Test Blu-ray : Caravage

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Caravage

France, Italie : 2022
Titre original : L’ombra di Caravaggio
Réalisation : Michele Placido
Scénario : Sandro Petraglia, Michele Placido, Fidel Signorile
Acteurs : Riccardo Scamarcio, Louis Garrel, Isabelle Huppert
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h52
Genre : Drame, Historique
Date de sortie cinéma : 28 décembre 2022
Date de sortie DVD/BR : 3 mai 2023

Italie, 1609. Accusé de meurtre, Le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, Le Caravage tente d’obtenir la grâce de l’Église pour revenir à Rome. Le Pape décide alors de faire mener par un inquisiteur, l’Ombre, une enquête sur le peintre dont l’art est jugé subversif et contraire à la morale de l’Église…

Le film

[3,5/5]

Une « rock star » christique, éprise de vérité et de fureur créatrice : c’est le nouveau visage du célèbre peintre « Caravage » proposé par le réalisateur italien Michele Placido dans le film éponyme qui vient de sortir en Blu-ray chez Le Pacte. Incarné par l’acteur Riccardo Scamarcio, choisi par le réalisateur pour son étonnante « ressemblance avec le peintre dans certains de ses tableaux », la co-production franco-italienne Caravage retrace un moment de la vie du peintre d’une haute intensité dramatique.

Une enquête

Accusé de meurtre, Le Caravage a fui Rome et s’est réfugié à Naples. Soutenu par la puissante famille Colonna, il tente d’obtenir la grâce de l’Église pour revenir à Rome. Le Pape décide alors de faire mener par un inquisiteur, l’Ombre, une enquête sur le peintre dont l’art est jugé subversif et contraire à la morale de l’Église. Aux côtés de Riccardo Scamarcio, Louis Garrel (L’Ombre), Isabelle Huppert (Costanza Colonna) et sa fille, Lolita Chammah (Anna Bianchini) complètent la distribution de Caravage, qui a été tourné dans la langue de Dante.

L’histoire s’ouvre dans un décor poisseux et pluvieux, reconstitué afin de « réaliser un film authentique, sale, loin de la tentation d’une reconstitution léchée », explique le réalisateur, 76 ans, ancien flic des rues de Rome, qui fut aussi acteur sur les planches et au cinéma, avant de prendre la caméra. Il a « fait appel à des historiens comme Vincenzo Pacelli tant pour la grande fidélité des reconstitutions historiographiques des tableaux » du Caravage que pour sa vie et sa mort.

Le Caravage « a été l’un des premiers metteurs en scène de l’histoire et même l’un des premiers chefs opérateurs », dit-il. « Il utilisait des personnes qu’il mettait en scène comme s’il s’agissait d’un véritable plateau de tournage, avec des lumières et des ombres recréant fidèlement sa vision d’une scène de vie ».

Reconstitution de scènes bibliques et de vie

C’est le cas de son chef d’œuvre « La mort de la Vierge », tableau emblématique conservé au Louvre, « qui a fait scandale parce qu’il a utilisé une célèbre prostituée de l’époque, Anna Bianchini, pour représenter la Vierge. Il reproduisait la scène et mettait ensuite tout sur la toile », ajoute-t-il. L’une des forces de Caravage tient à cette reconstitution de scènes bibliques et de vie, dans des couleurs extrêmement fidèles aux toiles de l’artiste, avec des mendiants et parias de la société comme modèles vivants, ce que l’Église va lui reprocher même si certains de ses membres ne pourront s’empêcher d’admirer son génie.

C’est précisément « un Caravage qui s’oppose à la somptuosité de l’Église », que le réalisateur dit avoir voulu mettre en scène avec « une image un peu rock ». Ses nuits agitées de fêtes et de tourments succèdent à des journées de déambulations ininterrompues. Le Caravage ne semble s’arrêter que lors de fulgurantes inspirations où toute son attention est retenue par la vision d’une scène qu’il va peindre. Michele Merisi da Caravaggio, son vrai nom, francisé Carvage ou Le Caravage, est né en 1571 à Milan. Il a d’abord choisi la voie ecclésiastique « avant de consacrer toute sa vie à représenter les derniers, les plus aimés par le Christ : les gens du peuple, les prostituées, les gens de mauvaise réputation, les pauvres, les parias de la société », souligne Michele Placido.

Caravage offre une plongée spectaculaire dans les ateliers d’artistes de l’époque où apparaît Artemisia Gentileschi, née à l’époque de l’Académie de Capo de Fiori et qui fut l’une des premières femmes peintres de l’histoire. On suit aussi Le Caravage en prison où il croise Giordano Bruno, lors de son exécution.

Critique de notre rédacteur en chef Pascal Le Duff.

Le Blu-ray

[4/5]

Imparfait mais assez fascinant, Caravage tente de synthétiser un parcours humain et artistique unique à travers l’enquête à rebours d’un mystérieux émissaire du Vatican qui tente de reconstituer sa vie. Avec presque 270.000 entrées en France, le film de Michele Placido est parvenu à attirer l’attention du public, même si on est encore loin des 362.000 entrées réalisées par Romanzo Criminale en 2005. Pour autant, on espère que Caravage trouvera un nouveau public en vidéo, d’autant que le Blu-ray édité par Le Pacte est au top, d’un point de vue technique et éditorial.

Côté Blu-ray, comme d’habitude avec Le Pacte, on ne trouvera en effet absolument rien à redire concernant le transfert Haute-Définition de Caravage : les contrastes sont marqués, la belle photo du film signée Michele D’Attanasio est respectée à la lettre, le piqué est d’une belle précision, les couleurs sont éclatantes, et les noirs ne paraissent jamais « étouffés ». On ne dénotera aucun souci de compression majeur, même si les arrière-plans laissent occasionnellement apparaître de légers fourmillements. En un mot, c’est du tout bon. Idem côté son, avec un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 d’ambiance parfaitement spatialisé à la fois en VF et en VO, même si le film n’incite pas forcément à la démo acoustique.

Dans la section suppléments, on trouvera un très intéressant making of (28 minutes), qui permettra au spectateur de saisir un peu au vol l’ambiance qui régnait sur le tournage, et de se rendre compte de l’humilité et de la sincérité de l’équipe. On terminera ensuite avec une discussion sur le Caravage (42 minutes), qui reviendra sur les choix faits par le film de Michele Placido concernant la représentation au cinéma de la vie du peintre. Les échanges entre Catherine Koenig, conférencière en histoire de l’art, et Jean-Loup Bourget, critique de cinéma (Positif) donnent une image assez flatteuse du film.

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