De retour en salles au mois de septembre 2024

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Le Seigneur des anneaux La Communauté de l’anneau © 2001 Wing Nut Films / New Line Cinema /
Warner Bros. Discovery France Tous droits réservés

Tandis que l’on ne ressent pas encore tout à fait le souffle de la reprise, propre à chaque rentrée, du côté des sorties cinéma hebdomadaires, le programme des reprises de ce mois de septembre 2024 se montre des plus prometteurs. Au cours des quatre mercredis du mois, vous aurez ainsi l’occasion de faire le tour du monde, des époques et des genres par grand écran interposé en une vingtaine de films. Un peu d’ancien, sous forme de films noirs américains, et beaucoup de pas si ancien, avec un nombre conséquent de films produits entre les années 1960 et ’80, jusqu’à une reprise en version longue du Seigneur des anneaux par Peter Jackson, qui avait enthousiasmé les spectateurs du monde entier au début du siècle.

Or, les véritables pièces maîtresses de ce mois de ressorties sont les rétrospectives plus ou moins copieuses, très équitablement réparties sur les quatre prochains mercredis. On vous les détaillera par la suite, mais sachez d’ores et déjà que le cinéma du Français Jacques Rozier, de l’Américain Frederick Wiseman et de la Belge Chantal Akerman n’auront plus aucun secret pour vous d’ici le mois d’octobre, à condition de disposer du temps nécessaire pour voir tous leurs films proposés dans de magnifiques versions numériques restaurées.

En parallèle de ces sorties plus ou moins nationales, le cinéma de répertoire est également mis à l’honneur dans les lieux dédiés à l’Histoire du Septième art que sont la Fondation Pathé-Jérôme Seydoux à Paris avec une rétrospective des films de l’actrice américaine Lillian Gish (Intolérance) à partir d’aujourd’hui et jusqu’au mardi 8 octobre, ainsi qu’à l’Institut Lumière à Lyon, où une grande rétrospective des films de Cary Grant (La Mort aux trousses) vient de commencer et s’y déroulera jusqu’au dimanche 6 octobre. La 16ème édition du Festival Lumière prendra la relève à Lyon dès la semaine suivante, à partir du samedi 12 octobre.

Maine Océan © 1986 Les Films du Passage / French Line / France 3 Cinéma / MK2 Films / Potemkine Films
Tous droits réservés

De la génération des cinéastes découverts grâce à la Nouvelle Vague, Jacques Rozier (1926-2023) est peut-être le plus obscur. Seuls quatre de ses films sont sortis au cinéma. Vous aurez l’occasion inespérée de pouvoir les découvrir sur grand écran dès ce jour grâce à Potemkine Films. Car au delà de ses débuts emblématiques en 1962 avec Adieu Philippine – le genre de film qui passait en boucle à la Cinémathèque universitaire à l’époque lointaine de nos études –, Rozier avait pu se bâtir une petite filmographie aussi belle que singulière.

Au fond, il s’agit du meilleur du cinéma français dans ce qu’il a de plus libre et décontracté, à l’écart des dogmes formels, de l’humour potache du cinéma populaire et du ton personnel d’un cinéaste contemporain de Rozier comme Pierre Étaix, à la filmographie à peine plus prolifique. Dans Du côté d’Orouët, Les Naufragés de l’île de la Tortue et Maine Océan, le réalisateur se fait l’observateur mi-impliqué, mi-espiègle de la jeunesse et des conventions sociales d’un pays, qui ne l’a hélas jamais reconnu de son vivant à sa juste valeur. Quinze mois après sa disparition, passée à peu près inaperçue fin mai de l’année dernière, l’heure de sa réhabilitation a enfin sonné !

Juvenile Court © 1973 Zipporah Films / Météore Films Tous droits réservés

Tout juste plus jeune de quatre années que Rozier, Frederick Wiseman (* 1930) continue de faire parler de lui jusqu’à aujourd’hui. En décembre 2023, son dernier documentaire Menus-plaisirs Les Troisgros était sorti au cinéma en France. Et le Centre Pompidou à Paris lui consacre une grande rétrospective en deux chapitres à partir de la semaine prochaine, le lundi 9 septembre pour être précis, et jusqu’à Noël. Trente-trois de ses films y seront présentés en version restaurée, parfois en présence de la légende nonagénaire du cinéma documentaire, Oscar d’honneur pour l’ensemble de son œuvre en 2016.

Dès mercredi prochain, le 11 septembre, trois de ces films bénéficieront d’une ressortie en bonne et due forme chez Météore Films, le distributeur historique des documentaires de Frederick Wiseman en France au moins depuis Ex Libris en 2017. Trois regards sans concession sur les institutions malades des États-Unis au tournant des années 1970 que sont la police (Law and Order), la santé (Hospital) et la justice (Juvenile Court). Trois preuves supplémentaires – s’il y en avait encore besoin – de la maestria de Wiseman dans l’observation de corps de métier ou de milieux sociaux disséqués à force de poser sa caméra au bon endroit, au bon moment !

