Test Blu-ray : Cinq tulipes rouges

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Cinq tulipes rouges

France : 1949
Titre original : –
Réalisation : Jean Stelli
Scénario : Charles Exbrayat, Marcel Rivet
Acteurs : Suzanne Dehelly, Jean Brochard, René Dary
Éditeur : Pathé
Durée : 1h38
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 23 mars 1949
Date de sortie DVD/BR : 16 octobre 2024

Lors du Tour de France 1948, cinq coureurs sont retrouvés morts avec une tulipe rouge près de leur corps. Une journaliste et un inspecteur de police mènent l’enquête pour retrouver le meurtrier…

Le film

[3/5]

Complètement oublié depuis sa sortie sur les écrans français en 1949, Cinq tulipes rouges vient d’être remis sur le devant de la scène cinéphile, en même temps qu’un autre film restauré par Pathé, à savoir Au P’tit Zouave, que l’on a évoqué hier. Ce qu’il y a d’amusant, c’est que de ce fait, beaucoup d’amoureux de cinéma de patrimoine découvriront les deux films en même temps, et que s’ils n’ont pas grand chose à voir l’un avec l’autre, il existe tout de même un lien entre les deux longs-métrages : tous deux nous proposent en effet une intrigue policière qui sert de fil conducteur à l’intrigue, mais qui n’en est cependant pas le cœur.

Dans le cas du film de Gilles Grangier Au P’tit Zouave, que nous avons abordé hier, un serial killer sème la terreur dans le quartier de Grenelle, mais le film s’avère plutôt une intéressante « chronique » de la vie parisienne du début des années 50 ayant pour base un petit bistrot de quartier. Dans le cas de Cinq tulipes rouges, on aura également le droit à un tueur en série, qui tue un à un les favoris du Tour de France 1948, en laissant sur leur cadavre une tulipe rouge. Mais comme on pouvait s’y attendre, le film de Jean Stelli s’intéresse beaucoup plus au contexte dans lequel se déroule l’histoire qu’à l’enquête en elle-même.

Le scénario de Cinq tulipes rouges, coécrit pas Charles Exbrayat et Marcel Rivet, n’est pas un modèle de crédibilité en ce qui concerne l’enquête menée par Ricoul, le personnage incarné par Jean Brochard. D’ailleurs, dès son apparition dans le récit, on a vaguement l’impression que l’enquête est vraiment menée par-dessus la jambe : c’est le suspect arrêté par la police (Raymond Bussières, excellent) qui apprend à l’inspecteur-chef que le meurtre dont il est accusé est le troisième à se produire depuis le début du Tour de France. Ce manque de rigueur a forcément de quoi faire sourire…

Par la suite, la narration de Cinq tulipes rouges réunira Ricoul et « Colonelle », une journaliste très masculine interprétée par Suzanne Dehelly, et la plupart de leurs interactions seront plutôt placées sous le signe de la comédie, jusqu’à un brusque retour au sérieux en toute dernière bobine, au moment où l’identité du tueur est révélée. L’enquête à proprement parler n’est donc pas ce qui intéresse Jean Stelli. L’idée ici est davantage de se concentrer sur l’univers du Tour de France : le film applique par ailleurs à son récit le rythme de ce fameux événement sportif, et articule son récit en étapes, en suivant principalement trois équipes cyclistes : la française, l’italienne et la belge.

Visiblement « sponsorisé » par les journaux L’équipe, Le Parisien et France Soir, qui bénéficient d’une très large présence à l’écran ainsi que dans le récit (c’est carrément une journaliste sportive qui résoudra l’enquête, se substituant à la police et au personnage de Jean Brochard, le plus souvent tourné en dérision), Cinq tulipes rouges donne à voir au spectateur de nombreuses véritables images du Tour de France. On sent d’ailleurs que le Tour de France est le véritable héros du film, puisque le long-métrage ne comporte aucune véritable vedette au générique, même si bien entendu les cinéphiles ayant également vu Au P’tit Zouave reconnaîtront l’excellente Annette Poivre, qui interprète Fernande dans le film de Gilles Grangier.

De fait, Cinq tulipes rouges nous propose une description du Tour de France qui paraît assez bien documentée, et constitue, à la manière d’un film tel que Jeux Olympiques Paris 1924, un témoignage intéressant concernant le sport à une époque qui nous paraît aujourd’hui très éloignée : coureurs, directeurs sportifs, mécaniciens, villes-étapes, etc. Pas de sponsors omniprésents, pas d’équipes scientifiques bardées de seringues, pas de roues lenticulaires ou de cadres en carbone… Les passionnés de la petite reine y trouveront probablement leur compte !

Le Combo Blu-ray + DVD

[5/5]

Disponible chez Pathé au sein d’une nouvelle vague de sa collection « Version restaurée par Pathé », Cinq tulipes rouges s’offre donc un extraordinaire lifting Haute Définition sur galette Blu-ray. On notera par ailleurs que le film est proposé dans un très beau Digipack surmonté d’un fourreau en carton : un packaging très soigné et élégant, qui renforce l’aspect « Collection ». Côté master, le rendu est littéralement sublime : le film est proposé au format 1.39 respecté et encodé en 1080p, et affiche un niveau de détail très accru, tout en respectant scrupuleusement le grain pellicule d’origine. Le piqué est d’une étonnante précision et les contrastes pointus accentuent l’impression de profondeur de l’ensemble, tout en soulignant les qualités de la photo noir et blanc de Marcel Grignon : c’est du très beau travail. Le mixage audio est proposé en DTS-HD Master Audio 2.0, clair, équilibré, sans souffle ni craquement disgracieux : même si l’on est naturellement pas en présence d’un spectacle ultra-spectaculaire du strict point de vue sonore, le rendu acoustique est excellent et irréprochable.

Côté suppléments, l’éditeur nous propose tout d’abord de découvrir une présentation du film par Benoît Heimermann, Matthieu Letourneux et Didier Griselain (45 minutes), qui reviendront sur les liens entre le Tour de France et le cinéma et plus particulièrement sur Cinq tulipes rouges : son réalisme, ses nombreux « placements de produit » pour L’équipe, Le Parisien et France Soir, etc. On terminera ensuite avec une sélection d’actualités Pathé consacrées au Tour de France 1948 (8 minutes).

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