Il y a près de quatre ans, quand nous rendions la dernière fois hommage à l’actrice et activiste américaine Jane Fonda à l’occasion d’un prix honorifique, nous écrivions déjà qu’elle était encore présente sur tous les fronts. Un constat qui est plus que jamais d’actualité, alors que l’icône du cinéma hollywoodien fêtera son 87ème anniversaire dans deux mois. A cet âge-là, le commun des mortels lève généralement le pied et s’accorde une douce décélération jusqu’à la disparition.
Pas Fonda, qui est plus que jamais de tous les combats et de toutes les opportunités d’exposition médiatique ! Ainsi, elle illuminait la Croisette de sa présence décontractée en mai dernier, après avoir remis la Palme d’or à Justine Triet pour Anatomie d’une chute lors du Festival de Cannes précédent. Et au lieu de consacrer son été au farniente ou au tournage de la prochaine comédie avec sa meilleure copine Lily Tomlin, elle avait fait du porte-à-porte dans les états américains, où des candidats locaux sont en lice pour défendre le genre de politique écologique qui lui tient tant à cœur depuis quelques années.
C’est cette énergie inépuisable, tout comme une intégrité à toute épreuve et accessoirement une filmographie des plus respectables qui seront honorées par voie du Lifetime Achievement Award de ses confrères et consœurs de la Screen Actors Guild l’année prochaine. L’annonce en a été faite la semaine dernière, le jeudi 17 octobre, par la présidente du puissant syndicat des acteurs américains Fran Drescher. La 31ème cérémonie des Screen Actors Guild Awards aura lieu le dimanche 23 février 2025. Comme ce fut le cas plus tôt cette année, elle sera diffusée en direct sur Netflix. L’annonce des nominations aura lieu, quant à elle, le mercredi 8 janvier 2025.
Alors que le prix honorifique du syndicat des acteurs sera remis pour la soixantième fois l’année prochaine, ce n’est que la deuxième fois que pour la quatrième fois de suite une actrice obtient ce plus haut honneur des comédiens du cinéma et de la télévision. Jane Fonda succède en ligne directe à Barbra Streisand, Sally Field et Helen Mirren, tout comme sa meilleure copine Lily Tomlin – encore elle – avait été la quatrième lauréate féminine de suite en 2017 après Carol Burnett, Debbie Reynolds et Rita Moreno. Pour celles et ceux qui suivent de près la carrière de Fonda, vous aurez noté que les quatre actrices principales de 80 for Brady de Kyle Marvin, sorti en ligne en France au mois de février 2023, disposeront bientôt d’un Screen Actors Guild Award d’honneur.
La longue et illustre vie publique de Jane Fonda (* 1937) dispose déjà de tant de chapitres, qu’il ne nous étonnerait pas plus que ça que la fille de l’acteur mythique Henry Fonda (Douze hommes en colère) et la sœur de l’acteur Peter Fonda (Easy Rider) en rajoutera encore un ou deux avant de tirer sa révérence. Il faudra en effet remonter jusqu’aux années 1960 pour trouver ses premiers rôles dans des films tels que La Rue chaude de Edward Dmytryk, La Poursuite impitoyable de Arthur Penn et Pieds nus dans le parc de Gene Saks.
Son premier rôle emblématique, elle le tient en 1968 dans Barbarella de son mari de l’époque Roger Vadim. Ensuite elle excelle pendant une bonne dizaine d’années chez des réalisateurs aussi reconnus que Sydney Pollack (On achève bien les chevaux et Le Cavalier électrique), Alan J. Pakula (Klute et Le Souffle de la tempête), Jean-Luc Godard (Tout va bien), Joseph Losey (Maison de poupée), Fred Zinnemann (Julia), Hal Ashby (Retour), Herbert Ross (California Hôtel) et James Bridges (Le Syndrome chinois).
Alors que les années ’80 commencent pour elle sur les chapeaux de roue avec le double succès commercial de Comment se débarrasser de son patron de Colin Higgins et La Maison du lac de Mark Rydell, dans lequel elle partage l’affiche avec son père et Katharine Hepburn, sa carrière commence à se tasser progressivement. A tel point qu’après Stanley et Iris de Martin Ritt en 1990, elle la met entre parenthèses pendant quinze ans afin de se consacrer à son couple avec l’entrepreneur américain Ted Turner.
Heureusement pour nous et pour elle, Jane Fonda est revenu sur son idée de retraite et n’a quasiment pas cessé de tourner depuis. Alors oui, elle est essentiellement abonnée aux comédies plus ou moins immatures. Et il est rare que de grands noms du cinéma contemporain font appel à elle, comme Paolo Sorrention pour Youth en 2015. Mais rien que son succès phénoménal dans les sept saisons de la série Netflix « Grace et Frankie » l’a fait connaître à toute une nouvelle génération de spectateurs et de spectatrices.
Il nous paraît difficile, voire impossible de faire l’inventaire de tous les trophées que Jane Fonda a déjà gagnés tout au long de son illustre carrière. En termes de prix honorifiques, elle doit déjà en avoir une bonne dizaine dont les plus prestigieux sont par ordre chronologique la Palme d’or au Festival de Cannes en 2007, le prix de l’American Film Institute en 2014, le Lion d’or du Festival de Venise en 2017 et le prix Lumière à Lyon en 2018. La Screen Actors Guild l’avait jusqu’à présent nommée à quatre reprises : en tant que membre du Meilleur ensemble pour Le Majordome de Lee Daniels en 2014, puis trois fois de suite entre 2017 et 2019 pour son rôle emblématique dans « Grace et Frankie » comme Meilleure actrice dans une série comique.
En termes compétitifs, elle a été nommée à sept reprises aux Oscars entre On achève bien les chevaux en 1970 et Le Lendemain du crime de Sidney Lumet en 1987 avec deux victoires à son actif, en 1972 pour Klute et sept ans plus tard pour Retour. L’Académie du cinéma britannique l’avait nommée le même nombre de fois, quoique pour une liste de films légèrement différente. Avec là aussi deux victoires à la clé, de façon successive pour Julia en 1979 et Le Syndrome chinois l’année suivante. Enfin, aux Emmies, elle a été nommée cinq fois dont deux comme Meilleure actrice invitée dans la série HBO « The Newsroom » de Aaron Sorkin et l’avait gagné en 1984 pour le téléfilm « Les Poupées de l’espoir » de Daniel Petrie.