelle.

Cette mère, toujours en contrôle, abandonne les armes une seconde pour danser et plaisanter avec son mari, chaleureux, qui la regarde avec les années d’habitude. C’est une famille où la parole est précieuse parce qu’elle est précise et qu’elle a le pouvoir de faire bouger la pensée. Alors que Gerits regarde son propre fils grandir à la fin du film, on sent que quelque chose a été compris sans les mots.

Conclusion

Est-ce que la lutte va continuer? Est-ce que le Kurdistan est condamné à se souvenir? Est-ce qu’on répète en permanence les mêmes cycles familiaux? Nevine Gerits n’a, je crois, pas la réponse. La question me suffit largement à rire et m’émouvoir avec elle.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici