Formule pour un meurtre
Italie : 1985
Titre original : 7 Hyden Park – La casa maledetta
Réalisation : Alberto De Martino
Scénario : Alberto De Martino, Vincenzo Mannino
Acteurs : Christina Nagy, David Warbeck, Carroll Blumenberg
Éditeur : Le Chat qui fume
Durée : 1h28
Genre : Thriller, Horreur
Date de sortie cinéma : 10 décembre 1986
Date de sortie Blu-ray : 30 juin 2023
Boston, 1985 – Ayant chuté, enfant, voici vingt-cinq ans, dans un escalier pour échapper à l’agression d’un homme travesti en prêtre, trauma qu’elle a effacé de sa mémoire, Joanna se retrouve clouée dans un fauteuil. Ayant hérité de la fortune de ses parents, ses journées se partagent entre sa villa et le centre sportif pour handicapés qu’elle a contribué à monter. Son amie Ruth gère son quotidien, tandis que Craig fait d’elle une sportive handisport accomplie. Alors qu’approche la date de signature d’une forte dotation à sa paroisse, les prêtres chargés de cette tâche disparaissent. Craig, l’entraîneur de Joanna, la pousse à l’épouser. Elle finit par lui céder, pour le meilleur et pour le pire…
Le film
[3,5/5]
Très actif dans le cinéma de genre italien des années 60 jusqu’au début des années 80, Alberto De Martino a laissé son empreinte dans tous les sous-genres du film d’exploitation, du péplum (Le Triomphe d’Hercule) au western spaghetti (Django tire le premier), en passant par le poliziottesco (Le Conseiller), l’épouvante gothique (Le Manoir de la terreur), le giallo (Perversion), le film d’exorcisme (L’Antéchrist) ou encore le fantastique satanique (Holocaust 2000).
Sorti sur les écrans italiens en 1985, Formule pour un meurtre est un giallo « tardif », tourné à une époque où le genre était en net déclin. Il s’agit également d’un giallo assez singulier pour son époque dans le sens où le thème, l’intrigue et les influences du film d’Alberto De Martino ne sont pas héritées du cinéma de Mario Bava ou Dario Argento, qui représentaient les influences majeures sur le genre. En effet, d’une façon assez étonnante, elles seraient davantage à aller chercher du côté de la vague de « whodunits de machination » britanniques sortis tout au long des années 60, et plus particulièrement de l’excellent Hurler de peur (Seth Holt, 1961).
Formule pour un meurtre est donc un giallo relativement sobre d’un point de vue formel, durant sa première partie du moins, et Alberto De Martino y privilégie tout d’abord une approche plutôt psychologique de l’intrigue et des personnages, même si la folie et les fantômes d’un passé trouble ne sont jamais très loin, et les complots crapuleux encore moins. Comme dans Hurler de peur, l’héroïne du film, Joanna (Christina Nagy), est dans un fauteuil roulant depuis une agression qu’elle a subie dans son enfance. Malgré son handicap, elle mène une vie très active en pratiquant l’escrime et le tir à l’arc, avec l’aide de son entraîneur Craig (David Warbeck). Riche, elle vit dans une luxueuse villa avec son amie et auxiliaire de vie, Ruth (Carroll Blumenberg). Craig demande Joanna en mariage. Que va-t-il advenir de la relation entre Joanna et Ruth ?
Deux femmes, dont une handicapée, un homme – étant donné le genre abordé de front par Formule pour un meurtre, le spectateur n’aura aucun mal à percer rapidement les mystères de ce triangle de personnages, surtout lorsque Joanna commencera à souffrir de visions liées à l’agression dont elle a été victime enfant. Heureusement, Alberto De Martino et son co-scénariste Vincenzo Mannino semblent bien conscients des limites intrinsèques de leur intrigue, et la teneur de la machination sera révélée assez tôt dans le métrage, ce qui s’en ressentira clairement dans le jeu de David Warbeck (L’Au-delà), qui en fera volontiers des caisses pour souligner à l’écran sa « nouvelle » personnalité.
D’une façon plus générale, cette révélation précoce sur la nature des personnages permettra aux auteurs du film d’en changer totalement les enjeux et la tonalité, et les surprises qu’ils nous réservent pour la suite seront suffisamment bien amenées et solidement emballées pour remporter l’adhésion. Dans sa deuxième partie, Formule pour un meurtre basculera donc dans une espèce d’amusant petit jeu du chat de la souris, qui s’avérera d’autant réjouissant que certaines séquences de meurtres sont très brutales et sanguinolentes dans leur genre.
Formule pour un meurtre est par ailleurs porté par la musique de Francesco De Masi (L’Éventreur de New York), ainsi que par la solidité générale de son casting : les deux actrices principales, Christina Nagy et Carroll Blumenberg, apportent au métrage le niveau d’innocence et de naïveté nécessaire, même si bien-sûr elles n’ont en rien l’expérience d’une Edwige Fenech ou d’une Barabara Bouchet. On notera par ailleurs qu’Alberto De Martino a déclaré que les deux rôles féminins devaient à l’origine être attribués à Valeria Golino et Nancy Brilli, mais que le choix du cinéaste avait été rejeté par le producteur Fabrizio De Angelis. On notera également la présence à l’écran de l’excellent Rossano Brazzi, impeccable dans le rôle du psychiatre de Joanna.
Le Blu-ray
[4,5/5]
Formule pour un meurtre vient de débarquer en Blu-ray en France dans un somptueux Digipack aux couleurs du Chat qui fume. Comme d’hab, il s’agit d’un très beau digipack trois volets surmonté d’un étui rigide, au design réalisé par l’excellent Frédéric Domont, et le film nous est proposé dans un tirage limité à 1000 exemplaires. Comme d’hab également, le film d’Alberto De Martino est non seulement proposé dans une présentation luxueuse qui ravira les collectionneurs, mais le Blu-ray édité par Le chat qui fume envoie le bois niveau image. Le master est sublime avec un grain superbement préservé, un très beau piqué, des contrastes affirmés et des vives et naturelles : c’est du très beau travail. Côté son, VF et VO nous sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0 (mono d’origine), et nous proposent un confort d’écoute optimal. Du très beau travail technique.
Rayon suppléments, on commencera par un entretien avec Loris Loddi (15 minutes), l’interprète du père Davis dans le film, qui reviendra sur sa carrière, son travail avec Alberto De Martino, puis évoquera quelques anecdotes liées au tournage de Formule pour un meurtre. On terminera ensuite le tour des bonus par un entretien avec Gianlorenzo Battaglia (20 minutes), le directeur photo du film, qui abordera son parcours professionnel, ainsi que sa rencontre et sa collaboration avec Alberto De Martino, notamment sur ce film, tourné avec une équipe réduite et entre les États-Unis (les extérieurs tournés à Boston) et Rome, où l’on tournait les scènes en intérieur. Il reviendra ensuite sur une poignée de caractéristiques de son travail, ainsi que sur l’évolution du métier de directeur photo au fil des années. Intéressant ! Pour vous procurer cette édition Blu-ray limitée à 1000 exemplaires, rendez-vous sur le site de l’éditeur !