Five Nights at Freddy’s
États-Unis : 2023
Titre original : –
Réalisation : Emma Tammi
Scénario : Scott Cawthon, Seth Cuddeback
Acteurs : Josh Hutcherson, Elizabeth Lail, Piper Rubio
Éditeur : Universal Pictures
Durée : 1h49
Genre : Fantastique, Horreur
Date de sortie cinéma : 8 novembre 2023
Date de sortie BR4K : 13 mars 2024
Mike, jeune homme perturbé, s’occupe de sa soeur Abby, âgée de 10 ans. Il est toujours hanté par la disparition, jamais élucidée, de son petit frère, survenue il y a une dizaine d’années. Récemment licencié, il a absolument besoin de retrouver un emploi pour ne pas perdre la garde d’Abby. Il accepte donc un poste de gardien de nuit, dans un restaurant désaffecté : Freddy Fazbear’s Pizzeria. Mais Mike ne tarde pas à comprendre que les apparences y sont terriblement trompeuses. Avec l’aide de Vanessa Shelly, agent de police, il est confronté, la nuit, à des phénomènes surnaturels inexplicables et bascule dans un univers cauchemardesque…
Le film
[3/5]
Si le jeu vidéo domine sans aucun doute le secteur du divertissement depuis une trentaine d’années, on ne peut pas franchement affirmer que les producteurs Hollywoodiens aient pris énormément de risques quand il s’est agi de tenter de passer de la manette au grand écran. En effet, depuis Super Mario Bros. en 1993, une poignée d’immenses succès vidéoludiques ont connu les honneurs de se voir adaptés sous forme de longs-métrages. On pense bien sûr à Mario et Sonic, mais aussi à Street Fighter, Resident Evil, Tomb Raider, Uncharted, Assassin’s Creed, Silent Hill, Prince of Persia, Hitman, Borderlands… Autant de films qui s’avèrent tirés de franchises vidéoludiques extrêmement célèbres, qui avaient depuis longtemps dépassé les frontières du jeu vidéo et avaient déjà imprégné la culture populaire en se voyant déclinés sur différents supports et en s’offrant des produits dérivés de toutes sortes.
Bien sûr, une poignée de séries B et de films indépendants – notamment les films de l’allemand Uwe Boll – avaient pris le risque d’adapter des franchises de jeux vidéo moins connues du grand public (Portal, Far Cry, Dead or Alive…), mais les gros studios rechignaient en général à se lancer dans l’adaptation de jeux dont le titre n’était pas immédiatement reconnu par la plupart des néophytes. Ainsi, pour être tout à fait honnête, on s’attendait bien plus à voir débarquer dans les salles des adaptations cinématographiques de Fortnite, Call of Duty – Modern Warfare, Minecraft ou Gears of War que de Five Night’s at Freddy’s. Et rien que pour cette raison, on se doit de saluer bien bas l’initiative de Blumhouse Productions.
Five Nights at Freddy’s, souvent abrégé en FNAF, est une série de jeux vidéo indépendants de type survival horror en point-and-click, créée et développée par Scott Cawthon. Le but des jeux principaux est relativement simple : depuis une salle de contrôle, le joueur doit surveiller/gérer plusieurs caméras de vidéosurveillance, et empêcher des animatronics (des robots à l’effigie d’animaux) d’entrer dans la pièce où il se situe. Le but du jeu est de survivre à « cinq nuits chez Freddy ». Si cette saga vidéoludique n’a jamais rencontré un succès aussi fracassant que les mastodontes de l’industrie du jeu vidéo, elle affiche tout de même une base de fans assez conséquente. La série de jeux a débuté en 2014. Elle compte à ce jour neuf épisodes principaux, quatre spin-off, et a été déclinée sous la forme d’une trentaine de romans et comics.
