Test Blu-ray : Electric Dreams / La Belle et l’Ordinateur

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Electric Dreams

États-Unis : 1984
Titre original : Electric Dreams
Réalisation : Steve Barron
Scénario : Rusty Lemorande
Acteurs : Lenny von Dohlen, Virginia Madsen, Maxwell Caulfield
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h36
Genre : Comédie
Date de sortie cinéma : 17 avril 1985
Date de sortie DVD/BR : 23 octobre 2024

Miles Harding est architecte et travaille à la création d’un nouveau type de briques résistantes aux tremblements de terre. Pour l’aider dans son travail, il décide d’acquérir un ordinateur dernière génération. Mais celui-ci se retrouve doué de la pensée et de sentiments comparables à un être vivant. En parallèle, Miles fait connaissance avec sa nouvelle voisine, la charmante Madeline, joueuse de violoncelle. Un triangle amoureux va opposer Miles et son ordinateur pour la conquête de Madeline…

Le film

[3,5/5]

Les développements récents en termes d’intelligence artificielle (IA) ont permis à cette technologie de faire un tel bond en avant ces dernières années qu’elle en soulève aujourd’hui une poignée de problèmes éthiques et philosophiques assez préoccupants. Si ces interrogations tendent de nos jours à devenir de véritables sujets de société, les questions soulevées par le développement de l’IA ne datent pas d’hier. Ainsi, certaines dérives possibles avaient déjà été évoquées dans les films de ce qu’on pourrait appeler l’ère du « Compiouteur mouvie », qui commencera à la fin des années 60 (L’Ordinateur en folie, 2001 : Odyssée de l’espace), mais se développera surtout au début des années 80, avec l’explosion de la technologie du « PC » ou ordinateur personnel.

De fait, le Compiouteur Mouvie a trouvé son Âge d’Or à la fin des années 70 et tout au long des années 80 grâce à des films tels que Génération Proteus (Donald Cammell, 1977), Saturn 3 (Stanley Donen, 1980), Tron (Steven Lisberger, 1982), WarGames (John Badham, 1983), Superman 3 (Richard Lester, 1983), La Belle et l’Ordinateur (Steve Barron, 1984), Une créature de rêve (John Hughes, 1985) ou encore Short Circuit (John Badham, 1986). En réaction à la fièvre de l’informatique familiale qui commençait à déferler sur le monde, ces films mettaient en scène des ordinateurs ou des machines dotées d’une intelligence artificielle poussée, et posaient en filigrane tous une seule et même question : l’ordinateur est-il vraiment notre ami ?

A cette question, La Belle et l’Ordinateur, qu’ESC Éditions ressort aujourd’hui au format Blu-ray sous son titre original Electric Dreams, semble répondre un grand “Non”. Jouant la carte de la fausse naïveté, Steve Barron et son scénariste Rusty Lemorande font prendre au film les atours d’une inoffensive comédie romantique pour finalement soulever un certain nombre de questions concernant les attentes de tout un chacun vis-à-vis de la technologie et même pousser la réflexion un peu plus loin en ce qui concerne la société “d’écrans” à laquelle l’époque était tout doucement en train de nous acclimater.

Parallèlement au discours développé tout au long du film, Electric Dreams s’avère aujourd’hui tout à fait étonnant d’un point de vue formel : la mise en scène de Steve Barron, qui s’était fait connaître par la réalisation de nombreux clips (Michael Jackson, Madonna, A-Ha…), est extrêmement ample et inhabituelle, et le film tire vraiment son épingle du jeu par son montage, assuré par Peter Honess, qui apporte par sa dimension musicale une véritable valeur ajoutée aux plans barrés et parfois volontairement bizarres imaginés par Barron. Si bien sûr l’apport de Steve Barron n’est pas à minimiser, c’est vraiment par le montage, qui donne par moments l’impression d’assister à une suite de clips so 80’s, que le film trouve sa tonalité : Peter Honess parvient ici brillamment à transposer sur grand écran l’atmosphère des débuts de MTV.

Electric Dreams était le premier long métrage de Steve Barron, mais sa sophistication formelle est encore aujourd’hui très impressionnante, même selon les normes contemporaines. Les amateurs de musique des années 80 se régaleront probablement de sa bande originale signée Giorgio Moroder, et les autres apprécieront à coup sûr à sa juste l’incroyable présence à l’écran de la jeune Virginia Madsen, qui trouvait ici l’un de ses tout premiers rôles et qui formait avec Lenny Von Dohlen un couple vraiment crédible et plein de charme. Dans une interview accordée à nos confrères de l’AV Club en 2013, elle expliquerait cette alchimie en ces mots : « J’avais un béguin fou pour Lenny Von Dohlen. Mon Dieu, nous étions tellement… Nous étions fous l’un de l’autre. Il ne s’est rien passé entre nous à l’époque, mais avec le recul, je l’admets : J’aurais voulu que ça arrive. Il est toujours l’un de mes meilleurs amis. »

Le Blu-ray

[4,5/5]

C’est ESC Éditions qui nous offre aujourd’hui l’opportunité de (re)découvrir Electric Dreams sur support Blu-ray : une bien belle initiative pour un film finalement pas si connu en France ! Côté master, le film de Steve Barron s’offre d’ailleurs une présentation de toute beauté, rendant un bel hommage à la jolie photo du film signée Alex Thomson, et nous offrant par ailleurs un piqué qui peut fluctuer légèrement d’une séquence à l’autre, mais qui s’avère globalement très satisfaisant. Le grain argentique d’origine est tout à fait respecté, les couleurs vives et franches affichent une belle pêche, et les contrastes sont solides, ne bouchant jamais les noirs par excès de zèle. Côté son, le film nous est proposé à la fois en VF et en VO en DTS-HD Master Audio 2.0 d’origine, clair et sans souffle ni craquement ou saturation disgracieuse.

Du côté des suppléments, ESC Éditions nous propose, outre la traditionnelle bande-annonce, de se lancer dans le visionnage du film avec, en préambule, une introduction de Fabien Mauro (3 minutes), qui reviendra sur la façon dont il a découvert Electric Dreams tout en survolant rapidement la carrière de Steve Barron. On retrouvera à nouveau le chroniqueur de Rockyrama dans une intéressante présentation du film par Fabien Mauro (35 minutes), au cœur de laquelle il approfondira son propos en remettant le film dans son contexte de tournage, et en insistant sur les personnalités de Steve Barron et du scénariste Rusty Lemorande. Les amateurs de musique 80’s n’ayant pas les oreilles qui saignent à la simple évocation d’un synthétiseur pourront également se régaler d’un sujet consacré aux musiques de films de Giorgio Moroder (23 minutes), assuré en voix-off par Alexandre Jousse. On notera également que le Combo Blu-ray + DVD d’Electric Dreams édité par ESC Éditions nous est proposé dans un chouette Digipack trois volets surmonté d’un fourreau, contenant également un livret de 32 pages consacré au film signé Marc Toullec, et un poster recto/verso format A3 reprenant l’affiche originale et le visuel de l’édition.

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