Lifeforce – L’Étoile du mal
États-Unis : 1985
Titre original : Lifeforce
Réalisation : Tobe Hooper
Scénario : Dan O’Bannon, Don Jakoby
Acteurs : Mathilda May, Steve Railsback, Peter Firth
Éditeur : Sidonis Calysta
Durée : 1h42
Genre : Science-fiction, Horreur
Date de sortie cinéma : 18 septembre 1985
Date de sortie BR4K : 15 janvier 2024
La navette Churchill explore un gigantesque vaisseau spatial extraterrestre où ses membres découvrent trois sarcophages. À l’intérieur, les corps d’une femme et de deux hommes. Les trois créatures se révèlent rapidement être d’authentiques vampires. Indifférente aux armes l’entité féminine sillonne Londres, transformant sa population en une horde de zombies…
Le film
[3/5]
Même si le débat autour de la paternité de Poltergeist fait encore rage de nos jours au cœur de la sphère cinéphile, le succès du film de revenants officiellement signé Tobe Hooper a permis au réalisateur de Massacre à la Tronçonneuse de devenir, pendant quelques mois, un cinéaste très demandé à Hollywood. Cette popularité soudaine a permis à Tobe Hooper de développer Space Vampires, un gros projet de science-fiction adapté d’un roman de Colin Wilson, pour la branche londonienne de la Cannon. Doté d’un confortable budget de 25 millions de dollars par Golan-Globus Productions, le film de Tobe Hooper, dont le premier montage durait un peu plus de deux heures, mélangeait allégrement l’horreur et la science-fiction.
C’est là que les ennuis ont commencé. Les producteurs Yoram Globus et Menahem Golan ont décrété que le titre d’origine, qui sonnait trop « Série B », serait remplacé. Et Space Vampires devint Lifeforce (L’Étoile du mal en français). A la découverte du premier montage proposé par Tobe Hooper, ils ont de plus estimé qu’une poignée de coupes étaient nécessaires afin d’accélérer le rythme du film, qui passa alors de 128 à 116 minutes. Pour l’exploitation de Lifeforce sur le marché américain, décision fut prise de raboter encore un peu plus le montage, qui fut réduit à 101 minutes. Golan et Globus souhaitaient également une musique plus sombre et plus effrayante, et ont fait appel au compositeur Michael Kamen pour superposer et remplacer certaines parties de la partition classique d’Henry Mancini par une ambiance plus pop, avec des synthétiseurs et d’autres sons électroniques.
Cette petite mise au point sur le contexte de post-production du film semble nécessaire si l’on veut mieux comprendre, avec le recul, l’étrangeté de Lifeforce – L’Étoile du mal, et l’impression de gloubi-boulga hétérogène et vaguement indigeste que le film véhicule dans son montage actuel. Pourtant, sur le papier, le projet Lifeforce avait tout pour accoucher d’un grand film : un réalisateur en pleine ascension, un budget propre à développer une véritable « vision » en termes de science-fiction, un scénariste respecté – Dan O’Bannon (Alien) – avec des références solides dans les domaines de la SF et de l’horreur, des effets spéciaux supervisés par John Dykstra (Star Wars), une musique signée Henry Mancini et une brochette d’acteurs solides. Et que reste-t-il de tout cela au final ? Un assemblage de scènes parfois très belles, mais un ensemble globalement bancal qui, malgré un enthousiasme certain dès qu’il s’agit de présenter au spectateur de nombreuses séquences mettant en scène une Mathilda May se déplaçant entièrement nue, ne parvient jamais réellement à décoller. Le sentiment de menace semble curieusement absent, et les plans des vampires de l’espace concernant leur attaque sur la Terre restent trop flous et incompréhensibles.
Au final, de nombreuses personnalités impliquées dans la production de Lifeforce – L’Étoile du mal ont publiquement désavoué le film, mais cela ne l’a pas empêché, au fil des années, de développer une sorte d’aura de « culte » fervent, en particulier à l’endroit de sa version dite « director’s cut », qui préserve il est vrai d’une façon beaucoup plus claire les idées du scénario original ainsi que la vision globale de Tobe Hooper pour son film. L’attachement de certains cinéphiles pour Lifeforce – L’Étoile du mal est finalement assez compréhensible : si déséquilibré soit-il, le film de Tobe Hooper conserve néanmoins un certain pouvoir hypnotique, même lorsqu’il part dans tous les sens, et s’avère au final bien meilleur que ce qu’on pourrait croire à la lecture des déclarations de l’équipe lors de sa sortie. Un peu trop ambitieux, un peu trop complaisant, et même parfois un peu con, le film a néanmoins encore beaucoup à offrir au spectateur, notamment dans son dernier acte, qui se déroule dans un Londres envahi par des vampires zombies de l’espace. A (re)découvrir !