Sur le papier, Five Nights at Freddy’s avait tout ce qu’il fallait pour réussir : un character design horrifique solide, et un principe de jeu stressant au possible, qui aurait pu se voir retranscrit de façon très efficace à l’écran. Le recours aux écrans interposés pour faire monter le suspense peut en effet être extrêmement efficace : on pense par exemple à cette brillante séquence du Vampires de John Carpenter au cœur de laquelle un des personnages suit, en alternance et par l’intermédiaire de caméras de vidéosurveillance, l’évolution de ses camarades humains et des vampires qui les menacent. Seth Grahame-Smith (Comment survivre dans un film d’horreur), Gil Kenan (Poltergeist) et Chris Columbus (Maman, j’ai raté l’avion) ont un temps été attachés au projet, mais celui-ci a finalement été développé par Emma Tammi et Seth Cuddeback, même si le créateur du jeu Scott Cawthon est crédité en tant que coscénariste.
En réalité cela dit, le projet Five Nights at Freddy’s, en développement depuis 2015, s’était gentiment fait griller la politesse par Willy’s Wonderland, une série B sortie en 2021 et mettant en scène Nicolas Cage. Il se trouve que ce petit film, si modeste soit-il, s’avérait être une adaptation « non officielle » du jeu vidéo plutôt efficace et amusante, et qu’il s’avère aujourd’hui impossible de ne pas établir de passerelles – voire même de comparaisons – entre les deux longs-métrages. Et du côté du scénario, le moins que l’on puisse dire, c’est que Willy’s Wonderland avait pour lui une certaine frontalité, tandis que Five Nights at Freddy’s tend quelque peu à se perdre dans les méandres d’une intrigue à tiroirs trop complexe pour s’avérer vraiment passionnante.
En revanche, du côté du production design, l’avantage va clairement à Five Nights at Freddy’s, qui s’offre des décors éblouissants et bien conçus, et des créatures mécaniques extrêmement impressionnantes. La pizzeria Freddy Fazbear’s est un décor formidable, avec ses pièces contiguës fidèles à l’architecture du jeu vidéo. On y trouve, outre les tables et les chaises, des jeux de Skee-ball, des flippers, une piscine à boules et toutes sortes de distractions que l’on s’attendrait à trouver dans ce genre d’endroits, et c’est tout à fait convaincant. Le tout ayant été abandonné depuis quelques années, tout nous apparaîtra comme légèrement décrépi, mais pas trop : le système électrique a des ratés, et le passage du temps et l’accumulation d’années de négligence et d’inutilisation sont suggérés de façon très convaincante. Tout cela tend à créer une abondance de coins sombres et de couloirs faiblement éclairés qui seront propices à faire monter l’angoisse. Et bien sûr, il y a les animatronics, créés par le Jim Henson’s Creature Shop, et appelés Freddy, Foxy, Bonny et Chica. Ce sont d’immenses créatures mécaniques délabrées au design bizarroïde, qui semblent également crouler sous le poids des années et qui, même lorsqu’ils sont complètement immobiles, s’avèrent inquiétants. Bref, le lieu et le contexte idéaux pour un film d’horreur.
Malheureusement, Five Nights at Freddy’s ne parvient pas forcément à exploiter à 100% ses décors de ouf malade et son Bêbête Show chtarbé. La raison principale est probablement liée au fait que le spectateur sera amené à faire de nombreux allers et retours avec les personnages en dehors de la pizzeria Freddy Fazbear’s. L’intrigue de Willy’s Wonderland avait été – à raison – resserrée sur une seule nuit, et de ce fait, une fois le personnage de Nic Cage arrivé dans le restaurant, la tension montait crescendo. Ici, les auteurs se sont efforcé de respecter le principe des « cinq nuits », mais cette idée tend forcément à limiter la partie du film versant dans le Survival Horror pur et dur à la dernière nuit passée sur place par le personnage principal. On ne se plaindra pas du fait que les personnages de Five Nights at Freddy’s ne soient pas de simples « coquilles vides » interchangeables. Cependant, si le récit tel qu’il est ici organisé permet à Emma Tammi de nous proposer des personnages plus fouillés et complexes, cette richesse psychologique se construit un peu au détriment du sentiment d’urgence qui eut été nécessaire à rendre le dernier acte du film vraiment palpitant.
