Chien de la casse
France : 2023
Réalisation : Jean-Baptiste Durand
Scénario : Jean-Baptiste Durand, Emma Benestan, Nicolas Fleureau
Acteurs : Anthony Bajon, Raphaël Quenard, Galatéa Bellugi
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h33
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie cinéma : 19 avril 2023
Date de sortie Blu-ray : 19 mars 2024
Dog et Mirales sont amis d’enfance. Ils vivent dans un petit village du sud de la France et passent la majeure partie de leurs journées à traîner dans les rues. Pour tuer le temps, Mirales a pris l’habitude de taquiner Dog plus que de raison. Leur amitié va être mise à mal par l’arrivée au village d’une jeune fille, Elsa, avec qui Dog va vivre une histoire d’amour. Rongé par la jalousie, Mirales va devoir se défaire de son passé pour pouvoir grandir, et trouver sa place…
Le film
[4,5/5]
Le Pouget, petite commune de l’Hérault comptant un peu plus de 2000 habitants, a été choisie par Jean-Baptiste Durand pour devenir le cadre – et presque un personnage à part entière – de son premier long-métrage, Chien de la casse. Derrière ce titre gentiment provocateur se cache en réalité une histoire d’amitié / bromance entre deux jeunes désœuvrés, Dog et Mirales, incarnés à l’écran par Anthony Bajon et Raphaël Quenard. A eux deux, devant la caméra attentive de Jean-Baptiste Durand, ils dressent le portrait d’une certaine masculinité rurale en manque de repères, ne parvenant pas se bouger le cul pour avancer dans la vie. Loin d’être cons, ils ne parviennent cependant pas à atteindre ce qu’on pourrait appeler de façon un peu hâtive l’âge adulte : ils sont « Bloqués », à la manière de Gringe et Orelsan dans la série de Canal+, et traînent jour après jour dans les rues du Pouget, baignant leur ennui dans l’alcool, le foot ou la musique.
L’existence parfaitement huilée du duo va cependant se voir déréglée, façon Jules et Jim, par l’arrivée d’Elsa (Galatéa Bellugi), qui va créer à l’écran une espèce de triangle amoureux et bouleverser des rapports entre les deux jeunes hommes. Mirales, qui jusqu’ici entretenait vis-à-vis de Dog une position de domination mêlée d’admiration, va quelque-peu perdre ses repères et tenter, tant bien que mal, de grandir et de prendre son indépendance. Mais partir, où ? Et pour quoi faire ? A la fois naturaliste et souvent très drôle, Chien de la casse pose sur la table un certain nombre de questions sociales intéressantes et de thèmes forts (masculinité toxique, pauvreté, homosexualité, abandon…), sans forcément d’ailleurs chercher à apporter des réponses toutes faites.
L’idée est d’avantage d’observer le trio de personnages évoluant à l’écran, et d’écouter ce qu’ils se disent, ce à quoi ils aspirent. Les dialogues du film sont ainsi d’une justesse absolument remarquable, et les acteurs criants de vérité. Chien de la casse c’est aussi bien sûr la confirmation du talent d’acteur de Raphaël Quenard, absolument bluffant et magnétique dans la peau de Mirales, personnage complexe, hilarant, sensible et ô combien attachant. Au final, le premier long-métrage de Jean-Baptiste Durand s’impose comme un film à la fois sombre et lumineux, à la fois drôle et poignant. Un sacré coup de poing et la naissance d’un cinéaste à suivre.
Le Blu-ray
[4/5]
La carrière de Chien de la casse dans les salles obscures l’année dernière n’avait pas encouragé Blaq Out à nous proposer le film de Jean-Baptiste Durand au format Blu-ray pour sa sortie en vidéo en septembre dernier. Cependant, Chien de la casse a par la suite été nommé sept fois aux César 2024, et a remporté deux récompenses : le César du meilleur premier film pour Jean-Baptiste Durand et celui de la meilleure révélation masculine pour Raphaël Quenard. Devant tant d’honneurs (mérités), Blaq Out a finalement pris la décision de franchir le pas de la Haute-Définition, et Chien de la casse vient de sortir au format Blu-ray, en Exclusivité Fnac.
Le Blu-ray de Chien de la casse nous est d’ailleurs proposé dans un transfert proche de la perfection. Chaque plan affiche une beauté exemplaire, rendant clairement hommage à la belle photo du film signée Benoît Jaoul : les couleurs sont chaudes, profondeur de champ et piqué sont au meilleur de leur forme et offrent une quantité incroyable de détails. Les contrastes et les noirs sont également de la partie avec une superbe densité. Le film nous est proposé en 1080i, mais il s’agit à coup sûr du cadencement d’origine. Niveau son, la version française est proposée dans un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, nous proposant des ambiances finement distillées ; les scènes musicales profitent également d’un pep’s et d’une spatialisation toute particulière. On notera que l’éditeur nous propose aussi un mixage DTS-HD Master Audio 2.0, plus cohérent si vous visionnez le film sans utiliser de système de spatialisation acoustique.
L’éditeur Blaq Out a également pris soin d’upgrader la section suppléments. On commencera avec le très amusant court-métrage intitulé L’Acteur ou vers la surprenante vertu de l’incompréhension (26 minutes), réalisé par Raphaël Quenard et Hugo David sur le tournage de Chien de la casse, qui était déjà disponible sur l’édition DVD du film : il s’agit d’un petit film assez hilarant qui nous propose de nous plonger dans l’ambiance du tournage de façon décalée – aussi absurde que franchement réjouissant. On continuera ensuite avec un entretien avec Jean-Baptiste Durand (24 minutes), qui permettra au cinéaste de revenir sur les origines de son film. On aura également l’opportunité de découvrir un court-métrage de Jean-Baptiste Durand, Il venait de Roumanie (2014, 22 minutes), qui s’avère dans le même état d’esprit que le long-métrage, et traite de la mort d’un jeune homme et des réactions de ses amis et proches.
Mais Blaq Out nous propose aussi de découvrir des bonus inédits : un making of (17 minutes) composé de quelques entretiens ainsi que de de nombreux moments volés sur un tournage visiblement détendu, ainsi qu’un autre court-métrage de Jean-Baptiste Durand, Vrai gars (2021, 18 minutes), qui suit les galères d’un apprenti-rappeur essayant de tourner un clip dans son village.