Test DVD : Holly

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Holly

Belgique : 2023
Titre original : –
Réalisation : Fien Troch
Scénario : Fien Troch
Acteurs : Cathalina Geeraerts, Greet Verstraete, Felix Heremans
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h39
Genre : Drame, Fantastique
Date de sortie cinéma : 6 mars 2024
Date de sortie DVD : 1 octobre 2024

Holly est perçue comme une fille étrange par ses camarades de classe jusqu’au jour où se révèle son don de soulager les gens de leur chagrin. Dès lors, son énergie cathartique est recherchée par tous. Mais la frontière entre aide et abus va bientôt s’estomper. Sainte ou sorcière ? Le destin étonnant d’une héroïne sanctifiée malgré elle…

Le film

[3,5/5]

Carrie, Créatures célestes, Ginger Snaps, Mysterious Skin, Mean Creek, Donnie Darko… Le cinéma fantastique et les récits de « coming of age » font souvent bon ménage. Le fameux passage à l’âge adulte, la découverte de la sexualité et la notion d’acceptation de soi demeurent, pour tout un chacun, forcément toujours un peu nimbés de mystères en tous genres, et le fait de les illustrer au cinéma en ayant recours à des symboles allant chercher du côté du surnaturel est une idée non seulement habile, mais également pleine de poésie.

Avec Holly, la réalisatrice et scénariste flamande Fien Troch décide donc d’inscrire son récit dans cette tradition du coming of age nimbé de fantastique. Comme son titre le laisse supposer, le film suit donc la trajectoire de Holly (Cathalina Geeraerts), une jeune fille de quinze ans, et de son meilleur ami Bart au lycée. Il s’agit d’un long-métrage calme, avec de petites touches d’humour, mais qui développe surtout tout au long de son intrigue une atmosphère d’incertitude, voire même d’inquiétude liée à cette période difficile de la vie d’une adolescente : la lourdeur et l’ennui sont tellement mis en évidence par la mise en scène de Fien Troch que le spectateur aura presque l’impression d’être au lycée avec Holly.

À l’école, Holly n’est pas très populaire, et avec son ami Bart, ils sont régulièrement la cible des brutes du lycée, et largement mis à l’écart des autres. Dans les couloirs, on la traite régulièrement de sorcière, peut-être à cause de sa mère, une femme cabossée par la vie qui ne semble pas faire grand cas d’Holly ni de sa sœur. Holly se laisse faire avec résignation, jusqu’à ce qu’un matin, elle ait tellement mal au ventre qu’elle décide de se faire porter pâle : c’est précisément ce jour qu’un incendie se déclare au lycée, causant la mort de plusieurs personnes. Cet événement dramatique représente une espèce de nouveau départ pour Holly, qui obtient un poste de bénévole auprès de sa professeure Anna (Greet Verstraete), qui organise un voyage en bus pour les proches des victimes. Lors de cette sortie, les parents commencent à remarquer l’étrange capacité de Holly à apporter guérison et réconfort aux personnes endeuillées. Une fois de plus, ce don a tendance à l’isoler, et cette situation ne tarde pas à dépasser la jeune fille…

Le scénario de Holly est assez remarquable, notamment dans la façon très équilibrée avec laquelle il mélange la chronique de la vie lycéenne et de ses difficultés et les aspirations des adolescents, notamment en termes de reconnaissance, d’attention, de popularité et d’image de soi. Ainsi, au fil des événements narrés dans le film, sans qu’elle y soit pour rien, la timide Holly se transforme en une sorte de « bonne fée » pour la communauté qui l’entoure. Pour autant, le film de Fien Troch nous montre également que la vie est souvent difficile pour les adolescents et que si les adultes font de leur mieux pour les aider, c’est naturellement en adoptant leur propre point de vue, en oubliant – ou en refusant de voir – ce dont les ados ont vraiment besoin.

Holly s’avère d’ailleurs d’autant plus remarquable que le film ne nous dit jamais clairement si le don de la jeune fille est réel ou s’il s’agit d’une vue de l’esprit de personnages qui considéraient déjà à priori Holly comme une sorcière. La jeune Cathalina Geeraerts aborde ce rôle de manière particulièrement intelligente, conservant tout au long du film cette ambiguïté, grâce notamment à ses regards particulièrement expressifs, tantôt timides, tantôt tristes, tantôt interrogatifs, tantôt attentifs. Cela sera au spectateur de décider si son personnage est innocent ou s’il s’agit d’une habile manipulatrice ; ou peut-être un peu des deux. Face à elle, le personnage d’Anna, sa professeure, est également difficile à cerner : est-elle aussi altruiste qu’elle le prétend ou, au contraire, extrêmement égoïste ? Fien Troch prend bien soin d’éviter de nous livrer des réponses toutes faites, préférant se concentrer sur différents thèmes forts en lien avec ce récit de coming of age : harcèlement, amitié, deuil, et même spiritualité. Holly donne à réfléchir et s’avère une belle réussite, même si la partie centrale du film souffre d’un petit « ventre mou » et que la partie finale tire un peu en longueur. À découvrir !

Le DVD

[4/5]

Après une sortie cinéma ayant attiré un peu moins de 3700 curieux dans les salles françaises, c’est aujourd’hui chez Blaq Out que débarque Holly en DVD, et il nous faudra admettre d’entrée de jeu que comme à son habitude, l’éditeur a fait du beau boulot sur cette sortie. Non seulement le film est une excellente surprise, mais en plus, force est de constater que l’on est en présence d’un DVD assez épatant, jouant habilement avec les limites du support SD pour nous proposer une expérience de visionnage vraiment optimale : le master est littéralement impeccable, et s’adapte parfaitement à la jolie photo du film signée Frank van den Eeden : définition et couleurs sont superbes et assez irréprochables, même en basse lumière. Côté enceintes, la VO néerlandaise s’impose dans un excellent mixage Dolby Digital 5.1, toujours clair et bien conçu, avec un placement des voix et une restitution des ambiances tout à fait appréciable. Pas de bonus.

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