Critique Express : Santosh

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Santosh

Inde : 2024
Titre original : –
Réalisation : Sandhya Suri
Scénario : Sandhya Suri
Interprètes : Shahana Goswami, Sanjay Bishnoi, Sunita Rajwar
Distribution : Haut et Court
Durée : 2h08
Genre : Thriller
Date de sortie : 17 juillet 2024

3.5/5

Synopsis : Une région rurale du nord de l’Inde. Après la mort de son mari, Santosh, une jeune femme, hérite de son poste et devient policière comme la loi le permet. Lorsqu’elle est appelée sur le lieu du meurtre d’une jeune fille de caste inférieure, Santosh se retrouve plongée dans une enquête tortueuse aux côtés de la charismatique inspectrice Sharma, qui la prend sous son aile.

 

Présenté dans la sélection Un Certain Regard de Cannes 2024, Santosh est le premier long métrage de fiction de la britanno-indienne Sandhya Suri. Comme c’est souvent le cas pour les réalisatrices et réalisateurs venant du documentaire, c’est le sujet choisi qui a « forcé » Sandhya Suri à passer du docu à la fiction. En effet, pour elle, « il était impossible de faire un documentaire sur la police indienne ». Peut-être faut il rajouter « honnête » à « documentaire », car il est certainement possible de faire un documentaire sur la police indienne si on s’abstient d’évoquer le sexisme, la violence et la corruption ! Si le but premier de Sandhya Suri était de parler de la violence faite aux femmes en Inde, c’est en partant  de « l’affaire Nirbhaya », ce viol collectif, commis en 2012, d’une jeune femme dans un bus à Dehli, qu’elle a trouvé le moyen de raconter l’histoire qu’elle avait en tête : cette affaire avait engendré des manifestations de femmes dans le pays, des manifestations bien évidemment réprimées par la police. Une des photos prises durant ces manifestations avait particulièrement marqué Sandhya Suri, une photo qui montrait une seule femme parmi les policiers chargés du maintien de l’ordre. Que pouvait elle avoir en commun avec ces autres femmes, avec ces manifestantes ? Ayant découvert l’existence du programme gouvernemental de « recrutement compassionnel » qui permet à la veuve d’un fonctionnaire d’hériter du poste que son mari occupait, elle a fait de Santosh, son personnage principal, une jeune veuve de 28 ans originaire d’une région rurale du nord de l’Inde et qui hérite du poste de policier à la suite du décès de son mari, mort en service  lors d’une manifestation. Très vite, Sandosh se retrouve à travailler auprès de Sharma, une policière expérimentée au comportement ambigu : très dure avec les suspects qu’elle n’hésite pas à brutaliser, elle se montre très bienveillante avec Santosh chez qui elle se retrouve telle qu’elle était dans ses débuts dans la police.

La première enquête impliquant Santosh concerne une jeune fille de 15 ans, membre d’une caste inférieure, qui a été violée et dont on a découvert le corps au fond d’un puits. Saleem, le principal suspect, est un musulman qui, en plus, a commis l’erreur de s’enfuir. Ce contexte permet à la réalisatrice d’aborder sans aucune lourdeur les différents maux dont souffre la société indienne : les inégalités engendrées par le système des castes et l’ostracisme dont souffre de plus en plus la population musulmane malgré, dans les deux cas, l’article 15 de la constitution indienne interdisant les discriminations fondées sur la religion, la race, la caste, le sexe ou le lieu de naissance ; la corruption ; l’homophobie ; les violences policières. L’enquête menée par Sharma et Santosh  va permettre à cette dernière de prendre conscience, petit à petit, de la difficulté d’être une femme dans un milieu policier très machiste ainsi que des comportements douteux que certaines policières, elle y compris, se sentent obligées d’adopter pour arriver à « exister » au sein de cette institution. Comme le dit Sharma à Santosh pour expliquer un mensonge par omission qu’elle a commis, « il y a 2 sortes d’intouchables, ceux qu’on ne peut pas toucher et ceux qu’on ne doit pas toucher ». Pour ce film résolument féministe, Sandhya Suri a choisi une approche très sobre, avec, en particulier, une absence de musique d’accompagnement sauf sur le générique de fin, les seules musiques qu’on entend, des chansons de films Bollywood, étant celles qu’écoutent les protagonistes dans la voiture. Concernant l’interprétation, on ne peut que louer ce que nous offrent Shahana Goswami et Sunita Rajwar, d’une grande justesse dans les rôles de Santosh et Sharma.

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