Critique : Le roman de Jim

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Le roman de Jim 

France : 2024
Titre original : –
Réalisation : Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu
Scénario : Arnaud Larrieu, Jean-Marie Larrieu, d’après le roman de Pierric Bailly
Interprètes : Karim Leklou, Laetitia Dosch, Sara Giraudeau, Bertrand Belin
Distribution : Pyramide Distribution
Durée : 1h41
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 14 août 2024

4/5

25 ans se sont écoulés depuis Fin d’été, le premier long métrage réalisé par les frères Arnaud et Jean-Marie Larrieu. Leurs films ont toujours eu la cote auprès de la critique alors que les avis en provenance des spectateurs étaient en général plus partagés. Avec Le roman de Jim, sélectionné en section Cannes Première lors du Festival de Cannes 2024, tout laisse à penser que, cette fois ci, l’accueil du public sera très favorable. Reste à savoir ce qu’en pensera la critique !

Synopsis : Aymeric retrouve Florence, une ancienne collègue de travail, au hasard d’une soirée à Saint-Claude dans le Haut-Jura. Elle est enceinte de six mois et célibataire. Quand Jim nait, Aymeric est là. Ils passent de belles années ensemble, jusqu’au jour où Christophe, le père naturel de Jim, débarque… Ça pourrait être le début d’un mélo, c’est aussi le début d’une odyssée de la paternité.

Un (très bon) père de substitution

Quand la mère de Florence demande à cette dernière, très, très enceinte : « Qui va s’en occuper de ce loustic ? », la réponse fuse : « Eh ben moi, avec celui qui sera là lorsqu’il sortira ». Et celui qui va être là, c’est Aymeric ! Quelque part dans le Jura, Florence et Aymeric ont travaillé dans le même magasin Spar, ils se sont rencontrés à nouveau dans une soirée mais Aymeric n’est pas le père biologique de Jim, l’enfant qui va naître. Mais qu’importe, lui, le jour de la naissance il est là, ce qui n’est pas le cas de Christopher, le père biologique, un homme marié, déjà père de 2 enfants et pour qui il n’a jamais été question de quitter sa femme. Aymeric, lui, il est là, et en plus d’être amoureux de Florence, il va vivre avec la maman et son fils dans une maison appartenant à la mère de Florence et dont elle avait fait une maison d’hôtes, et il va s’attacher à Jim. Des petits boulots dans la région pour Aymeric, un poste dans un hôpital pour Florence : en résumé tout va bien ! Sauf que la vie, ou plutôt ici, la mort, réserve souvent des surprises : un accident de la route va entrainer le décès de l’épouse de Christopher et de ses deux enfants. Florence a bon cœur, Aymeric aussi : Florence tient à aider Christopher, Aymeric accepte que ce dernier vienne vivre avec eux.

 

Un mélo sans pathos

Contrairement à ce que la présentation pourrait laisser penser, Le roman de Jim n’est pas vraiment un film s’intéressant à la vie d’un trouple (Au cas où vous ne le sauriez pas, c’est le terme qui a été inventé pour remplacer l’expression « ménage à trois », sans doute jugée trop ringarde), aux sentiments d’une femme aimant deux hommes simultanément, non, c’est avant tout un film sur la paternité, sur un homme d’une gentillesse extrême qui s’attache à un enfant dont il n’est pas le père biologique, un film qui parle de l’instinct paternel, trop peu souvent mis en lumière au cinéma. Un film qui parle aussi de ce que peut vivre un enfant lorsqu’il apprend qu’il a 2 pères, un père qu’il appelle papa depuis toujours et un autre qui débarque et dont il se demande s’il doit aussi l’appeler papa. Sont ils pour lui de vrais pères tous les 2 et, si ce n’est pas le cas, lequel est le vrai père  ? Un film, également, sur les mensonges que des parents peuvent raconter à leurs enfants lorsque cela les arrange. Un film, enfin, sur l’éclatement « longue distance » des familles, grandement facilité de nos jours par la démocratisation des transports aériens mais facteur d’inégalité car ne manquant pas de poser des problèmes aux personnes aux revenus modestes ainsi qu’à celles et ceux qu’ils aiment et qui les aiment mais qu’ils ne peuvent plus côtoyer. Arnaud et Jean-Marie Larrieu ne se cachent pas d’avoir réalisé un mélo, mais il y a mélo et mélo : quand un mélo arrive à procurer une grande émotion aux spectateurs sans que jamais ne pointe le moindre soupçon de pathos, on ne peut qu’applaudir des deux mains. C’est le cas ici !

Un comédien exceptionnel

Pour qu’un mélo soit réussi, il faut bien sûr un grand talent côté réalisation permettant d’en faire assez mais pas trop dans la recherche de l’émotion, mais il faut aussi réunir des interprètes qui sachent doser à la perfection les ingrédients émotionnels réclamés par leur rôle. Les frangins Larrieu pouvaient difficilement faire un meilleur choix que celui de Karim Leklou pour interpréter le rôle d’Aymeric. Toute l’humanité d’un homme qui aime, puis d’un homme qui souffre, on la retrouve dans le moindre de ses gestes, dans le moindre de ses regards. A ses côtés, et même si Laetitia Dosch est très loin de démériter dans le rôle de Florence, c’est surtout Sara Giraudeau qu’on remarque. Elle interprète le rôle d’Olivia, une prof de lettres devenue la nouvelle compagne d’Aymeric après le départ de Florence, Christopher et Jim vers le Canada. Le rôle de Christopher est interprété par le chanteur Bertrand Belin, à qui on doit aussi la musique. Il serait injuste de ne pas mentionner la présence de Noée Abita dans un petit rôle qui n’en est pas moins important et de ne pas louer le travail de Irina Lubtchansky, la directrice de la photographie. I

Conclusion

Les frères Larrieu ne nous avaient pas habitué à offrir des mélos aux spectateurs. Bien aidés par une remarquable distribution, leurs premiers pas dans ce genre si délicat s’avèrent parfaitement réussis, avec, tout au long de l’histoire qu’ils racontent, une émotion intense mais qui ne fait jamais tomber le film dans la mièvrerie.

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