Test Blu-ray 4K Ultra HD : Body Double

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Body Double

États-Unis : 1984
Titre original : –
Réalisateur : Brian De Palma
Scénario : Brian De Palma, Robert J. Avrech
Acteurs : Craig Wasson, Melanie Griffith, Deborah Shelton
Éditeur : Sony Pictures
Durée : 1h54
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 20 février 1985
Date de sortie 4K UHD : 6 novembre 2024

Acteur de seconde zone, Jake Scully se retrouve à la rue quand il surprend sa petite amie au lit avec un autre. En écumant les castings de Los Angeles, il fait la connaissance de Sam Bouchard qui lui fait une proposition intéressante : garder la luxueuse demeure d’un ami durant son absence. Profitant de la vue panoramique, Jake observe sa riche et charmante voisine Gloria se livrer à des jeux érotiques. Mais son activité de voyeur va se révéler plus dangereuse qu’il n’y paraît…

Le film

[5/5]

Si chacun reconnaîtra sans trop de difficultés que Phantom of the Paradise est le vrai chef d’œuvre de la riche filmographie de Brian de Palma (si vous me permettez cet aparté, il est d’ailleurs longtemps resté mon film préféré, avant la découverte de Robocop), il faut convenir que Body Double occupe tout de même une place particulière dans la carrière du cinéaste barbu, et fonctionne toujours, quarante ans après sa sortie dans les salles, de façon troublante chez le spectateur, déstabilisante, presque charnelle.

Body Double nous propose de suivre la trajectoire contrariée de Jake Scully (Craig Wasson), qu’un enchaînement de circonstances malheureuses amènera à s’installer chez Sam (Gregg Henry), qui habite une maison futuriste sur les hauteurs de Los Angeles. La maison dispose notamment d’un télescope : avec ce dernier, Jake pourra épier la voisine, Gloria (Deborah Shelton), qui vit dans l’énorme manoir en contrebas, et qui aime faire du strip-tease le soir venu dans sa chambre à coucher. Jake ne tarde pas à devenir obsédé par Gloria : nuit après nuit, il la regarde se déshabiller sur l’entêtante musique de Pino Donaggio. Ses fantasmes seront cependant perturbés lorsqu’un mystérieux indien tente, sans succès, de tuer Gloria. Déterminé à sauver la jeune femme, Jake commence à la suivre discrètement à travers la ville…

En dépit de multiples rebondissements parfois ridicules, et de dialogues jamais vraiment convaincants, Body Double développe en l’espace de quelques séquences une atmosphère tellement étrange et hypnotique que le principe d’identification ne tardera pas à marcher à fond les ballons. A l’écran, De Palma enquille à l’écran les cauchemars, angoisses et obsessions d’une partie du public – au point que certains en auront presque du mal à en visionner certaines séquences tant l’angoisse est forte. Du trauma initial aux lubies malsaines de son héros, une poignée de spectateurs « vivra » à chaque vision Body Double comme une expérience profondément réaliste (surtout durant sa première moitié), vraiment hypnotique et dérangeante, quand d’autres pourront littéralement passer à côté du métrage en repoussant d’un revers de la main ses aspects les plus grotesques.

Car il faut bien avouer que Body Double est blindé de défauts et autres fautes de goût (telles que ce long passage rythmé sur l’air de « Relax » des Frankie goes to Hollywood), et que ses dérives formelles le transforment par passages en relecture kitsch du cinéma de Hitchcock, lorgnant de façon éhontée sur le Bis. Pour autant, De Palma fait également preuve d’une superbe maestria technique (comme le montre par exemple la séquence de « double-filature »), et le style qu’il insuffle à son film lui permet au final de nous donner à voir un portrait assez fascinant du Los Angeles des années 80 – un lieu de contrastes, de richesse et de pouvoir, de beauté et de cruauté, peuplé de personnes à l’ambition boursouflée et aux désirs dangereux.

Tous ces éléments concourent à rendre Body Double fatalement plus déviant, et par conséquent peut-être moins universel que le Phantom of the Paradise de Brian De Palma. Cela-dit, pour ceux qui goûtent à ce cinéma un peu foutraque, Body Double demeurera à jamais un des plus gros morceaux de cinéma qui puisse être livré à leurs yeux avides de sensations fortes.

