Test DVD : Les Avantages de voyager en train

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Les Avantages de voyager en train

Espagne : 2019
Titre original : Ventajas de viajar en tren
Réalisation : Aritz Moreno
Scénario : Javier Gullón d’après le roman de Antonio Orejudo
Interprètes : Luis Tosar, Pilar Castro, Ernesto Alterio
Editeur : Damned
Durée : 1h39
Genre : Drame, Comédie 
Date de sortie cinéma : 9 août 2023
Date de sortie DVD : 16 janvier 2024

Helga, éditrice madrilène, vient de faire interner son mari en clinique psychiatrique. Dans le train du retour, elle fait la connaissance du Dr Angel Sanagustín qui lui fait part de ses expériences les plus fascinantes, sordides et obsédantes. Cette rencontre bouleverse Helga et la plonge dans une profonde introspection. Et ce sont bien là quelques-uns des avantages de voyager en train.

Le film

[3.5/5]

Et si, parmi les nombreux avantages qu’on peut trouver aux voyages en train, il y avait celui, qui peut se révéler très agréable, de pouvoir être mené en … bateau. C’est l’impression que l’on ressent à la vision de Les avantages de voyager en train, le premier long métrage du prometteur réalisateur espagnol Aritz Moreno, adapté du roman « Ventajas de viajar en tren » de Antonio Orejudo. Elle ne se doute de rien, l’éditrice Helga Pato qui a choisi le train pour retourner à Madrid après avoir fait interner son mari dans un hôpital psychiatrique, lorsque l’homme assis en face d’elle se présente comme étant un des médecins de cet hôpital et commence à lui raconter l’histoire de  Martín Urales de Úbeda, un patient dangereux, atteint de paranoïa, obsédé par les ordures. Et nous, spectateurs, on ne se doute pas encore qu’on commence tout juste à être embarqués dans une histoire qui va de plus en plus s’apparenter à  un labyrinthe dans lequel il est très difficile de se retrouver, avec des couches et des sous couches, avec la tentation presque permanente de revenir en arrière pour confirmer ou non si, lors du dernier rebondissement, on est parti sur la bonne voie en matière de compréhension, avec enfin, au bout du bout, l’impossibilité de raconter ce qu’on vient de voir. 

Bien entendu, et heureusement, il n’y a pas grand chose de vraisemblable dans ce film. Il nous est d’ailleurs susurré que « la vraisemblance est très surévaluée » et que ce que l’on voit ne doit pas être cru ! Pourtant, malgré ces mises en garde, le réalisateur, que ce soit volontairement ou de façon inconsciente, fait passer des messages importants au travers de son film : prendre garde à tout se qui s’apparente à du complotisme ; pour les femmes, l’importance de s’opposer sans délai aux contraintes que voudraient leur imposer leur compagnon, car « céder une fois, c’est céder toujours » et on finit, un collier autour du cou, par manger de la pâtée pour chien dans une écuelle ; pour les hommes (mais c’est sans doute vrai aussi pour les femmes), se méfier de ce qu’on croit avoir appris de l’amour physique au travers de la seule vision de films pornos. Les avantages de voyager en train, film totalement inclassable, est plein d’un humour le plus souvent très noir et sa recherche de situations improbables fait qu’on ne peut s’empêcher de penser à des réalisateurs comme Luis Buñuel ou David Lynch. Quant à la distribution, elle réunit des grands noms du cinéma espagnol, comme Luis Tosar, Belén Cuesta, Ernesto Alterio, Quim Gutiérrez et Pilar Castro.

Le DVD

[4/5]

Quand on a la chance, pour réaliser son premier long métrage, de disposer d’un directeur de la photographie aussi expérimenté et talentueux que Javier Aguirre (Une vie secrète, Les repentis, Les Sorcières d’Akelarre, …), on a la certitude d’avoir une image de grande qualité sur les écrans de cinéma. Mais, quid du DVD, ensuite ? Eh bien, pas de souci, le travail effectué par Damned a été excellent et le rendu de l’image est à la hauteur de ce qu’on peut attendre de mieux de la part d’un DVD. Le film n’est visible qu’en VO sous-titrée en français, avec un son en 5.1.

Deux suppléments accompagnent le film. Tout d’abord, un entretien d’une durée de 4 minutes avec le réalisateur. Cela peut paraitre court, mais on y apprend pas mal de choses, comme par exemple, le fait que, pour Aritz Moreno, la plus grande difficulté a été de trouver le ou les tons du film et qu’il voit dans la comédie l’opportunité de traiter des sujets très sérieux. A la question de savoir quelles ont été ses sources d’inspiration, on est surpris qu’il parle de Wes Anderson, de David Fincher et de Park Chan-Wook et qu’il n’évoque pas Luis Buñuel et David Lynch. Le deuxième supplément est un court-métrage  de 6 minutes, Cólera, que Aritz Moreno a réalisé en 2013 et qui n’est sous-titré qu’en anglais. Ce handicap n’est pas vraiment lourd, car il y a très peu de dialogue et même celles et ceux qui ne comprennent pas du tout la langue de Shakespeare ne devraient pas avoir de mal à comprendre la morale de ce film qui montre les retours de bâton auxquels on peut s’attendre lorsqu’un groupe d’individus en arrive à perdre toute compassion envers un (ou plusieurs) de ses semblables. Une morale qui fait irrésistiblement penser aux conséquences qu’on peut attendre de la suppression de l’AME !

 

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