La Dernière Reine : entre Histoire, Légende et Modernité

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Algérie : 2023
Titre original : El Akhira
Scénario : Adila Bendimerad et Damien Ounouri
Production : Adila Bendimerad, Damien Ounouri, Justine O., Dali Benssalah, Roger Huang, Patrick Sobelman, Yacine Laloui
Distribution : Adila Bendimerad, Dali Benssalah, Dimitri Boetto, Mohamed Tahar Zaoui, Nadia Tereszkiewicz
Durée : 1h52
Genre : Drame historique, aventure
Date de sortie : 19 avril 2023

C’est un véritable voyage dans le temps que nous proposent Adila Bendimerad et Damien Ounouri avec La Dernière Reine, connue sous le nom de Zaphira. Dans ce tout premier long-métrage, soutenu par le Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique, on est propulsé dans l’Algérie du 16ème siècle pour un drame mêlant la légende à l’histoire et l’histoire à l’esprit moderne.

Synopsis :

Nous sommes au début du 16ème siècle. Alger vient d’être libérée des Espagnols par Aroudj Barberousse, un pirate qui prend alors le pouvoir. C’est alors qu’une femme va s’opposer à lui. Elle s’appelle Zaphira et compte bien gagner ce combat…

Un récit à la fois historique et moderne

Aroudj Barberousse (Dali Benssalah), avec l’aide d’Astrid (Nadia Tereszkiewicz), une femme pirate d’origine scandinave, vient libérer Alger. Pour prendre le pouvoir, il assassine ensuite le roi Salim, mais les deux femmes de ce roi, Chegga (Imen Noel) et Zafira lancent une rébellion. Ce duo féminin se traduit alors par une juxtaposition entre stratégie politique et pulsions.

Des caractères complexes et profonds

Les deux réalisateurs viennent distiller tout au long de ce récit une certaine complexité dans les rôles des protagonistes. Par exemple, Aroudj Barberousse apparaît à la fois comme le sauveur d’Alger, mais aussi comme un mercenaire n’hésitant pas à prendre le pouvoir en tuant le roi. De même, Zaphira est dépeinte de manière moderne à travers la place de la femme dans la société, avec notamment sa manière de se mêler aux hommes lors de leurs soirées de jeux d’argent, réservées à la gente masculine. Adila Bendimerad, qui incarne ce rôle, souligne la force de cette femme, décidée à résister au pouvoir masculin.

Une volonté d’appropriation d’un bout de l’histoire

Machinations, intrigue politique, batailles mortelles, trahisons familiales… La dernière reine témoigne de la volonté d’Adila Bendimerad et de Damien Ounouri de s’approprier une partie de l’histoire pour en faire une œuvre à la fois captivante et pleine de fureur. Ceci essentiellement pour combler l’absence d’informations sur certaines parties de cette époque à leur manière, tout en respectant l’identité et la situation de l’Algérie.

Le véritable travail d’orfèvre du réalisateur à bien des niveaux

Au-delà de cette quête d’inédit, les co-réalisateurs offrent une histoire complexe et profonde grâce à deux personnages charismatiques : Zafira d’un côté et Aroudj de l’autre. Pour ce faire, ils n’hésitent pas à mélanger l’histoire et une légende, puisque rien ne prouve, en réalité, l’existence de Zaphira.

Malgré des moyens insuffisants, ce projet a finalement abouti, après avoir fait le nécessaire pour y parvenir, notamment en faisant appel à des coproducteurs d’autres pays. Samir Haddadi, cascadeur algérien, joue les scènes les plus épiques. De plus, le film est tourné dans différentes villes d’Algérie, et non uniquement à Alger, pour que les scènes restent crédibles, en particulier en reconstituant le palais royal. Aucun détail n’est négligé et cela vaut pour les costumes et les décors. On note d’ailleurs le fabuleux travail réalisé par Feriel Gasmi Issiakhem, directrice artistique, qui s’est également intéressée à la question de la langue.

Un style indéniable

En prenant connaissance de cette histoire, on ne peut que souligner le style unique de cette œuvre cinématographique qui mélange réalité et légende, stratégies politiques et émotions personnelles, manipulations et force de caractère. Le personnage de Zafira a une importance cruciale, surtout en Algérie où le pouvoir des hommes est prégnant. Comparée à tour de rôle à la Reine Margaux et Jeanne d’Arc, elle représente un vrai sujet de fond qui est encore évoqué aujourd’hui. Il ne s’agit donc pas d’une reconstitution historique, mais on regrette malgré tout des dialogues qui auraient pu être plus riches. De plus, le film aurait sans doute gagné en authenticité avec une présence plus soutenue du peuple d’Algérie. Pour autant, ce film s’impose avec d’autres atouts.

En conclusion, La dernière reine vient mettre en lumière le cinéma algérien qui, malgré une belle percée depuis une décennie au niveau international, est quelque peu freiné faute de moyens suffisants. On y retrouve tous les ingrédients essentiels pour s’attacher aux protagonistes et à leur histoire et aller au-delà de l’histoire elle-même, du moins ce que l’on sait de l’histoire à cette époque. Dans un autre registre, mais bousculant également les mœurs, découvrez ce film qui nous transporte au Japon dans un modèle familial renversant tous les codes sociétaux et traditionnels.

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