Le Combo Blu-ray 4K Ultra HD + Blu-ray

[4,5/5]

Presque dix ans après avoir essuyé les plâtres des Éditions « Ultra Collector » de chez Carlotta Films, dont il constituait le numéro #1, Body Double débarque aujourd’hui au format Blu-ray 4K Ultra HD, sous les couleurs de Sony Pictures. Et pour ce premier transfert Ultra HD de Body Double, Sony Pictures a probablement utilisé la restauration 4K qui avait été faite à l’époque de la sortie du film au format Blu-ray. Le film nous est par ailleurs proposé à la fois en Dolby Vision et en HDR10, et étant donné les partis pris esthétiques forts et tranchants pour lesquels ont opté Brian De Palma et son directeur photo Stephen H. Burum, autant dire que le résultat est bluffant : so glam, so sexy, so 80’s ! Le grain argentique a été préservé, le piqué est précis, les couleurs sont éclatantes et parfaitement équilibrées, et les nombreuses zones sombres révèlent des ombres profondes et jamais bouchés. Les noirs sont brillants, riches, et donnent au spectateur d’améliorer la profondeur de l’ensemble. Les niveaux de densité, la délimitation, la clarté, la netteté et la profondeur de champ sont également excellents : c’est du grand Art, et les (nombreux) fans du film apprécieront l’upgrade à sa juste valeur. Côté son, on notera également une belle amélioration par rapport à l’édition Blu-ray made in Carlotta, puisque le film nous est ici proposé en VO en Dolby Atmos – un mixage qui sera décodé en Dolby TrueHD 7.1 sur les amplis non compatibles. Le rendu acoustique est d’autant plus ébouriffant que la conception sonore du film de De Palma est très soignée. Le champ audio est ample et spectaculaire, et la piste Atmos semble encore renforcer les contrastes imaginés par De Palma en termes de son, ce qui mène à une immersion au cœur du film absolument grandiose. Pour ceux qui auraient découvert le film en VF, la version française est également disponible, en DTS-HD Master Audio 2.0. Le doublage, assuré entre autres par Hervé Bellon, Élisabeth Wiener, Patrick Floersheim ou Jacques Ferrière, est assez attachant et contient bien sûr des voix que l’on adore et avec lesquelles beaucoup d’entre-nous ont grandi.

On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Body Double édité par Sony Pictures nous est proposé dans un superbe SteelBook aux couleurs du film. Pas de bonus sur le Katka, mais la version Blu-ray également présente dans le boîtier contient l’intégralité des suppléments de l’édition spéciale DVD sortie sous les couleurs de Sony Pictures aux États-Unis en 2006. On commencera avec petite sélection de quatre featurettes qui, bout à bout, formeront un sympathique petit making of divisé en chapitres thématiques : le segment intitulé « La séduction » (17 minutes) permet à Brian De Palma de revenir sur la première mouture de son script, qui se déroulait à New York, puis sur sa décision de finalement tourner à Los Angeles et ce qu’elle implique. Il revient sur ses acteurs ainsi que sur sa rencontre avec une actrice porno, qui lui a permis de définir le personnage de Holly Body. Le segment « Le coup monté » (17 minutes) lui permet d’aborder le scénario ainsi que les aspects les plus techniques du film, et celui intitulé « Le mystère » (12 minutes) lui permet d’aborder le monde du cinéma pour adultes ainsi que le tournage du clip de Frankie Goes to Hollywood. Pour ce qui est des intervenants, De Palma est passionnant, les anecdotes de Melanie Griffith sont souvent assez amusantes, les propos de Gregg Henry et Deborah Shelton sont intéressants, mais le grand absent de cette interactivité est l’acteur Craig Wasson qui, en 2006, venait tout juste de mettre un terme à sa carrière d’acteur. Enfin, le dernier segment « La controverse » (6 minutes) revient sur la désastreuse réception du film du côté de la critique. On continuera le tour des suppléments avec une série d’entretiens promotionnels d’époque (10 minutes), avec Brian De Palma, Craig Wasson et Melanie Griffith. On terminera avec le clip vidéo de « Relax » (4 minutes), une galerie de photos et la traditionnelle bande-annonce.

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