Critique Express : Rien à perdre

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Rien à perdre  

France : 2023
Titre original : –
Réalisation : Delphine Deloget
Scénario : Delphine Deloget, Camille Fontaine, Olivier Demangel
Interprètes : Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter
Distribution : Ad Vitam
Durée : 1h52
Genre : Drame
Date de sortie : 22 novembre 2023

3/5

Synopsis : Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants, Sofiane et Jean-Jacques. Une nuit, Sofiane se blesse alors qu’il est seul dans l’appartement. Les services sociaux sont alertés et placent l’enfant en foyer, le temps de mener une enquête. Persuadée d’être victime d’une erreur judiciaire, Sylvie se lance dans un combat pour récupérer son fils…

Pour Sylvie, ce qui, un jour, va se passer, va s’apparenter à une véritable descente aux enfers. Avant ce jour, elle n’avait certes pas la vie facile mais elle arrivait à s’en sortir et l’amour de ses enfants suffisait à lui faire oublier les tracas du quotidien. Ces enfants, ils sont deux, ce sont deux garçons, deux demi-frères. Jean-Jacques, le plus âgé, est un adolescent qui aime jouer de la trompette et qui aimerait bien poursuivre ses études dans l’école de pâtisserie de Brest, la ville où la famille habite. Sofiane, que Sylvie aime appeler « crapaud », est un enfant de 8 ans parfois difficile. Sylvie, qui travaille de nuit dans un bar, fait toute confiance à Jean-Jacques pour s’occuper de Sofiane lorsqu’elle part au travail. Un soir, le fameux jour, elle va se voir contrainte de laisser Sofiane seul à la maison, persuadée que Jean-Jacques va arriver dans les minutes qui suivent. Pas de chance : en l’absence de son frère, Sofiane s’est mis en tête de faire des frites et il va malencontreusement se brûler lorsque la friteuse va prendre feu.

Tout est réuni pour que prenne place un engrenage qui peut aussi bien paraître rassurant qu’insupportable selon le point de vue qu’on adopte. En effet, le passage à l’hôpital de Sofiane va forcément être communiqué à la police, puis à l’Aide Sociale à l’Enfance : n’est-ce pas rassurant quand on pense à la protection de l’enfance ? Après tout, Sylvie a laissé seul à la maison un enfant de 8 ans, un enfant qui en est arrivé à se faire lui-même de quoi manger, ce qui peut laisser penser que sa mère ne s’occupe pas bien de lui. Pour tout arranger, suite à l’accident, il s’est avéré impossible de la joindre au téléphone sur son lieu de travail. A côté de cela, nous savons, nous spectateurs, que Sylvie est une mère aimante, qui prend grand soin de ses enfants. Une mère qui ne va pas supporter que, par mesure de précaution, Sofiane lui soit provisoirement retiré et que, par décision de justice, il soit mis en attendant dans un foyer. Une mère désespérée par cette décision, une mère qui va se battre comme une tigresse et qui, ce faisant, va accumuler les bévues lesquelles, bien entendu, vont se retourner contre elle. A ses côtés, ses 2 frères, Alain, que Sylvie ne voyait plus depuis pas mal de temps, et Hervé, au comportement d’éternel ado. Face à leurs propres problèmes, sont ils vraiment aptes à aider leur sœur ? En face d’elle, Mademoiselle Henry, une assistante sociale de l’Aide Sociale à l’Enfance, qui, heureusement ou malheureusement, fait sérieusement son travail, voulant avant tout ne pas passer à côté d’un cas de véritable maltraitance. 

Delphine Deloget est une réalisatrice qui vient du documentaire et Rien à perdre, film présenté dans la sélection Un Certain regard au dernier Festival de Cannes, est son premier long métrage de fiction. On ne peut que s’accorder à reconnaître que le sujet de son film est particulièrement intéressant : que peut un individu face à la machine administrative, d’autant plus lorsque la tâche de cette dernière consiste a protéger des enfants de la négligence ou, pire encore, de la maltraitance de leurs parents ? Lorsqu’on ne connaît pas intimement le fonctionnement de l’Aide Sociale à l’Enfance, on ne manque pas de s’interroger sur la vraisemblance du comportement de Mademoiselle Henry, sur le bien-fondé de ses décisions. Delphine Deloget vient du documentaire et elle insiste sur le travail important que, pour « préparer » son film, elle a entrepris auprès de familles d’enfants placés, d’avocats spécialisés dans ce genre de dossiers, de juges pour enfants et d’assistantes sociales de l’Aide à l’Enfance. On serait donc enclin à penser qu’il n’y a pas d’invraisemblances dans tout ce qu’on voit, dans tout ce qu’on entend. Sauf qu’on peut avoir dans son entourage des amis qui travaillent dans ce domaine et qui, eux, prétendent qu’il y a beaucoup d’invraisemblances dans les actions qu’on voit être prises dans ce film par l’Aide Sociale à l’Enfance. Que tout soit vraisemblable ou pas, ce premier long métrage de fiction est une belle réussite cinématographique, avec de bonnes idées de mise en scène et un ensemble de comédiens et de comédiennes très convaincant. Parmi ces interprètes, on remarque une fois de plus Virginie Efira qui aborde là un rôle nouveau pour elle. Face à elle, c’est India Hair, très convaincante, qui s’est glissée dans la peau de Mademoiselle Henry. On commence à bien connaître Félix Lefebvre, le jeune comédien qui interprète le rôle de Jean-Jacques : on l’a vu tenir des rôles importants dans Eté 85, Suprêmes et La passagère, ainsi qu’un second rôle dans Mon crime.  Quant aux frères de Sylvie,  c’est Arieh Worthalter qui interprète Hervé et Mathieu Demy qui interprète Alain.      
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