Critique : Marcello Mio

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Marcello Mio

France, Italie : 2024
Réalisation : Christophe Honoré
Scénario : Christophe Honoré
Acteurs : Chiara Mastroianni, Catherine Deneuve, Fabrice Luchini
Distribution : Ad Vitam
Genre : Comédie
Durée : 2h00
Date de sortie (FR): 21 mai 2024

3/5

Le dernier film de Christophe Honoré nous raconte le parcours de maturation d’une Chiara Mastroianni fantasmée, cherchant son identité d’actrice, tout en bataillant avec l’ombre de son père. L’opportunité d’un tournage avec Fabrice Luchini va déclencher en elle une crise qui l’amènera à prendre pour un temps l’apparence de son père.

Synopsis : C’est l’histoire d’une femme qui s’appelle Chiara. Elle est actrice, elle est la fille de Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve et le temps d’un été, chahutée dans sa propre vie, elle se raconte qu’elle devrait plutôt vivre la vie de son père. Elle s’habille désormais comme lui, parle comme lui, respire comme lui et elle le fait avec une telle force qu’autour d’elle, les autres finissent par y croire et se mettent à l’appeler « Marcello ».

C’est à la fois une des idées les plus barrées que j’ai entendues récemment et aussi le produit à peine dissimulé d’un petit milieu parisien aux manières convenues. Cette ambiguïté assumée fait écho à celle du film lui-même.

Christophe Honoré est sans doute le réalisateur dont je trouve les manières les plus insupportables et l’esthétique la plus laide. Rien que l’évocation du souvenir d’un film comme “Dans Paris” me soulève le cœur. Pour autant, voilà bien un auteur qui ne m’a jamais menti. Je veux dire qu’il y a une indécence dans son cinéma, certainement créative pour lui puisqu’elle continue à produire des films, et que cette honnêteté, ce manque de calcul a quelque chose de courageux. 

Peut-être, et c’est mon idée, le cinéma est un peu malade de crier son  identité, comme Chiara, entre Deneuve et Mastroianni; à se demander si ça vaut bien le coup de faire encore un film. Dans cette crise identitaire, je trouve remarquable qu’ Honoré laisse le public décider par lui-même la réponse à cette question existentielle.

Il y a une manière d’offrir au regard la vie moitié privée – moitié fictionnelle de ses personnages de bobos parisiens emprisonnés dans leur héritage doré qui relève presque de l’outrage. Avec le recul, je remercie le film pour ça, tant il est rare de ressentir quelque chose en ce moment, ne serait-ce que du mépris.

Je ne partirais jamais en vacances avec ces gens, c’est certain, mais je suis surpris que le temps d’un film, on puisse aussi bien se supporter.

Conclusion

J’ai aimé détester ce film autant que je déteste son réalisateur. C’est étrange, je l’admets volontiers, mais quelque chose dans cette manière de s’offrir aux regards comme ça, dans toute cette esthétique douteuse relève du courage ou de la folie furieuse. Il y a un auteur, j’en suis maintenant sûr, aussi antipathique puisse-t-il être.

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