Test DVD : L’Eden

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L’Eden

Colombie : 2022
Titre original : La Jauría
Réalisation : Andrés Ramirez Pulido
Scénario : Andrés Ramirez Pulido
Interprètes : Jhojan Estiven Jimenez, Maicol Andrés Jimenez, Miguel Viera, Diego Rincon
Éditeur : Pyramide Vidéo
Durée : 1h24
Genre : Drame
Date de sortie cinéma : 22 mars 2023
Date de sortie DVD : 22 juillet 2023

Eliú, un garçon de la campagne, est incarcéré́ dans un centre expérimental pour mineurs au cœur de la forêt tropicale colombienne, pour un crime qu’il a commis avec son ami El Mono. Chaque jour, les adolescents effectuent des travaux manuels éprouvants et suivent des thérapies de groupe intenses. Un jour, El Mono est transféré dans le même centre et ramène avec lui un passé dont Eliú tente de s’éloigner.

Le film

[3.5/5]

Très souvent, la vision de films en provenance de Colombie s’avère peu propice à générer de l’optimisme : gangs de jeunes délinquants, drogue, meurtres, violence exacerbée montrée de façon très crue, représentent la toile de fond de la plupart des films venant de ce pays du nord de l’Amérique du Sud. L’Eden, le premier long métrage de Andrés Ramirez Pulido, prix SACD de la Semaine de la Critique 2022, arrive à échapper à ce schéma même si on y retrouve de jeunes délinquants, même si on y parle de drogues, même si il est question d’un meurtre, même si la violence est présente, voire même omniprésente. Si ce film échappe au schéma habituel, c’est parce que la violence n’est pas vraiment montrée sauf sous la forme de ce qui s’apparente à des chahuts entre adolescents et que, par ailleurs, elle est surtout verbale et c’est aussi parce que la fin du film laisse s’échapper un petit rayon d’optimisme. Nous voici donc dans une hacienda désaffectée au milieu d’une forêt tropicale : dans un camp expérimental pour mineurs délinquants, des adolescents en provenance de différentes prisons vivent et travaillent à remettre les lieux en état pour le bénéfice de son propriétaire sous les ordres de 2 hommes qu’ils appellent systématiquement « chefs » : pour arriver à se faire obéir par cette bande d’adolescents (le titre original du film est « La Jauría », la meute en espagnol), Godoy ne croit que dans la coercition accompagnée de brutalité et il est à la fois craint et haï par « la meute », alors que Alvaro, ancien adolescent délinquant, est un personnage beaucoup plus contrasté qui joue au thérapeute en organisant des séances de groupe faisant penser à ce qui se passe dans certaines sectes et en laissant davantage de liberté aux adolescents afin de les responsabiliser. Toutefois, en cherchant à montrer qu’il est possible de sortir de la délinquance puisque lui y serait arrivé, n’est-il pas surtout en train de rechercher sa propre rédemption ?

Parmi tous ces jeunes hommes, le film en suit deux plus particulièrement : Eliú et El Mono (Le singe, en espagnol), 2 amis qui ont tué un homme au cours « d’une nuit de folie, de came, d’alcool », tellement folle que, croyant assassiner le père d’Eliú, haï par son fils, ils se sont trompés de victime. Au sein du centre, leur comportement est totalement différent : El Mono ne montre aucun regret concernant le meurtre commis avec Eliú et il ne cherche absolument à rentrer dans le rang, se montrant toujours très sarcastique, très insolent, n’hésitant pas à se présenter comme étant voleur, menteur, rebelle, drogué, etc. Eliú, lui, se sent coupable et, ayant réussi par son comportement à gagner la confiance d’Alvaro, il joue dans le camp un rôle pouvant se comparer à celui des kapos dans les camps de concentration nazis. C’est dans les rues d’une ville de Colombie que Andrés Ramirez Pulido a trouvé la plupart de ses interprètes, des interprètes qui ne semblent pas avoir été gênés par le travail en plans séquence souvent assez longs et qui s’avèrent tous très convaincants avec une mention particulière pour Maicol Andrés Jimenez, l’interprète de El Mono. A titre anecdotique, sachez que Diego Rincón, l’acteur qui joue le rôle de Godoy, est surveillant dans un centre pour jeunes délinquants et que, contrairement à  Godoy, il est très respecté par les jeunes envers lesquels il n’a pas le côté coercitif et brutal de son personnage.

Le DVD

[4/5]

Les maigres 5000 entrées en salle réalisées par le film n’ont pas incité Pyramide Vidéo à le proposer en Blu-ray, ce que l’on peut regretter dans la mesure où L’Eden est riche en scènes nocturnes, le genre de scènes où la différence entre DVD et Blu-ray est particulièrement importante. Le résultat obtenu sur le support DVD est toutefois tout à fait acceptable. Concernant le son, il est disponible en 2.0 et en 5.1, avec, au choix, un sous-titrage français ou anglais.

Trois suppléments viennent s’ajouter au film sur le DVD. Tout d’abord, un entretien de 6 minutes avec Andrés Ramirez Pulido  dans lequel ce dernier, qui se présente en tant que croyant, parle de de l’importance que revêt pour lui la figure du père, qui, selon les cas, peut être amour, abandon ou violence et de la difficulté à sortir du cercle de violence qui existe dans de nombreux pays, dont le sien, avec de nombreux adolescents qui vouent une haine profonde à leur père et un amour tout aussi profond à leur mère. Les deux autres suppléments sont des court-métrages, El Éden, 19 minutes, présenté à la Berlinade en 2016, et Damiana, 14 minutes, présenté en 2017 au Festival de Cannes. On retrouve dans ces deux courts métrage le travail en plans séquence cher au réalisateur ainsi que la thématique qu’il affectionne : les adolescents. Sauf que, dans Damiana, il s’agit d’adolescentes qui, elles, n’ont absolument pas le même rapport haineux avec leurs pères.

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