Dominique – Les Yeux de l’épouvante
Royaume-Uni : 1979
Titre original : Dominique
Réalisation : Michael Anderson
Scénario : Edward Abraham, Valerie Abraham, Harold Lawlor
Acteurs : Cliff Robertson, Jean Simmons, Jenny Agutter
Éditeur : Rimini Éditions
Durée : 1h35
Genre : Fantastique
Date de sortie cinéma : 17 juin 1981
Date de sortie DVD/BR : 1 septembre 2023
À peine remise d’une grave chute, Dominique Ballard, femme d’un riche homme d’affaires, commence à être victime d’étranges et angoissantes visions. Est-elle en train de perdre la tête ? Est-elle victime d’une machination ? La demeure du couple est-elle réellement hantée ?
Le film
[3/5]
Après avoir réalisé L’Âge de cristal (1976) et Orca (1977), deux films à gros budget, le cinéaste Michael Anderson fit le choix de prendre ses distances avec les superproductions internationales et de revenir au Royaume-Uni afin de mettre en scène Dominique – Les Yeux de l’épouvante, un film mélangeant les codes du thriller de machination des années 50/60 et ceux du conte moral et horrifique popularisé par les publications EC Comics des années 50 (Tales from the crypt, The haunt of fear, The vault of horror…).
Autant dire que s’il s’agit d’un film assez solide et tout à fait intéressant, Dominique – Les Yeux de l’épouvante semble presque « anachronique » pour un film sorti en 1979 : le cinéma fantastique avait subi de nombreuses mutations en l’espace de dix ans, et le film de Michael Anderson se retrouvait dès lors en concurrence directe avec des films plus modernes dans leur approche du genre, tels que Zombie (George A. Romero, 1978), Halloween – La nuit des masques (John Carpenter, 1978) ou même Alien (Ridley Scott, 1979). Ce décalage vis-à-vis de l’époque à laquelle il a été tourné est sans aucun doute une des raisons pour lesquelles Dominique – Les Yeux de l’épouvante est finalement assez rapidement retombé dans l’oubli, mais il s’agit tout de même d’un film réussi et efficace.
Se déroulant quasi-intégralement dans un seul endroit (une vaste propriété bourgeoise anglaise), Dominique – Les Yeux de l’épouvante prend clairement son temps afin d’installer son intrigue et ses personnages, mais Michael Anderson parvient à trouver et à conserver son rythme, travaillant d’une façon relativement efficace une atmosphère délétère tournant non seulement autour d’une hypothétique hantise, mais aussi et surtout sur l’attitude crapuleuse du personnage incarné par Cliff Robertson, dont on comprendra assez rapidement qu’il est responsable de la mort de son épouse Dominique (Jean Simmons).
Et si le spectateur habitué à ce genre de spectacle aura tôt fait de deviner la nature des rôles tenus par le chauffeur Tony (Simon Ward) et la demi-sœur Ann (Jenny Agutter), Dominique – Les Yeux de l’épouvante n’en demeure pas moins une expérience assez intense. La construction du film est certes lente, et le scénario pas forcément chargé de séquences à sensations fortes, mais le rythme des révélations concernant les actions et les motivations des différents personnages est bien tenu, d’autant que le film nous propose un habile tour de passe-passe en explorant tout d’abord la désorientation croissante du personnage de Dominique, puis de son mari.
Derrière la caméra, Michael Anderson développe assez brillamment l’atmosphère de cette histoire de fantômes, allant jusqu’à flirter avec le cinéma gothique quand il suit les divagations de Cliff Robertson dans les couloirs et les pièces de la propriété, souvent au son d’un piano qui joue tout seul. Dominique – Les Yeux de l’épouvante nous proposera également son lot de séquences étranges, mises en scène avec style : on sent que Michael Anderson et son directeur photo Ted Moore ont tiré les leçons du cinéma de Mario Bava et de Dario Argento, et l’utilisation des couleurs donne vraiment au film un cachet assez unique. Les éclairages rouge, vert et bleu parviennent à créer une ambiance quasi-irréelle, et à accentuer le sentiment de malaise ressenti par le spectateur jusqu’au dénouement final.
Le Blu-ray
[4/5]
En l’espace de quelques années, Rimini Éditions a su se créer une place de choix dans le cœur des fans de cinéma fantastique, grâce à sa collection « Angoisse » qui nous permet depuis 2019 de redécouvrir une poignée de pépites oubliées du cinéma de genre. Comme d’habitude avec l’éditeur, Dominique – Les Yeux de l’épouvante débarque donc dans une édition Combo Blu-ray + DVD + Livret qui en jette plein les yeux d’entrée de jeu grâce à sa présentation très classe, dans un beau Digipack trois volets agrémenté d’un sur-étui cartonné. Côté technique, le master est bien entendu proposé en 1080p, et la préservation du grain cinéma semble avoir bénéficié d’un soin tout particulier. Aucun souci d’encodage n’est à déplorer, c’est du très beau travail, le rendu Haute-Définition s’avère absolument satisfaisant en dépit de quelques baisses de régime. Côté son, le spectacle acoustique est d’un très bon niveau : le film est proposé dans des mixages DTS-HD Master Audio 2.0 en VF et en VO. La version française est un poil étouffée et semble avoir davantage subi les outrages du temps que la version originale. On notera par ailleurs que certains passages non doublés seront proposés en VO sous-titrée.
En guise de suppléments, l’éditeur nous propose un livret de 20 pages consacré au film, et naturellement écrit par Marc Toullec, décidément très demandé par les éditeurs français ces derniers mois. L’ensemble est très informatif et richement illustré.