Le Piège © 1948 Regal Films / United Artists / Les Films du Camélia Tous droits réservés

Si vous êtes des consommateurs assidus des films qui passent sur arte, vous avez probablement déjà vu les quatre films noirs américains que Les Films du Camélia ressort à partir du 18 septembre. En effet, ils étaient tous disponibles en replay pendant un certain temps il y a quelques semaines, voire quelques mois tout au plus. Qu’à cela ne tienne, le cinéma se doit d’être regardé sur grand écran et en salles. Par conséquent, on vous conseille, également, ce rapide tour d’horizon à travers un genre qui avait fait les beaux jours d’Hollywood dans les années 1930 et ’40, porté par des actrices et acteurs aussi emblématiques que Bette Davis, Joan Bennett et Lizabeth Scott, ainsi que Edward G. Robinson, Peter Lorre et Dick Powell.

Au programme : L’Emprise de John Cromwell, l’adaptation du roman de W. Somerset Maugham qui aurait dû valoir son premier Oscar à Bette Davis en 1935 / La Rue rouge de Fritz Lang ou les retrouvailles du réalisateur avec les trois vedettes de son film précédent La Femme au portrait, Robinson, Bennett et Dan Duryea / L’Évadée de Arthur Ripley, sans doute le plus obscur des quatre films dont le scénario a été écrit par Philip Yordan, près de vingt ans plus tard responsable de celui de La Chute de l’Empire romain de Anthony Mann, ressorti le mois dernier / Le Piège de André De Toth, un exemple représentatif de la période faste du film noir américain, qui avait vu sortir la même année, en 1948, des chefs-d’œuvre du genre tels que Les Amants de la nuit de Nicholas Ray, La Cité sans voiles de Jules Dassin et Key Largo de John Huston.

Les Rendez-vous d’Anna © 1978 Hélène Films / Unité Trois / Paradise Films / Gaumont / Capricci Films Tous droits réservés

Près de neuf ans après qu’elle avait mis fin à ses jours le 5 octobre 2015, la réalisatrice Chantal Akerman (1950-2015) manque au cinéma mondial ! Heureusement, Capricci Films est là pour préserver sa mémoire. Cela se fera en deux temps et en deux chapitres équitablement répartis en huit longs-métrages chacun. Le premier, avec ses réalisations de 1974 à 1993, hormis son film le plus connu Jeanne Dielman 23 quai du Commerce 1080 Bruxelles déjà ressorti l’année dernière et Nuit et jour, sortira le 25 septembre. Puis le deuxième, englobant ses films de 1996 à 2015, de Un divan à New York jusqu’à No Home Movie, en passant par La Captive et La Folie Almayer, un mois plus tard, le 23 octobre.

En parallèle de cette rétrospective d’envergure, un coffret Blu-ray incluant la quasi-totalité des longs et courts-métrages de Chantal Akerman paraîtra le 1er octobre aux Éditions Capricci. Et l’aventure de l’exploration de la filmographie aussi personnelle que discrète de la réalisatrice se poursuivra au Jeu de Paume à Paris, du 28 septembre jusqu’au 19 janvier 2025 avec une exposition exceptionnelle, une sélection de ses films, ainsi que des performances, lectures et rencontres. De quoi vous donner envie de vous confronter à cette filmographie certes exigeante, mais de même animée par une quête existentielle et esthétique des plus enrichissantes, non ?

Bona © 1980 NV Productions / Kani Releasing / Carlotta Films Tous droits réservés

Que du très beau en somme, à l’affiche de vos salles de répertoire préférées en cette rentrée 2024 ! En plus de ces cycles plus ou moins complets, plus ou moins prestigieux, trois autres films tentent en solo de ravir les cœurs des cinéphiles nostalgiques. Il s’agit, dès aujourd’hui, du petit retardataire de la rétrospective François Truffaut du mois dernier, La Peau douce, que Carlotta Films a vraisemblablement dissocié des quatre autres films pour cause de présentation ces jours-ci au Festival de Venise dans le cadre de Venezia Classici. Quant à la sortie événement de la trilogie du Seigneur des anneaux de Peter Jackson chez la Warner, on vous conseille de surveiller de près les séances de vos multiplexes les plus proches et de vous préparer physiquement et mentalement à retourner pendant une demi-journée au moins vers la Terre du Milieu.

A un moment hautement préoccupant où des guerres éclatent un peu partout dans le monde, le pamphlet pacifiste de Dalton Trumbo Johnny s’en va-t-en guerre est plus que jamais indispensable. Vous pourriez goûter à l’horreur de la guerre grâce à Malavida Films à partir de la semaine prochaine dans une copie restaurée, présentée initialement à Cannes Classics cette année. Enfin, le travail d’orfèvre de Carlotta Films pour nous faire découvrir des pépites méconnues du cinéma asiatique se poursuivra à la fin du mois, le 25 septembre, avec Bona de Lino Brocka, le réalisateur philippin jadis découvert pour le public occidental par Pierre Rissient et dont le distributeur avait déjà sorti dans le passé Insiang et Manille.

La Peau douce © 1963 Les Films du Carrosse / Société d’Exploitation et de Distribution de Films / Simar Films /
MK2 Films / Carlotta Films Tous droits réservés

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