Critique Express : La petite

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La petite 

France, Belgique : 2023
Titre original : –
Réalisation : Guillaume Nicloux
Scénario : Fanny Chesnel, Guillaume Nicloux
Interprètes : Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler, Veerle Baetens
Distribution : SND
Durée : 1h33
Genre : Drame
Date de sortie : 20 septembre 2023

3.5/5

Synopsis : Joseph apprend que son fils et le compagnon de celui-ci viennent de périr dans un accident. Ils attendaient un enfant via une mère porteuse en Belgique. Que va devenir leur futur bébé ? Joseph en est-il le grand-père légitime ? Porté par la promesse de cette naissance qui va prolonger l’existence de son fils, le sexagénaire part à la rencontre de la jeune flamande au caractère farouche et indomptable…

En France, la GPA, Gestation Pour Autrui, est interdite. En Belgique, elle n’est pas interdite mais elle n’est pas légalement autorisée pour autant : le pays a choisi de ne pas choisir et la GPA n’y est autorisée que par défaut de législation. Pour adapter au cinéma le roman « Le Berceau » de Fanny Chesnel dans lequel un couple homosexuel choisissait d’avoir recours à une GPA avec une mère porteuse canadienne, Guillaume Nicloux et Fanny Chesnel, les deux scénaristes du film, ont transporté l’action à Gand, en Belgique, dans un pays où, du fait de l’absence de législation, ni ceux qui vont devenir parents ni la mère porteuse ne disposent d’une protection légale. Ce flou est sans doute l’explication du fait que le nombre de GPA recensées dans ce pays soit très réduit. Dans le film, Emmanuel, un informaticien français, était en couple avec Joachim, un belge flamand originaire de Gand et c’est dans cette ville qu’ils ont conclu un « marché » avec Rita, par ailleurs maman de Ava, une fillette très délurée. Emmanuel et Joachim étaient jeunes, ils n’avaient jamais imaginé qu’ils pouvaient mourir. C’est pourtant ce qui va leur arriver, dans le crash d’un avion. Une nouvelle qui va bouleverser Joseph, le père d’Emmanuel, ébéniste à Pessac. Certes, les rapports que Joseph entretenait avec son fils s’étaient récemment détériorés, Joseph ayant peu d’affinité avec Joachim et ses parents. Mais là, les cartes sont rebattues, son fils est mort et Joseph a vite la certitude, Rita n’étant pas dans l’avion au moment du crash, que cette dernière va bientôt donner naissance à une petite fille qui sera SA petite-fille. Joseph n’en démord pas, il doit retrouver Rita, il doit tout mettre en œuvre pour récupérer le bébé.

C’est là où vont apparaître  les difficultés liées au flou qui règne en Belgique concernant la GPA, rendant particulièrement difficile la recherche de l’identité d’une mère porteuse. En plus, les parents de Joachim, le père surtout, refusent de lui apporter leur aide arguant du fait que leur fils souhaitait que la mère porteuse reste anonyme. Guillaume Nicloux a abordé de nombreux thèmes très différents dans ses films avec toutefois un phénomène psychologique presque toujours mis en avant, la résilience. La petite ne déroge pas à cette constance, avec un père qui, lorsque son fils décède, va tout faire pour se transformer en grand-père, avançant petit à petit dans sa recherche en faisant fi des difficulté. Ce n’est pas « divulgâcher » que de parler du rapport très difficile, très tendu, que Joseph va, dans un premier temps, entretenir avec Rita lorsque, enfin, il aura fini par la rencontrer : il est déterminé et têtu, elle ne veut rien savoir de lui, elle est déterminée à mettre le bébé à l’adoption et elle est têtue. On s’attache vite au combat mené par Joseph, remarquablement interprété par un Fabrice Luchini qui, dans un rôle différent de ceux qui lui sont généralement proposés, sait ici se montrer très touchant. Touchant est d’ailleurs le qualificatif qui convient le mieux à La petite, un mélodrame qui sait ne jamais tomber dans le pathétique ou le larmoyant. La distribution du film est un autre de ses atouts, avec,  aux côtés de Luchini, une excellente Mara Taquin dans le rôle de Rita, Maud Wyler, remarquable dans le rôle de Aude, la fille de Joseph, tout à la fois à l’écoute de son père et n’arrivant pas à cacher une certaine jalousie envers son frère décédé. Dans le rôle de Pieter, le père de Joachim, Lucas Van Den Eynde excelle dans le rôle d’un homme qui fait tout pour se rendre détestable. On ne manquera pas de citer aussi, bien sûr, deux comédiennes, Veerle Baetens et Anne Consigny, qu’on a l’habitude de voir dans des rôles importants et qui, ici, prêtent leur talent à des rôles mineurs. Ce film, qui aborde de façon honnête un sujet, la GPA, que le cinéma n’a que très rarement traité, doit toutefois être l’objet d’un petit bémol : il révèle quelques lourdeurs dans sa réalisation, la plus importante étant le comportement de la mère de Joachim dont la soumission aux décisions de Pieter, son mari, est montrée de façon trop appuyée, à la limite de la caricature.  


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