Critique : Les belles créatures

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Les belles créatures

Islande : 2022
Titre original : Berdreymi
Réalisation : Gudmundur Arnar Gudmundsson 
Scénario : Gudmundur Arnar Gudmundsson 
Interprètes : Birgir Dagur Bjarkason, Áskell Einar Pálmason, Viktor Benóný Benediktsson, Snorri Rafn Frímannsson
Distribution : Outplay
Durée : 2h03
Genre : Drame
Date de sortie : 25 septembre 2024

3.5/5

Synopsis :  Addi, 14 ans, est élevé par sa mère clairvoyante qui perçoit l’avenir dans les rêves. Il prend sous son aile Balli, un garçon introverti et en marge, victime d’harcèlement scolaire. En l’intégrant à sa bande, ces garçons désœuvrés et livrés à eux-mêmes explorent la brutalité et la violence, comme seuls moyens d’expression et d’exister. Alors que les problèmes du groupe s’aggravent, Addi commence à vivre une série de visions oniriques. Ses nouvelles intuitions lui permettront-elles de les guider et de trouver leur propre chemin ?

Connaît on bien les ados qui nous entourent ?

Peut on raisonnablement avoir la prétention de bien connaître les ados qui nous entourent, même celles et ceux qui, éventuellement, sont très proches de nous ? Et puis, « nos » ados sont-ils ou ne sont-ils pas différents de ceux d’autres pays, l’Islande, par exemple. C’est le genre de questions que de nombreux spectateurs ne manqueront pas de se poser à la sortie de Les belles créatures, le film islandais de Gudmundur Arnar Gudmundsson. Bien qu’aucune indication ne soit donnée sur la période durant laquelle se déroule l’action de ce film, le fait que les adolescents qu’on y rencontre n’utilisent pas de téléphones portables nous amène vers la fin du siècle précédant et confirme l’hypothèse qui vient très vite à l’esprit : le réalisateur, né en 1982, avait l’âge des protagonistes de son film en 1996, une époque où on arrivait encore à exister sans téléphone portable, et ce dont il nous parle, il a dû le vivre, peut-être personnellement, peut-être au travers de ce que pouvaient lui raconter certains de ses condisciples. Nous voici donc dans la région de Höfuðborgarsvæðið, celle qui comprend  Reykjavik, la capitale du pays, une région qui comprend les deux tiers de la population islandaise. Dans le collège qu’ils fréquentent tous les 4, Balli est la tête de turc de sa classe et il est sans arrêt victime de harcèlement scolaire alors qu’un groupe de 3 élèves se montre particulièrement actif dans ce domaine. Constitué de Konni, un garçon qui a pour habitude de cogner avant de parler, de Addi, apparemment plus réfléchi, et de Siggi, dont la personnalité s’affirme peu, ces 3 « belles créatures » vont aller jusqu’à agresser Balli avec une grande violence, à tel point que ce dernier va se retrouver à l’hôpital et devenir, un soir, le sujet de la une du journal télévisé. Toutefois, quand on a 14 ans, on peut se retrouver à la merci de plus âgé que soit, ce qui arrive à Konni, menacé par le petit ami d’une fille plus âgée que lui et qu’il a osé embrasser.

La qualité du film se trouve ailleurs que dans les scènes de baston

Dans sa représentation du monde d’un certain nombre d’adolescents, ceux dont on dit qu’ils font preuve d’un comportement déviant, Gudmundur Arnar Gudmundsson se situe quelque part entre Gus Van Sant et Larry Clark. Toutefois, ce n’est pas dans les scènes de baston ni dans la scène à caractère ouvertement sexuel que se situe le mérite principal de Les belles créatures. Par rapport à d’autres œuvres s’intéressant à ce type de jeunesse, la qualité principale de Les belles créatures se situe à 2 niveaux. Tout d’abord, sans chercher à excuser le comportement de chacun des protagonistes, Gudmundur Arnar Gudmundsson excelle dans sa façon de les expliquer, s’intéressant tout particulièrement à leur environnement familial, qui, à l’exception de celui de Addi, est fait de pères au mieux absents, au pire nuisibles de par leur brutalité et/ou leur alcoolisme. L’autre point fort du film réside dans la peinture qui est faite d’un sentiment qu’on ne s’attendait pas forcément à trouver aussi fort dans un tel contexte : l’amitié. En particulier, celle qui, partant d’une situation de conflit brutal, s’établit petit à petit entre Addi et Balli. On peut ajouter une autre qualité, celle de l’interprétation, avec 4 adolescents qui apportent un jeu très naturel qui permet d’adhérer sans problème au discours du réalisateur. A contrario, les incursions dans un certain onirisme n’apportent rien au film mais, heureusement, elles arrivent à ne pas lui nuire.

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