L’actrice et politicienne anglaise Glenda Jackson est décédée ce matin à Blackheath dans la banlieue de Londres. Elle était âgée de 87 ans. Son parcours est des plus atypiques en ce qu’elle avait troqué le monde du cinéma, de la télévision et du théâtre, dans lequel elle avait connu de nombreux succès dans les années 1960, ’70 et ’80, contre l’engagement de longue haleine en tant que membre du parlement britannique pendant vingt-trois ans. Sans oublier un retour en grâce tardif sur le devant de la scène surtout sur le petit écran et au théâtre. Au fil de son illustre carrière d’actrice, elle avait collaboré entre autres avec des réalisateurs de renom tels que Ken Russell, John Schlesinger, Joseph Losey, Richard Fleischer et Robert Altman.
D’origine sociale modeste, Glenda Jackson avait suivi une formation à l’Académie Royale des Arts Dramatiques avant de rejoindre la Royal Shakespeare Company au milieu des années 1960. A la même époque, elle avait tenu ses premiers rôles secondaires au cinéma, notamment dans Le Prix d’un homme de Lindsay Anderson. Sa rencontre avec le réalisateur Peter Brook lui permet d’exceller d’abord au théâtre, puis au cinéma dans Marat / Sade. Après Négatives de Peter Medak en 1968, elle décroche son premier rôle cinématographique majeur l’année suivante grâce à l’adaptation de D.H. Lawrence Love de Ken Russell. Elle recroisera à nouveau le chemin du réalisateur pour ses deux prochains films : Music Lovers et The Boy Friend. Entre-temps, Glenda Jackson s’était imposée de même à la télévision britannique à travers la mini-série de la BBC « Elizabeth R ».
Au cinéma, les années ’70 étaient placées pour l’actrice désormais confirmée sous le signe de collaborations fructueuses avec des cinéastes tels que John Schlesinger (Un dimanche comme les autres), Charles Jarrott (Marie Stuart Reine d’Écosse), Michael Apted (Triple écho), Melvin Frank (Une maîtresse dans les bras Une femme sur le dos et L’Amour sur béquilles), Damiano Damiani (La Tentation), Joseph Losey (Une Anglaise romantique), Trevor Nunn (Hedda), Richard Fleischer (The Incredible Sarah), Michael Lindsay-Hogg (Drôles de manières), Howard Zieff (Appelez-moi docteur), Robert Enders (Stevie), Silvio Narizzano (L’École ras le bol), Ronald Neame (Jeux d’espions) et Robert Altman (HealtH).
A partir des années ’80, Glenda Jackson était autant présente sur le petit que sur le grand écran. Parmi ses films pendant sa dernière décennie pleine de travail d’actrice, on peut citer Le Retour du soldat de Alan Bridges, Turtle Diary de John Irvin, Beyond Therapy de Robert Altman, Salome’s Last Dance et The Rainbow de Ken Russell. Ainsi que pour la télévision « Acte d’amour » de Anthony Harvey et Anthony Page et « Sakharov » de Jack Gold.
Alors qu’elle avait depuis toujours été solidaire des luttes sociales menées par le parti travailliste, Glenda Jackson avait franchi le pas de s’investir réellement dans le monde politique en 1992 en devenant la députée au parlement britannique d’une circonscription au nord de Londres. Elle y a été réélue jusqu’en 2015, quand, à près de 80 ans, elle a mis un terme à sa carrière politique. Pendant deux ans, de 1997 à 1999, elle a été secrétaire d’état aux transports dans le cabinet du premier ministre Tony Blair. Ce qui ne l’avait pas empêchée de le critiquer sévèrement à cause de sa participation à l’invasion d’Irak en 2003.
Puisque c’est le saccage du modèle social britannique au cours des onze années de règne de Margaret Thatcher qui avait motivé l’actrice à changer de casquette, il est tout à fait normal qu’elle ait tenu l’un de ses discours les plus passionnés et mémorables à l’occasion de l’hommage rendu à l’ancienne première ministre après sa mort en avril 2013.
Plutôt que de profiter d’une retraite bien méritée, Glenda Jackson avait fait un retour remarqué en tant qu’actrice pendant les dernières années de sa vie. En 2018, elle avait gagné le Tony de la Meilleure actrice dans une pièce théâtrale dans « Three Tall Women » de Edward Albee. Le téléfilm « Elizabeth is missing » de Aisling Walsh lui avait valu un BAFTA et un Emmy International en 2020. Et au cinéma, on pourra encore la voir prochainement dans Entre les lignes de Eva Husson – sortie française prévue fin septembre – et The Great Escaper de Oliver Parker dont elle venait de terminer le tournage.
Glenda Jackson a été nommée à quatre reprises à l’Oscar de la Meilleure actrice, pour Love, Un dimanche comme les autres, Une maîtresse dans les bras Une femme sur le dos et Hedda. Elle l’avait gagné à deux reprises, respectivement en 1971 et 1974 pour Love et Une maîtresse dans les bras Une femme sur le dos. Jackson avait été absente à ces deux cérémonies, même si elle avait participé à la grande soirée hollywoodienne à d’autres occasions en tant que présentatrice. Elle avait gagné un BAFTA de cinéma en 1972 pour Un dimanche comme les autres. Ainsi que deux Emmies la même année pour son rôle de la reine Elizabeth I dans la mini-série « Elizabeth R ». Ses rôles dans Love et Stevie lui avaient valu les prix des critiques de New York et du National Board of Review.
Enfin, pour l’anecdote, Glenda Jackson est née le même jour que son confrère et compatriote Albert Finney (Le Crime de l’Orient-Express), décédé en février 2019.