Test Blu-ray 4K Ultra HD : The Bikeriders

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Sans un bruit : Jour 1

États-Unis : 2024
Titre original : –
Réalisation : Jeff Nichols
Scénario : Jeff Nichols
Acteurs : Jodie Comer, Austin Butler, Tom Hardy
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h56
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 19 juin 2024
Date de sortie DVD/BR : 30 octobre 2024

Dans les années 1960. L’ascension des Vandals, un club de motards du Midwest vu à travers la vie de ses membres passant d’un lieu de rassemblement pour les marginaux locaux à un gang plus dangereux…

Le film

[3,5/5]

The Bikeriders est l’adaptation du livre éponyme de Danny Lyon, sorti en 1968. Inédit en France, il s’agit d’un ouvrage de photoreportage, contenant une poignée d’entretiens : en totale immersion avec ses sujets, Lyon avait en effet partagé le mode de vie des Outlaws de Chicago, un gang de motards du Midwest américain, entre 1963 et 1967. Il s’agit d’un témoignage assez passionnant, mais qui restait avant tout un livre de photos, et il convient de saluer le travail de Jeff Nichols afin de remplir les blancs entre les différentes photographies de Danny Lyon.

Comme quoi, tout arrive : un peu plus de dix ans après l’escroquerie Take Shelter, qui avait provoqué chez les cinéphiles du monde entier des spasmes incontrôlables de rire nerveux, Jeff Nichols semble en effet avoir véritablement travaillé son sujet avec The Bikeriders, un projet qu’il avait en tête depuis une vingtaine d’années, et pour lequel il a planché en étroite collaboration avec Danny Lyon, qui lui a confié l’intégralité des enregistrements qu’il avait faits lors de son immersion avec les Outlaws dans les années 60. Ces heures d’interviews ont permis à Jeff Nichols de capter l’essence de cet « Âge d’or » de la moto et de tisser les contours d’une intrigue n’étant jamais réellement où on l’attend.

The Bikeriders commence en effet avec une scène qui s’avère un clin d’œil explicite aux Affranchis de Martin Scorsese, aussi se redresse-t-on rapidement dans son fauteuil en se disant que l’on va assister à un film plein de tension et d’affrontements sauvages. Après tout, on est devant un film de motards, n’est-ce pas ? Il s’agit bien là du B.A-Ba du genre : des barbus en cuir, des femmes à poil, de la bière et des bastons. Sauf que Jeff Nichols décide d’adopter un autre point de vue : au terme de la première séquence, la narration du film sera assurée par Kathy (Jodie Comer), une jeune femme se retrouvant plongée presque malgré elle dans l’univers des Vandals de Chicago, un club de motards, et tombant amoureuse de Benny (Austin Butler), un motard nihiliste faisant l’admiration du chef du club, Johnny (Tom Hardy).

La narration de The Bikeriders, volontairement morcelée et elliptique, fait le choix de raconter l’histoire des Vandals par le biais de Kathy, et s’impose de fait comme une série de vignettes qui introduisent et étoffent les membres les plus importants du Club, errant au gré des propos de la jeune femme entre les lieux, les événements et les personnages. La violence n’est pas au centre du film, ni même l’évolution du gang vers le crime organisé. Pour autant, le film est tout de même un mélange intéressant de faits et de fiction : les personnages sont des émanations romantiques inspirées des personnes réellement photographiées et interviewées dans les années 60 par Danny Lyon.

La plupart des dialogues prononcés par les personnages de The Bikeriders sont tirés des interviews enregistrées par Lyon, souvent avec peu ou pas de montage, bien que parfois, pour les besoins de l’histoire, ils aient été attribués à d’autres personnages ou prononcés dans d’autres contextes. On pense par exemple à la déclaration de Brucie (Damon Herriman) selon laquelle ils sont tous des inadaptés et que le Club est leur « famille », qui a été prononcée par quelqu’un d’autre, ou au récit de Zipco (Michael Shannon) sur le comité de sélection, qui avait été enregistré lorsqu’il se trouvait à l’hôpital et non autour d’un feu de camp. Mais que voulez-vous : en grand admirateur de cette époque et de ce style de vie emprunt de « liberté », Jeff Nichols en rajoute un peu dans le romantisme.

