De retour en salles au mois de janvier 2024

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Underground © 1995 Peter Mountain / CiBy 2000 / Pandora Filmproduktion / Novofilm / TF1 Studio / Malavida Films
Tous droits réservés

Alors que les exploitants français se frottent les mains en raison des résultats plutôt encourageants de l’année 2023, ils mettent d’ores et déjà les warnings par rapport au premier semestre 2024, mis en péril à cause des répercussions de la grève des scénaristes et acteurs américains l’été et l’automne derniers. Il faut craindre que pareille débandade soit déjà de rigueur du côté des films de reprise, qui sont au nombre de … six en ce mois de janvier ! Malgré les cinq mercredis d’ici début février, vous n’aurez donc nullement l’embarras du choix. Quoique pour une fois, la réelle possibilité s’offre à vous de voir ou revoir l’intégrale de cette demi-douzaine de films du siècle dernier, tous dignes d’être redécouverts.

Sinon, en guise de repassage dans les salles, le mois de janvier rime évidemment avec le Festival Télérama et autres Incontournables UGC. De quoi rattraper une vingtaine de films mémorables que vous auriez pu rater lors de leur passage plus ou moins éclair dans vos salles préférées. On se demande même si la pénurie des ressorties pures et dures en ce mois de janvier ne serait pas au moins en partie causée par ces cycles traditionnels et globalement prisés par le public. Toujours est-il que ça devrait aller mieux en février. Patience donc !

Bellissima © 1951 Paul Ronald / Film Bellissima / Les Films du Camélia Tous droits réservés

Au moins, la poignée de distributeurs assez téméraires pour ressortir leurs films en ce début d’année guère prometteur nous facilite la tâche éditoriale en les répartissant équitablement entre histoires de femmes et d’hommes. Ces premières ouvriront le bal dans un peu plus d’une semaine, le 10 janvier donc, à travers Mère Jeanne des Anges de Jerzy Kawalerowicz, chez Tamasa. Invisible sur les grands écrans français depuis une dizaine d’années, ce drame religieux d’origine polonaise, Prix spécial au Festival de Cannes en 1961, s’inscrit dans la tradition des œuvres anticléricales des années ’60, à laquelle appartient également La Religieuse de Jacques Rivette, produit cinq ans plus tard.

La deuxième héroïne du mois a, elle aussi, fort à faire pour trouver un peu de bonheur dans son univers placé sous le joug du patriarcat. Ju Dou de Zhang Yimou, de retour en salles dès le 17 janvier grâce à Solaris Distribution, appartient à cette vague splendide, mais hélas de courte durée, du renouveau du cinéma chinois à partir de la fin des années ’80. Le réalisateur, devenu depuis le cinéaste officiel du parti unique de son pays, y avait donné l’un de ses plus beaux rôles à son actrice attitrée Gong Li, découverte deux ans plus tôt dans Le Sorgho rouge, Ours d’or au Festival de Berlin en 1988.

Enfin, la mère courage du cinéma italien Anna Magnani avait joué tant de personnages de femmes éprouvées entre le milieu des années 1940 et celui de la décennie suivante, qu’on court parfois le risque de nous mélanger les pinceaux entre ses films de cette période-là. Heureusement pour nous du coup, les Films du Camélia ressortiront Bellissima de Luchino Visconti le dernier mercredi du mois. L’actrice y campe avec son intensité habituelle le rôle d’une mère issue d’un milieu populaire, prête à tout afin de permettre à sa fille d’être retenue au casting du prochain film du réalisateur vedette Alessandro Blasetti. Peu de temps après cette satire sociale cinglante, l’immense Anna avait poursuivi sa carrière à l’étranger, d’abord en France chez Jean Renoir (Le Carrosse d’or), puis à Hollywood où son premier film anglophone, La Rose tatouée de Daniel Mann, lui avait valu l’Oscar de la Meilleure actrice en 1956.

Husbands © 1970 Faces Music / Columbia Pictures / Park Circus France Tous droits réservés

La testostérone coule à flots dans les trois autres films de retour ce mois-ci dans vos salles de répertoire dans de belles copies numériques restaurées. A commencer par l’un des chefs-d’œuvre de John Cassavetes, Husbands chez Park Circus à partir du 17 janvier. Moins connue que les autres films majeurs que le réalisateur allait sortir au cours des années 1970, comme Une femme sous influence, Meurtre d’un bookmaker chinois et Opening Night, cette histoire de trois hommes mariés, confrontés à la mort d’un ami, comporte pourtant les meilleurs éléments du cinéma américain indépendant de l’époque. Y compris la bande d’acteurs à Cassavetes, puisqu’il est rejoint devant la caméra par ses éternels complices Ben Gazzara et Peter Falk.

L’affrontement est plus subtil, voire pervers dans le machiavélique Le Limier de Joseph L. Mankiewicz, à nouveau projeté sur grand écran dès le 24 janvier grâce à Swashbuckler Films. Laurence Olivier et Michael Caine, tous deux nommés à l’Oscar du Meilleur acteur pour ce film en 1973, s’y livrent un jeu du chat et de la souris jubilatoire et truffé de rebondissements. Et puisqu’il vous reste encore trois semaines avant de pouvoir goûter de nouveau à ce huis-clos quasiment parfait, on ne peut que vous conseiller de lire en guise de préparation « Cinéma » de Tanguy Viel, paru aux Éditions de Minuit en 1999, puis réédité en 2018. Quant au remake du film, Le Limier Sleuth, réalisé par Kenneth Branagh en 2007, toujours avec Michael Caine ainsi qu’avec Jude Law, le moins qu’on en dise, le mieux.

On finit notre si bref tour d’horizon des premières ressorties 2024 avec Underground de Emir Kusturica. La Palme d’or du Festival de Cannes en 1995 aura même droit, le 31 janvier, à une sorte de double ressortie. En effet, son distributeur Malavida organisera une trentaine de séances événements dès le mercredi précédent de la version (très) longue de la fresque folklorique en cinq heures. Ce montage-là n’a été diffusé qu’à la télévison, sur arte en 1998, et était resté invisible depuis. Mais rien que dans sa version originelle de deux heures et trois quarts, ce film nous rendra certainement nostalgique. De la nostalgie douce-amère des promesses qu’il avait provoquées jadis à l’égard de son réalisateur, depuis resté bien trop tributaire de l’univers exubérant et explosif de ce film.

Ju Dou © 1990 Xi’An Film Studio / China Film Co-Production Corporation / Solaris Distribution Tous droits réservés

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