Test Blu-ray : Braddock – Portés disparus 3

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Braddock – Portés disparus 3

États-Unis : 1987
Titre original : Braddock – Missing in Action III
Réalisation : Aaron Norris
Scénario : James Bruner, Chuck Norris, Aaron Norris
Acteurs : Chuck Norris, Aki Aleong, Roland Harrah III
Éditeur : ESC Éditions
Durée : 1h41
Genre : Action
Date de sortie cinéma : 2 mars 1988
Date de sortie DVD/BR : 9 août 2023

Le Colonel James Braddock reprend du service pour libérer sa femme et son fils de 12 ans retenus prisonniers au Vietnam…

Le Film

[3,5/5]

En n’attirant qu’un peu moins de 283.000 français dans les salles au printemps 1988, Braddock – Portés disparus 3 avait confirmé, après le cuisant échec du film au box-office US, que le déclin au box-office de Chuck Norris était un phénomène mondial, et que le barbu avait définitivement cédé sa place au panthéon du cinéma d’action à une poignée d’acteurs un peu plus jeunes que lui. D’une façon assez intéressante, le déclin de Chuck Norris au box-office mondial est à mettre en parallèle avec celui du groupe Cannon Films, avec qui l’acteur avait un contrat d’exclusivité : la boite de Menahem Golan et Yoram Globus ne parvenait plus à l’époque à être en phase avec les goûts du public, et malgré ses multiples tentatives ultérieures (Héros, Delta Force 2…), les films nés de la collaboration entre la Cannon et Chuck Norris durant les années qui suivraient ne parviendraient pas à renouer avec le succès.

Pour autant, les amateurs du cinéma de Chuck Norris sauront probablement apprécier Braddock – Portés disparus 3 à sa juste valeur : celle d’un film d’action typique de l’acteur, avec beaucoup de scènes d’action intenses, tape-à-l’œil et surréalistes, et une poignée de répliques mémorables, du genre de celles que l’on se ferait volontiers imprimer sur un T-Shirt, et que l’on aimait volontiers citer dans la cour de récré.

Je mets les pieds où je veux, Little John. Et c’est souvent dans la gueule.

Comme on pouvait s’y attendre, dans Braddock – Portés disparus 3, Chuck Norris reprend le rôle de James Braddock, héros de guerre, mais qui se trouve également ici être un mari et un père aimant. En effet, on découvre dans ce film que Braddock avait épousé une vietnamienne, qu’il a abandonné après la chute de Saïgon car il la croyait morte dans l’explosion de son appartement. Entre-temps, sa femme a accouché de leur fils, et douze ans après, notre patriote barbu apprend que sa femme et son gosse seraient encore en vie. Il retourne au Viêt Nam aussi sec pour les sauver, mais sur place, il devra faire face à un général communiste complètement chtarbé, et aider une mission d’enfants amérasiens à fuir le pays – une mission quasi-messianique à la Mad Max III (1985), qui tend à considérablement changer les enjeux par rapport aux deux premiers films de la saga Portés disparus.

Mais le plus étonnant dans Braddock – Portés disparus 3 se situe probablement dans sa première bobine, qui met en scène la chute de Saïgon en 1975 et le départ précipité des américains, qui laissent littéralement la ville à feu et à sang derrière eux. Il s’agit d’une scène de chaos qui place le personnage de Chuck Norris aux premières loges de la débâcle, obligé de fuir sur un brancard alors qu’il vient de se faire tirer dans le dos par un civil. Cette ouverture nous présente d’entrée de jeu James Braddock comme un homme dévasté, et le regard qu’il jette sur Saïgon alors que son hélico survole la ville en flammes est lourd de sens – si l’on ne connaissait pas l’acteur, on pourrait même penser que Braddock – Portés disparus 3 pose un regard sévère sur le retrait des troupes US du Viêt Nam. Cependant, l’idée n’est probablement pas ici de fustiger la politique américaine, mais de condamner la violence insensée et vaine ayant coûté la vie de Weiland Norris, frère cadet de l’acteur mais également du réalisateur Aaron Norris, mort au Viêt Nam en 1970.