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Vu ce qu’on a pris dans la gueule pour avoir osé vous transmettre notre ressenti globalement positif concernant la version Blu-ray 4K Ultra HD de Hitcher (qui nous propose un rendu 4K certes perfectible mais que l’on persiste et signe à trouver extrêmement supérieur à celui du DVD de 2006, et qui représentera en dépit de tous ses défauts un upgrade saisissant pour tous ceux qui avaient découvert le film de Robert Harmon il y a trente ans en VHS), on avoue avoir préventivement revêtu une côte de mailles avant de s’engager dans le rattrapage du test Blu-ray 4K Ultra HD de Lifeforce – L’Étoile du mal, qui se trouvait être la toute première galette 4K éditée par Sidonis Calysta, et disponible depuis le 15 janvier 2024.
Côté transfert, Sidonis Calysta a bénéficié de la remasterisation 4K effectuée en 2022 par les américains de Shout Factory, et la copie 4K que nous propose l’éditeur est assez resplendissante, stable, propre, et affichant un grain cinéma parfaitement préservé. La définition est précise, les couleurs et les contrastes sont au taquet, et le tout s’impose comme absolument parfait, même sur les plans les plus sombres et sur les plans à effets. L’étalonnage HDR renforce l’impact franc des couleurs, bref c’est du très beau boulot technique. On notera par ailleurs que le film est proposé dans un beau Mediabook, qui contient également la version « Director’s cut » du film, au format Blu-ray – le Blu-ray a également bénéficié de la restauration 4K et nous est proposé en 1080p, contrairement à l’édition sortie chez Sidonis Calysta de 2014, qui était en 1080i. Les différences entre les deux montages du film sont détaillées sur le site de référence Movie-Censorship. Côté son, c’est un véritable festival de dynamisme acoustique que nous propose le mixage Dolby Atmos de la VO, qui dispose d’un « core » Dolby TrueHD 7.1. Le rendu acoustique pourra paraître par moments un peu artificiel, mais s’avère indéniablement aussi tonitruant qu’efficace, d’un dynamisme de tous les instants et maîtrisant sans peine l’intégralité des canaux de diffusion. Le mixage tire pleinement parti de chaque haut-parleur, et chaque détail sonore prendra son importance avec finesse et puissance. Le film est également proposé, en ce qui concerne la version originale, en DTS-HD Master Audio 5.1 et en DTS-HD Master Audio 2.0. La version française quant à elle n’aura droit qu’à un mixage DTS-HD Master Audio 2.0. S’il ne pourra logiquement rivaliser avec la VO, les cinéphiles ayant découvert le film en VF dans leurs jeunes années se régaleront probablement de retrouver le doublage d’origine du film, assuré entre autres par Richard Darbois (Indiana Jones), Roland Ménard (Police Academy) et Mathilda May elle-même.
Côté bonus, Sidonis Calysta fait table rase du passé, et ne reprendra même pas l’excellente intervention de Marc Toullec disponible sur son édition de 2014. Pour autant, les infos qui étaient délivrées par l’ex-rédac chef de Mad Movies seront reprises et enrichies à l’écrit dans le livret de 32 pages intégré au boitier, toujours écrit par Marc Toullec et ironiquement intitulé « La Folle Histoire de l’espace ». Sur la galette proprement dite, Sidonis Calysta nous propose un intéressant making of d’époque (20 minutes), qui comprend de courts entretiens avec les acteurs et l’équipe, ainsi que de nombreux moments volés sur le plateau de tournage. On continuera avec un entretien avec Mathilda May (15 minutes), enregistré en 2013 pour l’édition Blu-ray de Lifeforce sortie chez Shout Factory. Elle y abordera ses souvenirs du tournage du film, et reviendra bien sûr, non sans un certain sens de l’humour, sur le fait que son personnage avait très peu de dialogues et passait le plus clair de son temps à se déplacer complètement à poil. Ne parlant pas un mot d’anglais, elle avouera avoir appris ses dialogues en phonétique, et évoquera la façon dont elle a utilisé son passé de danseuse pour adapter ses mouvements à son personnage. On terminera enfin avec la traditionnelle bande-annonce.