Dans cet état d’esprit, les membres des Vandals sont certes des hors-la-loi, mais ils sont tous dépeints dans The Bikeriders comme des gens sympathiques, intègres et dignes de confiance : les activités illégales ou douteuses sont évoquées au détour d’une ligne de dialogue, mais jamais montrées. Au début du film, la narratrice Kathy déclare qu’elle a visité plus de prisons, s’est rendue dans plus de tribunaux et à rencontré plus d’avocats qu’elle ne l’aurait cru possible, mais le spectateur n’en verra pas non plus la couleur. Ces gars sont d’ailleurs si sympa que même le californien Funny Sonny (Norman Reedus) tombera sous le charme du Club du Midwest, alors même qu’il avait été mandaté pour tuer un membre des Vandals ayant déserté les Hell’s Angels. Pour autant, si le cinéaste a visiblement des étoiles plein les yeux quand il s’agit d’évoquer les motards des années 60, Jeff Nichols fait preuve d’un peu moins de bienveillance vis à vis des motards des années 70, hippies et vétérans du Vietnam étant représentés comme totalement tarés.

Toujours est-il que le cœur de The Bikeriders est une pure création de Jeff Nichols : il s’agit d’un singulier triangle amoureux entre Benny, Kathy et Johnny. Pour autant, si deux personnages se disputent ici l’amour de Benny, les tensions entre les personnages restent globalement très « civilisées » : aucun d’entre eux n’élève jamais la voix, et chacun reste maître de ses émotions, du moins jusqu’au dénouement du film. Cela ajoute encore une touche de nostalgie à un film qui refuse sciemment l’impact percutant et viscéral généralement de mise dans le film de bikers. C’est probablement également tout ce qui fait son originalité – et son prix.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4/5]

Avec seulement un peu plus de 166.000 spectateurs dans les salles françaises, The Bikeriders n’a probablement pas été à la hauteur des attentes de Universal Pictures. Pour autant, s’il s’agit du film de Jeff Nichols ayant réalisé le moins d’entrées en France, c’est paradoxalement celui qui a le mieux fonctionné à l’international, et c’est probablement pour cette raison qu’Universal lui offre aujourd’hui une belle édition au format Blu-ray 4K Ultra HD. Côté galette, c’est d’ailleurs un sans-faute absolu : le piqué est d’une précision redoutable, et la palette de couleurs contribue à créer un aspect et une ambiance vintage. Le niveau de détail est extrêmement élevé, offrant au spectateur de nombreuses occasions de contempler les plus infimes détails des motos anciennes que le film nous donne à voir. Les tons de la peau sont naturels, le grain est fin, et les niveaux de noir sont extrêmement tranchés, permettant au film d’acquérir une nouvelle « profondeur », dans le sens où les couches de premier plan et d’arrière-plan sont plus marquées. Le HDR10 permet également aux couleurs les plus vives d’exploser littéralement à l’écran. Côté son, la VO est proposée dans un puissant mixage Dolby Atmos que les amplis non compatibles décoderont en Dolby TrueHD 7.1, et l’ensemble fait le job sans l’ombre d’un problème à l’horizon. La VF mixée en Dolby Digital+ 7.1 n’est pas en reste, et n’a globalement pas à rougir de sa prestation technique, dynamique et enveloppante en diable. Du très beau travail technique, assurément !

Du côté des suppléments, on trouvera une petite poignée de featurettes nous proposant de découvrir l’envers du décor du film. La première sera centrée sur l’adaptation du livre (5 minutes) et permettra à Jeff Nichols de revenir sur son travail afin de passer d’un livre de photos à un film narratif : son choix des trois personnages principaux, l’importance du personnage de Kathy, et l’interprétation de Jodie Comer, qui a tout particulièrement bossé afin de retrouver l’accent du Midwest très prononcé de son personnage. On continuera ensuite avec un focus sur la reconstitution des années 60 que nous propose le film (3 minutes), ainsi que sur l’insistance du cinéaste pour que ses acteurs apprennent à rouler en moto sans être doublés. Le dernier sujet sera consacré à la réalisation de Jeff Nichols (3 minutes), ce dernier avouant que l’investissement des acteurs lui avait parfois permis de « dépasser » ce qu’il avait écrit. Les amoureux du film pourront également le revoir en écoutant le commentaire audio du réalisateur Jeff Nichols (VOST), au cœur duquel il évoquera son amour pour le livre qui a servi d’inspiration au projet, des raisons pour lesquelles il a choisi Kathy comme narratrice du film, de la recherche de lieux de tournage, etc. L’ensemble est plutôt informatif et sans temps morts : très intéressant !

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