Test Blu-ray : Black Flies

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Black Flies

États-Unis : 2023
Titre original : Asphalt City
Réalisation : Jean-Stéphane Sauvaire
Scénario : Ben Mac Brown, Ryan King
Interprètes : Tye Sheridan, Sean Penn, Katherine Waterston
Éditeur : Metropolitan Vidéo
Durée : 2h05
Genre : Drame, Thriller
Date de sortie cinéma : 3 avril 2024
Date de sortie DVD/BR : 12 septembre 2024

Ollie Cross, jeune ambulancier de New York, fait équipe avec Gene Rutkovsky, un urgentiste expérimenté. Confronté à la violente réalité de leurs quotidiens, il découvre les risques d’un métier qui chaque jour ébranle ses certitudes et ne lui laisse aucun répit…

Le film

[3,5/5]

Sorti sur les écrans du monde entier en 1999, le film de Martin Scorsese À tombeau ouvert avait impressionné bon nombre de spectateurs par la façon hallucinée dont il présentait la vie des ambulanciers New-Yorkais, en suivant une série de personnages épuisés et dérangés qui tentaient de donner un sens à leur travail et à la folie qui les guettait. Au volant de son ambulance, le personnage incarné par Nicolas Cage fonçait dans la nuit, passant sans répit d’un cas extrême à l’autre, frénétiquement, jusqu’à la limite de ses forces. Adapté du roman « Ressusciter les morts » de Joe Connelly, ancien ambulancier, le film de Martin Scorsese parvenait à saisir la réalité poignante d’un être aspiré dans une spirale infernale, et à nous dresser le portrait d’un homme conduit aux frontières de la folie par les fantômes de ces spectres qu’il n’avait pu sauver.

Martin Scorsese n’avait peur ni de l’horreur, ni de l’emphase, et À tombeau ouvert s’était révélé un bel uppercut de cinéma, notamment grâce au scénario de Paul Schrader, qui donnait au film une réelle profondeur, et lui permettait d’évoquer avec une absolue authenticité les tragédies qui composaient la réalité urbaine de l’époque. 25 ans plus tard, il semble que Jean-Stéphane Sauvaire ait tenté de livrer une suite au film de Scorsese en mode Bigger and Louder avec Black Flies, adaptation du roman « 911 » de Shannon Burke, un autre ancien ambulancier New-Yorkais. Très attaché aux techniques issues du documentaire, Sauvaire n’hésitera pas à plonger le spectateur dans l’enfer du quotidien de ses personnages, faisant grimper le niveau de stress, d’anxiété et même d’angoisse à des niveaux impressionnants, dans le but de montrer ce à quoi les professionnels sont confrontés tous les jours.

À l’occasion de notre découverte d’Une prière avant l’aube en 2018, on avait déjà souligné les difficultés éprouvées par Jean-Stéphane Sauvaire pour naviguer entre les genres, ainsi que sa propension à se vautrer allégrement dans les scènes volontiers complaisantes, volontairement étirées en longueur. Cet aspect de son cinéma se retrouve à nouveau dans Black Flies : distrait par sa volonté farouche de s’étendre sur les images-choc et à enchainer les illustrations – pour le moins intenses cela dit – de la décadence humaine (malades mentaux, gangs armés, sans-abri belliqueux…), le cinéaste en oublie parfois de nous raconter une histoire. De fait, pendant les deux tiers du métrage, Black Flies prend presque des allures de film à sketchs, suivant les personnages incarnés par Tye Sheridan et Sean Penn au cours de leurs interventions et, occasionnellement, de leurs parties de jambes en l’air, sans pour autant faire avancer les divers enjeux narratifs mis en place dans les dix premières minutes du film.

Ainsi, si Black Flies est régulièrement impressionnant dans sa forme (on notera une poignée d’idées visuelles absolument remarquables), il tend à en oublier le fond, ne cherchant jamais à étendre son discours, à comprendre les responsabilités professionnelles de ses personnages ou à pointer du doigt les dérives de la société contemporaine. Pour autant, force est d’admettre que la tension ne faiblit jamais, et que le film met en évidence le stress impitoyable du métier d’ambulancier, même si le malaise développé sur certaines scènes demandera clairement au public d’avoir le cœur et les tripes bien accrochés.

Le Blu-ray

[4/5]

En dépit d’un film aux partis pris radicaux, multipliant les scènes nocturnes et les éclairages bruts, le Blu-ray de Black Flies édité par Metropolitan Vidéo représente la référence, le top du top en matière de Blu-ray. Le piqué est précis, avec des couleurs somptueuses, des noirs profonds et des contrastes au top niveau. La définition et l’encodage sont irréprochables, bref, tout est littéralement impeccable, il n’y a absolument rien à redire : un grand bravo à Metro. Côté son, le film nous est proposé en DTS-HD Master Audio 5.1, à la fois en VF et en VO, et dans les deux cas, les mixages assurent une immersion absolue au cœur du film, doublé d’un spectacle sonore extraordinaire, au dynamisme littéralement époustouflant. Du très beau travail.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un documentaire signé Jean-Stéphane Sauvaire intitulé Paramedics Conversation (37 minutes), qui mettra en parallèle Black Flies et l’expérience de deux ambulanciers New-Yorkais – une façon très intéressante de mettre en avant le réalisme du film, notamment dans la retranscription à l’écran des gestes techniques. Parallèlement, les deux intervenants reviendront sur différentes facettes de leur métier ainsi que sur son évolution dans le New York de 2023. On continuera ensuite par un entretien avec Jean-Stéphane Sauvaire (29 minutes). Il commencera en revenant sur la figure de l’archange Saint-Michel, saint patron des ambulanciers, puis reviendra sur la genèse du film, son attachement au réalisme (et notamment sur l’absence de sécurité sociale aux États-Unis) et sa volonté farouche de tourner à New York, et notamment dans des endroits réputés comme « dangereux ». Il évoquera par la suite sa façon de diriger les acteurs non-professionnels, le recours à l’Art-Thérapie, le tournage de certaines scènes ou encore la construction narrative du film, basée sur les quatre grands moments de la vie du personnage de Sean Penn. Très intéressant ! Pour terminer, en plus de la traditionnelle bande-annonce, on trouvera deux scènes coupées (6 minutes), mettant toutes deux en scène Tye Sheridan dans des moments de doute et d’introspection.

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