Passée cette séquence, le film d’action reprendra ses droits de façon plus traditionnelle, même s’il faut avouer que Braddock – Portés disparus 3 n’y va pas avec le dos de la cuillère niveau cruauté : le personnage du général Quoc, un grand sadique, place en effet Chuck Norris dans des situations très dures, ce qui confère au film une tonalité extrêmement sombre dans son deuxième acte (avec une séquence de torture qui préfigurait presque les pièges du tueur Jigsaw dans la saga Saw !), avant le grand festival de n’importe que constitue le climax du film. Dans les vingt dernières minutes, Chuck, lance-grenade à la main, prendra donc d’assaut un camp militaire à lui seul pour « la » grande séquence d’action du film, assurément l’une des plus WTF – mais aussi des plus emblématiques et des plus amusantes – du cinéma d’action des années 80.

Le Blu-ray

[4/5]

Disponible chez ESC Éditions, grand pourvoyeur de films d’action made in Cannon au format Blu-ray, Braddock – Portés disparus 3 s’offre aujourd’hui un lifting HD sur galette Blu-ray qui ravira les nombreux amateurs du cinéma de Chuck Norris. On espère que l’éditeur aura accès dans un avenir proche à quelques perles toujours inédites de la filmographie de Mr Norris : on pense par exemple à l’excellent thriller Horreur dans la ville (Michael Miller, 1982), qui voyait le grand Chuck confronté à un serial killer, le très amusant L’Exécuteur de Hong Kong (James Fargo, 1982) ou encore la formidable comédie d’aventures Le Temple d’or (J. Lee Thompson, 1986).

Aussi bien côté image que côté son, le master proposé par ESC sur Braddock – Portés disparus 3 est d’excellente tenue ; le film est naturellement proposé au format 1.85 respecté et encodé en 1080p. Le piqué est d’une belle précision, le grain cinéma est parfaitement préservé, et couleurs et contrastes semblent avoir été tout particulièrement soignés. L’ensemble est donc plus que recommandable ! Rien à redire non plus sur le mixage audio, proposé en VF et en VO en DTS-HD Master Audio 2.0, dans des mixages solides et efficaces, clairs, sans souffle, et donc tout à fait satisfaisants !

Côté suppléments, ESC Éditions nous propose tout d’abord de découvrir un commentaire audio du film, enregistré par les critiques Mike Leeder et Arne Venema pour l’édition américaine sortie sous les couleurs de Kino Lorber. Le commentaire est proposé sans sous-titres, et sera donc à réserver aux anglophones confirmés. Les deux critiques reviendront de façon plutôt enthousiaste sur différents aspects du film, évoqueront longuement l’ouverture du film à Saïgon, l’évolution du scénario après le départ de Joseph Zito pour divergences artistiques, les acteurs, etc. On continuera ensuite avec une présentation du film par David Da Silva (16 minutes), qui, en grand défenseur de la carrière de Chuck Norris, entamera son sujet en comparant le grand Tchouque à John Wayne et Clint Eastwood. Considérant Braddock – Portés disparus 3 comme un moment « charnière » dans sa carrière, il dressera des passerelles entre le film et la vie de l’acteur, tout en abordant d’autres films de sa filmographie, et l’aspect précurseur de certains d’entre eux.

On terminera enfin avec une présentation du film par François Cau (18 minutes), qui replacera davantage Braddock – Portés disparus 3 dans son contexte de tournage, en revenant sur l’histoire des « filous » de la Cannon, sa collaboration avec Chuck Norris, la saga Portés disparus, et bien sûr Braddock, les raisons ayant convaincu l’acteur de rempiler, ainsi que le résultat à l’écran et les défauts du film, qu’il compare à Rambo III (ce qui pour lui n’est pas un compliment). A l’inverse de David Da Silva, François Cau confesse qu’il n’a jamais aimé le cinéma de Chuck Norris, qu’il voyait uniquement comme « le mec qui se fait casser la gueule par Bruce Lee », mais que certains de ses films le font rire façon nanar. Si on n’est pas forcément d’accord avec lui, on comprend bien que le cinéma des années 80 et son côté « Bigger than life » puisse être l’objet de moqueries et de ricanements. La frontière est parfois floue entre les cinéphiles s’amusant franchement des excès d’une époque définitivement révolue et ceux qui s’en moquent parce qu’ils les trouvent ridicules. Cependant, le propos de François Cau demeure argumenté et intéressant. La traditionnelle bande-annonce fermera la section interactivité.

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