Test Blu-ray 4K Ultra HD : Love Actually

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Love Actually

États-Unis, Royaume-Uni, France : 2003
Titre original : –
Réalisation : Richard Curtis
Scénario : Richard Curtis
Acteurs : Hugh Grant, Emma Thompson, Liam Neeson
Éditeur : StudioCanal
Durée : 2h15
Genre : Comédie romantique
Date de sortie cinéma : 3 décembre 2003
Date de sortie DVD/BR/4K : 6 décembre 2023

Ils vont se croiser, se chercher, se dissimuler, s’apprivoiser… De l’assistante aiguicheuse au Premier Ministre, de la jeune mariée enthousiaste à l’écrivain au coeur brisé, en passant par l’épouse soupçonneuse et le rockeur sur le déclin, un seul sujet les tourmente, les stimule, les enflamme, foudroyant, exaltant… C’est l’Amour, bien évidemment…

Le film

[4/5]

S’il s’était fait connaître dans les années 90 en signant le scénario de plusieurs comédies romantiques à succès (Quatre Mariages et un enterrement, Coup de foudre à Notting Hill, Le Journal de Bridget Jones…), Richard Curtis ne passerait derrière la caméra qu’en 2003, à l’âge de 47 ans, afin d’assurer la réalisation de Love Actually. Souvent considéré comme une des meilleures comédies romantiques jamais réalisées (voire même comme « LA » meilleure), cet ambitieux premier film fête cette année ses vingt ans, et s’offre pour l’occasion un tout nouveau transfert 4K ayant nécessité pas moins de 200 heures de travail de restauration minutieuse.

D’une façon assez curieuse, on n’avait jusqu’ici abordé Love Actually sur critique-film que par le biais d’une courte chronique signée Dylan Auguste dédiée à une diffusion TV du film. Voici en substance ce qu’il pensait du film : « Si vous cherchez une idée de film pour une bonne soirée en tête à tête, ne cherchez plus ! C’est clairement un feel good movie. Aucun sentiment négatif, tout est léger, mais sans être niais. Une célébration des relations amoureuses et des sentiments qui vont avec. Un vrai film choral, d’ailleurs le meilleur dans le genre comédie romantique. Le casting est époustouflant. (…) Le film nous emporte par son efficacité et sa bonne humeur contagieuse. La musique est exactement ce qu’elle doit être : légère, joyeuse. En bref, un film qui vous prend par la main et vous amène passer un bon moment avec lui. »

Il ne nous viendrait pas à l’idée de tempérer cet enthousiasme : Love Actually est en effet une comédie romantique assez charmante, parfois inattendue, nous proposant un scénario alternant entre les passages légers et les séquences plus dramatiques, et porté par une série de performances d’acteurs absolument remarquables – on attribuera d’ailleurs une mention spéciale à Emma Thompson, grandiose dans sa composition de femme trompée mais digne, ainsi qu’à Laura Linney, dont le regard triste traduit de façon exceptionnelle la difficulté déchirante de devoir choisir entre l’amour et les obligations familiales. Malgré un déluge de personnages et de fils narratifs distincts, Richard Curtis parvient à signer avec Love Actually un conte de Noël simple et rafraîchissant, rempli de fantaisie, d’humour et d’émotion.

On n’essaiera pas ici de revenir sur tous les personnages du film, trop nombreux pour être évoqués sur un pied d’égalité. Paradoxalement, c’est pourtant ce que Richard Curtis parvient à faire au cœur de son film : placer tous ses personnages au même niveau. Il n’y a pas de « héros » dans Love Actually : le scénariste / réalisateur garde une main ferme sur sa narration, passant de l’un à l’autre de ses paumés flamboyants et en mal d’amour sans jamais privilégier un personnage par rapport à un autre, même si c’est probablement le personnage de Billy Mack (Bill Nighy) qui permet occasionnellement de créer un lien entre les différents personnages.

