Test DVD : Quitter la nuit

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Quitter la nuit

Belgique, France, Canada : 2023
Titre original : –
Réalisation : Delphine Girard
Scénario : Delphine Girard
Acteurs : Selma Alaoui, Veerle Baetens, Guillaume Duhesme
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h44
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 20 mars 2024
Date de sortie DVD : 24 juillet 2024

Une nuit, une femme en danger appelle la police. Anna prend l’appel. Un homme est arrêté. Les semaines passent, la justice cherche des preuves, Aly, Anna et Dary font face aux échos de cette nuit qu’ils ne parviennent pas à quitter…

Le film

[3/5]

« Abordant de front le sujet difficile du viol et de sa considération judiciaire, le premier long métrage de Delphine Girard (réalisatrice bruxelloise dont le court-métrage, Une sœur, était nominé aux Oscars 2020) confirme ici l’exigence de sa mise en scène et la précision de sa direction d’acteur. Quitter la nuit évite de justesse un traitement trop manichéen, en grande partie grâce à un casting de haute volée, dominé par la présence hypnotisante de Selma Alaoui.

Le récit sait accorder des moments de respiration nécessaires au spectateur afin de conserver toute l’humanité des personnages ; en particulier les victimes « périphériques » du drame. Si l’on pourrait déceler quelques raccourcis dans les dialogues et des ruptures de tons rapides, il s’agit sans nul doute de l’éclosion d’une réalisatrice et d’un regard tourné vers la lumière.

S’élever dans les ruines

Après une introduction terrible qui vient faire exploser tous les rapports humains, le titre du film annonce le défi d’Aly, noctambule contrainte de « se réveiller ». Avançant, à rebours, encore paralysée par le souffle de l’explosion, elle essaiera tant bien que mal à tourner ses pas pour retrouver le sens de la marche. Car c’est sans essentialiser, condamner ou expliciter les souffrances que Quitter la nuit présente le drame plutôt comme le récit journalistique d’un affrontement armé. Les vétérans retrouvent petit à petit la vue, la mémoire et peut-être le toucher.

L’on pourrait être surpris de retrouver presque du comique de situation dans les scènes égrenées tout au long du parcours d’Aly. C’est peut-être parce que Quitter la nuit a l’intelligence de chercher résolument à regarder vers la suite, en évitant par là même tous les stéréotypes, ouvrant la brèche pour une solidarité retrouvée. Pour autant, la culpabilité est au cœur du propos. La justice, dans toute sa vertu, pourrait-elle réparer ce qui est déjà brisé ? Exercice complexe que celui de ne pas sombrer dans le didactisme face à des sujets aussi brûlants. Si le film réussit à l’éviter, c’est parce qu’il fonctionne de l’intérieur, au risque de se reposer entièrement sur les épaules de son casting. (…)

Quitter la nuit naît dans une inquiétude sourde, un doute douloureux ; comme la sirène d’un acouphène lancinant qui va s’estomper progressivement pour raconter le retour de ces personnages à la lumière. C’est certainement l’éclosion d’une réalisatrice dont l’exigence du regard nous rend très optimiste de la suite. »

Extrait de la critique de notre rédacteur Guillaume Imbert. Découvrez-en l’intégralité en cliquant sur ce lien !

Le DVD

[4/5]

Après une courte carrière en salles ayant attiré un peu plus de 17.000 spectateurs en France, c’est ESC Éditions qui nous offre aujourd’hui la possibilité de redécouvrir Quitter la nuit sur support DVD. L’éditeur nous propose d’ailleurs une galette numérique en tous points excellente : la définition est exemplaire, sans le moindre problème de compression ou autre pétouille technique. L’éditeur, rôdé au support, nous propose un encodage maîtrisé, dont on ne percevra les limites techniques que sur certains arrière-plans affichant un léger bruit vidéo, ainsi que les scènes nocturnes, un poil plus granuleuses. Côté son, le film est proposé en Dolby Digital 5.1, dans un mixage solide, aux effets discrets, privilégiant de façon très nette l’ambiance aux effets spectaculaires (qui seraient de toutes façons en contradiction avec l’esprit du film). Mais ESC n’oublie pas non plus les cinéphiles qui visionnent leurs films à domicile sans utiliser de Home Cinema : en plus de la piste multicanal, l’éditeur nous propose un mixage Dolby Digital 2.0 du film, plus cohérent si vous visionnez Quitter la nuit sur un « simple » téléviseur.

Du côté de la section suppléments, ESC Éditions nous propose de découvrir le court-métrage Une sœur (16 minutes), qui reprend grosso modo à l’identique le point de départ de Quitter la nuit et a servi de « base » au long-métrage. On continuera ensuite avec un entretien avec Delphine Girard (16 minutes), qui reviendra en toute modestie sur la genèse de son film et nous proposera une intéressante note d’intention.

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