Critique : Juré n°2

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Juré n°2

USA : 2024
Réalisateur: Clint Eastwood
Scénaristes: Jonathan Abrams
Casting: Nicholas Hoult ; Toni Colette ; Zoey Deutch
Distributeur: Warner Bros. France
Genre : Drame ; Thriller
Durée : 1h53 min
Date de sortie (FR): 30 octobre 2024

4/5

Je vais me faire violence pour ne pas donner à ce billet une odeur de sapin. C’est qu’on présente beaucoup le film comme la dernière œuvre d’un vieil homme. C’est facile à comprendre dans une année qui a vu naître successivement les testaments de Martin Scorsese, Michael Mann, William Friedkin (RIP), Ridley Scott ou Francis Ford Coppola. Pourtant, avec ce « JURÉ N°2”, Clint Eastwood ne s’intéresse pas à l’immortalité mais pose une vraie question à la société américaine: Le rôle de la justice est-il de faire triompher la vérité ou de causer le moins de mal possible? Vous avez deux heures….

Synopsis : Alors qu’un homme se retrouve juré d’un procès pour meurtre, il découvre qu’il est à l’origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer.

J’espère ne surprendre personne en postulant que Clint Eastwood a perfectionné une efficacité dans sa mise en scène, un travail sur la largeur de l’écran et surtout la place laissée aux acteurs pour porter la narration (leurs performances sont malheureusement un peu inégales ici, tant Nicholas Hoult semble limité en comparaison à la complexité du jeu de Toni Colette). Comme dans tous les autres films que j’ai vu de lui, tout est au service d’un classicisme de mise en scène qui doit s’effacer pour raconter le scénario de la manière la plus fluide possible. j’ai un goût pour ce cinéma quand il sert un scénario qui en vaut la chandelle. Comme un très bon polar de vacances qui sait prendre en charge mon attention.

Au-delà de la forme donc, Sans qu’il ne me paraisse son film le plus iconique, « JURÉ N°2” réussit doncune belle réflexion en forme de question, sur le rôle de la justice. Le scénario brille surtout quand il se fait variation du concept de 12 hommes en colère, où un juré doit convaincre les 11 autres qui sont contre lui. Ici, le twist sera niché dans le conflit interne du personnage qui se croit bien le véritable coupable et voudra éviter une condamnation injuste, tout en sauvant les apparences.

J’ai craint au début que le film ne soit un peu planplan, tant il lui faut bien 20 min pour décoller. Mes craintes se sont évanouies au fur et à mesure de la vision et la force de cette dernière scène qui vient révéler complètement un questionnement sans réponses qui m’a hanté encore quelques jours après la vision.

Un peu avant la fin du film, une belle conversation a lieu entre deux jurés. L’un dit à l’autre qu’il faut abandonner la recherche, qu’il faut se rendre aux évidences et qu’après tout, cette obsession de rechercher les détails de la vérité est louche. Ce dialogue m’a hanté et me fait réaliser à quel point Clint Eastwood reste un des rares auteurs américains à questionner cette vérité fordienne face aux enjeux de notre époque. Faut-il imprimer la légende ou la vérité?  Aujourd’hui encore, dans un geste sobre et efficace, ce nonagénaire américain blanc se pose encore de vraies questions.

Un dernier petit mot pour quand même se rendre compte aussi du chemin fait sur nos représentations. Là où les personnages sont souvent dessinés en nuances de gris avec une vraie complexité, le couple central au cœur du récit et la mission de “protéger la famille” sonnent bien vieillottes de nos jours.

Conclusion

Dans une dernière scène brillante d’efficacité, ce « JURÉ N°2” nous laisse avec une responsabilité devenue complexe aujourd’hui: Est-ce que ce sont nos actes ou leur perception qui nous définissent? Que chacun.e cherche sa réponse à son rythme, Clint Eastwood n’est pas pressé.

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