Mine de rien, la grande réussite de Love Actually vient probablement en grande partie de cette maestria narrative, et de la fluidité avec laquelle Richard Curtis parvient à jongler – sans jamais être réellement débordé – entre les différentes intrigues et sous-intrigues qui composent les bases de cette tentaculaire comédie romantique. Evitant avec brio l’écueil du « film à sketches » ou de la suite de saynètes décousues, le film trouve son équilibre et fonctionne finalement à merveille, disséquant le sentiment amoureux (mais également le désir, le deuil, le renoncement) avec une précision surprenante et suscitant un mélange réussi de rire et d’émotion à chaque rebondissement.

Riche d’une grande expérience dans le domaine de la comédie romantique, Richard Curtis utilise les clichés du genre afin de mieux les détourner, ce qui permet finalement à Love Actually de garder un pied solidement ancré dans le réel. De fait, l’amour romantique et la passion idéalisée, bien qu’ils soient des éléments primordiaux, ne s’imposent pas systématiquement comme le point central de chaque sous-intrigue développée par le film. Pour autant, Love Actually n’est pas non plus totalement exempt de défauts : s’il a réduit son montage initial de trois heures à une durée plus « humaine » de deux heures et quinze minutes, Richard Curtis aurait sans doute dû élaguer encore un peu plus, quitte même à éliminer carrément une poignée de personnages de l’équation finale.

Car même si l’ensemble est, dans l’état, absolument charmant, on admettra tout de même que Love Actually pourra perdre un peu de son punch et de son pouvoir d’attraction sur le spectateur dans son dernier acte, en raison de sa durée un peu trop élevée. Ainsi, même si elles sont l’occasion de scènes très amusantes (et des caméos d’Ivana Milicevic, January Jones, Elisha Cuthbert, Shannon Elizabeth et Denise Richards), les aventures de Colin (Kris Marshall) aux États-Unis auraient peut-être pu passer à la trappe. De la même façon, les prémisses de la relation entre Harry (Alan Rickman) et sa secrétaire Mia (Heike Makatsch) finissent par devenir un peu répétitifs, au détriment par exemple de l’intrigue secondaire centrée sur Peter, Mark et Juliet (Chiwetel Ejiofor, Andrew Lincoln et Keira Knightley), qui manque un peu de substance.

Dans le même ordre d’idées, si la plupart des intrigues se croisant au cœur de Love Actually semblent avoir à cœur de nous présenter des personnages complexes, aux multiples facettes, le personnage de Mia en revanche se pose un peu comme une énigme, dans le sens où Richard Curtis ne révèle qu’un seul aspect de sa personnalité : elle n’est ainsi présentée « que » comme une garce, une allumeuse désireuse de mettre le grappin sur son patron et multipliant les approches en ce sens. Et si bien sûr l’essentiel de cet arc narratif se concentre davantage sur les réactions de Harry et de sa femme Karen (Emma Thompson), cette caractérisation unilatérale et par trop manichéenne dessert légèrement le propos. Pour autant, en dépit de ces quelques réserves, Love Actually s’avère tout de même une très solide comédie romantique, qui n’hésite pas à malmener ses personnages et parvient régulièrement à trouver de l’humour dans le quotidien.

Pour terminer, on s’amuse toujours, quand on redécouvre un film avec vingt ans de décalage, à repérer des acteurs qui, à l’époque, n’étaient que des noms sur lesquels on n’arrivait pas forcément à coller un visage, mais dont la carrière a explosé par la suite. C’est le cas pour Andrew Lincoln, dont la carrière prendrait son envol en 2010, quand il incarnerait le shérif Rick Grimes dans la série Walking Dead. Idem pour le jeune Thomas Sangster, qui incarne le beau-fils de Liam Neeson dans Love Actually : sa carrière a véritablement décollé avec la trilogie Le Labyrinthe (2014-2018), adaptation de la série de romans jeunesse écrite par James Dashner. Il se fait d’ailleurs dorénavant appeler Thomas Brodie-Sangster. Kris Marshall, qui interprète le personnage de Colin, a également fini par toucher le cœur du public européen grâce à la série Meurtres au paradis, dans laquelle il incarne depuis 2014 l’inspecteur Humphrey Goodman. La redécouverte de Love Actually nous permet de plus de constater avec une certaine amertume que le film choral de Richard Curtis n’a pas permis à certaines actrices de renouer par la suite avec le succès au cinéma. On pense notamment à Martine McCutcheon, qui constituait probablement « LA » révélation féminine du film, mais qui en était réduite en 2021 à apparaître dans la version britannique de Mask Singer. Même constat pour Heike Makatsch, qui incarnait probablement le rôle le plus ingrat du film, mais dont le travail ne semble plus dépasser les frontières de l’Allemagne depuis une quinzaine d’années.

