Dancing Pina
Allemagne : 2022
Titre original : –
Réalisation : Florian Heinzen-Ziob
Scénario : Florian Heinzen-Ziob
Acteurs : Malou Airaudo, Jorge Puerta Armenta, Clementine Deluy
Éditeur : Blaq Out
Durée : 1h31
Genre : Documentaire
Date de sortie cinéma : 12 avril 2023
Date de sortie DVD/BR : 3 octobre 2023
Iphigénie en Tauride / Le Sacre du printemps. Au Semperoper en Allemagne et à l’École des Sables près de Dakar, de jeunes danseurs, guidés par d’anciens membres du Tanztheater de Pina Bausch, revisitent ses chorégraphies légendaires. Pour ces artistes, issus de la danse contemporaine, du hip hop ou du ballet classique, danser Pina, c’est questionner ses limites, ses désirs, et métamorphoser une œuvre tout en se laissant soi-même métamorphoser par elle…
Le film
[3,5/5]
C’est bien. C’est beau. C’est qui déjà ?
La note d’intention de Florian Heinzen-Ziob semble claire avec son documentaire Dancing Pina : son film se veut une célébration de la vie et de l’œuvre de la chorégraphe allemande Pina Bausch (1940-2009), à travers la transmission artistique de son travail vers une nouvelle génération de danseurs. Le film s’articule musicalement autour des danseurs de la compagnie Tanztheater Wuppertal, qui ont travaillé avec Bausch pendant des années, alors qu’ils répètent et interprètent deux des œuvres les plus célèbres de Bausch, dont il filme les répétitions et la création : l’opéra « Iphigénie en Tauride » de Gluck au Semperoper de Dresde et « Le Sacre du printemps » de Stravinsky à l’École des Sables par de jeunes danseurs africains, à Toubab Dialo au Sénégal.
Avec Dancing Pina, le réalisateur réussit son pari, en prenant le spectateur – même néophyte – par la main et en l’emmenant dans un voyage émotionnel et sensoriel à travers l’histoire de la danse contemporaine. En explorant la manière dont les chorégraphies légendaires de Bausch perdurent et se transmettent en dépit des années, le film s’impose comme un bel hommage, à la fois joyeux et émouvant, à la chorégraphe allemande, qui est une des figures-phares de l’histoire de la danse contemporaine.
Mais bien entendu, Dancing Pina est également tourné vers l’avenir, et Florian Heinzen-Ziob – à ne pas confondre avec Florian Heineken-Zob qui est son alter-ego maléfique, alcoolique et phallocrate – le démontre parfaitement dans sa façon de filmer les corps en mouvement de tous ces talentueux jeunes danseurs, à qui il donne également la parole entre les passages dansés. Les performances sont captivantes, avec des mouvements fluides et gracieux qui semblent défier la gravité. À ne pas tenter de reproduire dans votre cuisine : non seulement les danseurs du film ont un long entrainement derrière eux, mais ils sont vraiment incroyablement talentueux, et leur passion pour leur Art est palpable à chaque instant.
Si la forme de Dancing Pina n’invente rien et s’avère assez convenue (avec une classique alternance entre scènes de danse et témoignages face caméra), on admettra que Florian Heinzen-Ziob s’avère assez inspiré quand il s’agit de mettre en scène le mouvement : le réalisateur utilise une variété de techniques cinématographiques pour donner vie aux chorégraphies de Bausch. Les plans larges nous permettent d’apprécier la beauté des mouvements, tandis que les plans rapprochés nous permettent d’entrer dans l’intimité des danseurs. La bande sonore est également remarquable, avec une musique qui accompagne parfaitement les mouvements des danseurs.
Alors bien sûr, Dancing Pina s’avère relativement didactique, même pour quelqu’un n’ayant jamais regardé Danse avec les stars, mais il n’empêche que pour le néophyte, 1h52, c’est un peu trop : le temps pourra ainsi nous sembler un peu long passée la première demi-heure, et l’ensemble vaguement répétitif, avec des séquences qui auraient pu être raccourcies ou supprimées de manière à choper un rythme plus percutant et atteindre une durée plus courte (1h25 aurait été la durée parfaite). De plus, le film manque parfois d’une narration claire, ce qui peut rendre difficile la compréhension des enjeux.
Pour autant, Dancing Pina reste un documentaire éminemment réussi, qui rend un vibrant hommage à l’une des plus grandes chorégraphes du 20ème Siècle. Il s’agit d’un témoignage émouvant de l’héritage durable que Pina Bausch a laissé dans le monde de la danse contemporaine. À ce titre, il passionnera sans doute autant les amateurs de danse que les cinéphiles en quête d’un film « inspirant », pour citer un terme à la mode.
Le DVD
[4/5]
Le Blu-ray de Dancing Pina édité par Blaq Out permettra donc aux retardataires de découvrir ce sympathique documentaire n’ayant malheureusement réuni que 90.000 personnes dans les salles obscures en avril. Niveau image, c’est du tout bon, avec un master nous offrant un piqué d’une précision absolue et des couleurs naturelles ; la granulation d’origine a été respectée, et les contrastes ne manquent pas de mordant. Côté son, le film s’illustre en DTS-HD Master Audio 5.1, et le mixage multicanal s’avère dynamique et bien enveloppant. La scène arrière est omniprésente, le caisson de basse relève ponctuellement les passages les plus animés : l’immersion au cœur du film est parfaite. Un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 est également de la partie, et s’avérera sans doute plus cohérent si vous visionnez Dancing Pina sur un simple téléviseur, sans barre de son ou système de Home Cinema.
Niveau suppléments, on trouvera deux longues scènes coupées (18 minutes), centrées sur l’échauffement des danseurs, ainsi qu’une rencontre avec l’équipe du film menée par La Terrasse, « le journal de référence du monde des arts vivants depuis 1992 » (7 minutes).