Critique : Comme un lundi

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Comme un lundi

Japon : 2024
Titre original : Mondays: Kono taimurupu, look joshi ni kidzuka senai to owaranai
Réalisation : Ryo Takebayashi
Scénario : Saeri Natsuo et Ryo Takebayashi Interprètes : Wan Marui, Makita Sports
Distribution : Art House
Durée : 1h23
Genre : Comédie
Date de sortie : 8 mai 2024

4/5

Sorti en 2022 au Japon, Comme un Lundi arrive dans nos salles obscures deux ans plus tard. Cette comédie parvient à renouveler le genre éculé du film de boucle au service de son propos sur le monde du travail nippon.

Synopsis : Votre boss vous harcèle ? Vos collègues vous épuisent ? Vous ne voulez plus retourner au bureau ? Vous n’imaginez pas ce que traversent Yoshikawa et ses collègues ! Car, en plus des galères, ils sont piégés dans une boucle temporelle… qui recommence chaque lundi ! Entre deux rendez-vous client, réussiront-ils à trouver la sortie ?

Un rire sans fin

Dès son générique qui présente les motifs récurrents de sa boucle temporelle, Ryo Takebayashi embrasse les codes du genre. A l’image de Phil Connors dans Un jour Sans Fin ou Tree dans Happy Birthdead, Les héros de Comme un Lundi n’échapperont pas à la courbe d’apprentissage inhérente à la répétition de leurs tâches et tenteront de comprendre la nature et les limites de leur cauchemar temporelle.

Comme un Lundi se démarque de ses prédécesseurs à travers la mécanique de son scénario proche d’un jeu vidéo dans lequel chaque employé devra convaincre son supérieur hiérarchique qu’il est enfermé dans une boucle, jusqu’à persuader le directeur de l’agence marketing. Les différents niveaux de compréhension des personnages quant à la nature du piège dans lequel ils sont enfermés seront l’une des sources d’humour du film. Et au fur et à mesure de la répétition des évènements, les protagonistes acquerront une connaissance omnisciente des événements dans des scènes comiques qui culmineront en une présentation marketing loufoque.

En plus de tirer parti des caractéristiques des boucles temporelles comme support humoristique, Comme un Lundi s’appuie sur ses personnages, notamment le directeur de l’entreprise Shigeru Nagahisa, joué par Makita Sports, dont les tentatives de motiver ses jeunes collaborateurs tomberont sans cesse à plat. En outre, le long-métrage profite du projet sur lequel l’agence de publicité oeuvre, à savoir la promotion d’une soupe miso effervescente, pour faire la satire du monde du travail japonais. Mais il s’agit là d’un simple échantillon de la richesse thématique de film.

La boucle en métaphore

Comme un Lundi utilise sa forme filmique en tant que métaphore du milieu du travail au Japon. Le huis clos et la boucle temporelle symbolisent l’incapacité du personnage principale Akemi et de nombreux salariés japonais à trouver un bon équilibre entre vie privée et vie professionnelle, mais aussi la monotonie de leur tâche, et leur aliénation. Entre les quatre murs de l’agence, personne n’interagit vraiment, ne considère l’autre. La carriériste et individualiste Akemi en est la parfaite incarnation, elle qui juge ses collègues comme un fardeau et est gangrénée par son ambition.

À travers sa boucle narrative principale dans laquelle les employés de l’agence doivent pour prouver à leurs supérieurs qu’ils sont prisonniers du temps, Comme un Lundi contraint ses personnages à s’entraider, déléguer leur travail, considérer leurs collègues et leurs paroles à leur juste valeur même s’ils ne sont que de simples secrétaires. En somme, sortir des mauvais schémas du monde du travail au Japon pour sortir de la boucle temporelle.

Dans son dernier tiers, le long-métrage élargit son propos et quitte le cadre professionnel en confrontant les notions d’individualité et de collectif grâce à une belle mise en abyme, mais aussi à travers l’évolution et l’opposition d’Akemi et Shigeru.

Conclusion

Comédie dramatique sur le monde du travail japonais, Comme un Lundi s’approprie le sous-genre de la boucle temporelle pour déployer des thématiques riches sans oublier d’offrir en spectateurs des scènes comiques mémorables. Le tout en film dense d’une heure vingt-trois dans lequel fond et forme entrent en symbiose.

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