A l’évidence, le fait de recentrer les événements sur une seule n’aurait pas empêché les scénaristes de revenir sur les drames ayant émaillé l’existence des protagonistes principaux du récit. A contrario, le fait de s’éloigner du Freddy Fazbear’s pour suivre Mike, Abby et Vanessa dans leurs activités de tous les jours (petit déjeuner, discussion au bord de la rivière, réunions concernant la garde d’Abby, etc) tend également à éloigner le film de sa principale raison d’être. Par la force des choses, une partie de la tension qui aurait été nécessaire à rendre la dernière partie de Five Nights at Freddy’s irrespirable se sera largement dissipé au moment où les personnages passent le seuil de la pizzeria pour la cinquième fois depuis le début du film. C’est d’autant plus dommage que le casting est gloablement plutôt solide. On y retrouvera Josh Hutcherson (Hunger Games) et Elizabeth Lail (You), qui livrent des compositions assez intenses. Ils seront par ailleurs habilement assistés par deux seconds-rôles de belle tenue, Matthew Lillard (Scream) dans la peau d’un conseiller d’agence pour l’emploi, et Mary Stuart Masterson (Benny & Joon, Comme un chien enragé) dans celle d’une tante pas très sympathique.
Le Blu-ray 4K Ultra HD
[4/5]
Five Nights at Freddy’s vient donc tout juste de sortir en France au format Blu-ray 4K Ultra HD sous les couleurs d’Universal Pictures, et techniquement parlant, même si le film n’est pas à proprement parler un blockbuster, c’est vraiment du lourd. Le film bénéficie d’un master 4K natif, et s’avère encodé en HDR10 ; comme on pouvait s’y attendre, le rendu visuel est époustouflant. La définition est précise, les couleurs explosives, les contours sont fins et la compression absolument impeccable. Les noirs sont francs et brillants, les blancs lumineux et nuancés, et les contrastes plus qu’affirmés apportent une profondeur sidérante aux images. Les enseignes au néon et les lumières rouges de sécurité sont puissantes et lumineuses, tout comme les yeux brillants des animatronics qui transmettent instantanément leur humeur. Par ailleurs, cette galette 4K gère très bien l’obscurité : les noirs sont denses, mais les détails sont toujours visibles, qu’il s’agisse de toiles d’araignées ou d’autres particularités de l’environnement du Freddy Fazbear’s. Du très beau travail. Côté son, Five Nights at Freddy’s nous est proposé en Dolby Atmos en VO, et le mixage étonne par son punch et sa spatialisation, qui multiplie les détails sonores positionnés de façon absolument idéale. La dynamique est donc tout simplement excellente, les voix toujours bien placées et découpées, et le caisson de basses se régale littéralement, envoyant du lourd durant les scènes de flippe. Le spectacle est immersif au possible, plongeant littéralement le spectateur au cœur de l’ambiance. Du grand Art acoustique ! La VF, qui nous est proposée en Dolby Digital+ 7.1, n’est pas en reste : sans être une piste de démo, elle fait efficacement le taf, avec beaucoup de précision et de clarté. Les dialogues s’intègrent bien à la musique et s’avèrent toujours absolument clairs.
Dans la section interactivité, on trouvera tout d’abord une featurette qui fera office de making of (7 minutes). La réalisatrice Emma Tammi, le producteur Jason Blum ou encore les acteurs Josh Hutcherson et Matthew Lillard reviendront sur la genèse du film, ses liens avec le jeu vidéo, l’histoire ou encore le rapport aux fans du jeu. On aura également l’occasion de voir et d’entendre une poignée de Youtubeurs fans du jeu, qui ont eu l’opportunité de découvrir les décors du film et semblent tous en avoir copieusement déchargé dans leur falzar. On continuera ensuite avec une featurette plus spécialement centrée sur la conception des animatronics (6 minutes) : Amanda Maddock et Robert Bennett, responsables de la conception des marionnettes pour le Jim Henson’s Creature Workshop, reviendront sur la création de personnages aussi fidèles que possible au jeu dont ils s’inspirent. Il se féliciteront également d’avoir eu l’opportunité de travailler avec des acteurs en costumes et des marionnettes plutôt qu’avec des images de synthèse. Enfin, la dernière featurette reviendra sur les décors du film (4 minutes), et notamment sur l’importance cruciale que revêtait le fait de construire et d’utiliser un plateau « ouvert ».
On notera par ailleurs que le Blu-ray 4K Ultra HD de Five Nights at Freddy’s édité par Universal Pictures est présenté dans un magnifique Steelbook aux couleurs du film.