Le Blu-ray 4K Ultra HD

[4,5/5]

Disponible quelques jours avant les fêtes de Noël, Love Actually s’offre une édition Blu-ray 4K Ultra HD de saison sous les couleurs de StudioCanal. Cette édition 4K, qui coïncide quasiment jour pour jour avec le 20ème anniversaire du film de Richard Curtis dans les salles françaises, s’imposera comme le cadeau de Noël idéal pour tout cinéphile amateur de comédie romantique. L’upgrade Ultra Haute-Définition est impressionnant, le film est proposé en Dolby Vision + HDR10, et nous propose une amélioration visuelle du film que les nombreux fans apprécieront à sa juste valeur.

Côté master, Love Actually a bénéficié d’une restauration 4K pour le moins solide : comme on l’avait déjà annoncé plus haut, la restauration 4K a nécessité plus de 200 heures de travail et a été effectuée par Silver Salt Restoration (Londres) pour StudioCanal à partir du négatif original 35mm fourni par Universal Pictures, qui avait été scanné aux studios Illuminate (Los Angeles). L’étalonnage a par la suite été fait aux studios Goldcrest (Londres) sous la direction de Richard Curtis lui-même.

De fait, la galette UHD éditée par StudioCanal s’avère tout simplement majestueuse : l’image du Blu-ray 4K Ultra HD nous propose un rendu visuel époustouflant, avec une fine granulation argentique et un niveau de détail d’une finesse vraiment extraordinaire. Les couleurs, les contrastes et les noirs sont impressionnants : c’est magnifique, un bel hommage rendu au travail sur l’image assuré par Richard Curtis et son chef opérateur Michael Coulter. Même constat d’excellence et de fidélité au matériau d’origine du côté des pistes sonores : version française et anglaise sont mixées en DTS-HD Master Audio 5.1, et proposent un bon équilibre et une excellente stabilité d’ensemble, sans souffle ni craquements intempestifs. Les deux mixages s’avèrent également plutôt dynamiques, surtout durant les scènes musicales. Du très beau travail.

Du côté des suppléments, on commencera avec le traditionnel module inédit que propose quasi-systématiquement StudioCanal sur ses nouvelles sorties 4K : il s’agit ici d’un passionnant making of rétrospectif (30 minutes) qui reviendra, 20 ans après, sur les souvenirs de tournage de l’équipe. Les acteurs Thomas Brodie-Sangster, Bill Nighy, Abdul Salis, Lúcia Moniz et Rodrigo Santoro, ainsi que plusieurs membres de l’équipe technique (y compris Richard Curtis), y évoqueront la place du film dans leurs carrières respectives, l’écriture du film, le tournage, le casting, la musique, etc. On enchaînera ensuite avec une série de bonus déjà présents sur les éditions précédentes de Love Actually : on commencera avec un commentaire audio assuré par Richard Curtis, Hugh Grant, Bill Nighy et Thomas Sangster. Ils y abordent de façon détendue le développement et la production du film, le tout à grand renfort de plaisanteries et d’anecdotes amusantes. On continuera ensuite avec une featurette d’époque sur les coulisses du tournage (22 minutes), et on s’attardera sur une longue série de scènes coupées (37 minutes) qui révèlent une poignée d’intrigues secondaires supprimées du montage final. On se penchera ensuite sur la musique du film (21 minutes), et les morceaux choisis par Richard Curtis en fonction de ses intentions en termes de tonalité, ainsi que sur le scénario de Love Actually et ses intrigues multiples (10 minutes). On terminera enfin avec le très amusant clip vidéo de la chanson « Christmas is all Around » (8 minutes) par Bill Nighy, dans sa version complète.

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