Test Blu-ray : Abattoir 5 – Édition Prestige limitée

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Abattoir 5

États-Unis : 1972
Titre original : Slaughterhouse-Five
Réalisation : George Roy Hill
Scénario : Stephen Geller
Acteurs : Michael Sacks, Ron Leibman, Eugene Roche
Éditeur : Carlotta Films
Durée : 1h43
Genre : Guerre, Science-Fiction
Date de sortie cinéma : 24 mai 1972
Date de sortie DVD/BR : 18 avril 2023

USA, années 60. Présent à Dresde en 1945 lors des terribles bombardements qui ont détruit la ville, l’ancien GI Billy Pilgrim mène une vie de famille en apparence rangée. Mais le traumatisme subi à transformé Billy, qui peut désormais voyager dans le temps. Il est sans cesse renvoyé à Dresde au cœur des bombardements…

Le film

[4/5]

Avant de devenir un film de George Roy Hill, Abattoir 5 était avant tout un classique de la littérature américaine signé Kurt Vonnegut ; un indescriptible mélange de guerre et de science-fiction à la temporalité volontairement éclatée, à la fois horrible et drôle. Paru en 1969, le roman inclassable de Kurt Vonnegut s’est rapidement imposé comme un puissant pamphlet anti-militariste, dans le sens où le bouquin nous racontait que l’horreur et la violence de la guerre – représentés ici par les bombardements de Dresde en 1945 – n’ont n’a pas de fin, littéralement d’ailleurs, car pour le narrateur Billy, la guerre est toujours là, même quand elle est finie. Mais n’est-ce pas le cas pour tout le monde ?

A la fois violemment pessimiste et paradoxalement curieusement humaniste, Abattoir 5 a donc connu une adaptation cinématographique, brillamment écrite par Stephen Geller et réalisée par George Roy Hill, qui sortait tout juste du succès de Butch Cassidy et le Kid (1969), et qui dès l’année suivante tournerait L’Arnaque (1973). Entre ces deux films multi-récompensés aux Oscars, il y a donc eu Abattoir 5, un film aussi puissant et désespéré qu’encore aujourd’hui très peu connu en France, au point qu’il y a seulement quelques années, des cinéphiles très sérieux de ma connaissance pensaient le plus sérieusement du monde qu’il s’agissait d’un film « gore ».

Difficile pourtant de faire plus éloigné du torture-porn qu’Abattoir 5, qui s’avère une évocation de l’horreur de la condition humaine qui flirte avec de nombreux concepts philosophiques. Conçu comme un véritable puzzle mental, issu des souvenirs de Billy autour de ce qui a été, de ce qui est et surtout de ce qui sera, Abattoir 5 prendra rapidement des allures de fresque cinématographique totalement déconstruite, au montage absolument remarquable, passant de la légèreté au tragique en un claquement de doigts, et mettant en parallèle l’horreur de la Seconde Guerre mondiale et le malaise d’une Amérique embourbée dans une autre guerre.

Le concept même d’un personnage qui soit « décroché du temps » comme l’est Billy Pilgrim (Michael Sacks) au cœur d’Abattoir 5 implique forcément une réflexion sur le montage cinématographique, et il est assez fascinant de voir comment George Roy Hill, son scénariste Stephen Geller et sa monteuse Dede Allen parviennent à aborder les transitions d’une époque à une autre, d’un lieu à un autre, des bombardements de Dresde au monde extraterrestre de Tralfamadore. Un certain nombre de ces transitions sont réalisées de façon très ingénieuse, comme si les voyages de Billy se faisaient finalement par le biais d’analogies visuelles ou auditives – une idée très intéressante qu’il faut vraiment souligner, d’autant qu’elle était tout à fait absente du roman de Kurt Vonnegut.

Bien sûr, l’inverse est également vrai, et de nombreux aspects très forts du roman de Vonnegut – notamment en ce qui concerne la guerre du Vietnam – s’avèrent presque totalement absents de cet Abattoir 5 version George Roy Hill. Pour autant, Kurt Vonnegut voyait bel et bien dans le film « une traduction impeccable de son roman ». Il faut dire que le foisonnement du récit, les références au Magicien d’Oz ou encore la mise à mort de tous les symboles si chers à l’Amérique (victoire, réussite, amour, famille…) sont bel et bien de la partie, et contribuent à faire du film de George Roy Hill une réussite absolue qu’on aurait tort de négliger. Un film à (re)découvrir !

Le coffret Blu-ray Édition Prestige limitée

[5/5]

Éditeur indépendant faisant indéniablement partie des plus intéressants en France en termes de qualité et d’audace éditoriale, Carlotta Films a lancé au fil des années plusieurs collections au sein de son catalogue. Ainsi, parallèlement aux Éditions « Ultra Collector » consacrées à des films majeurs présentés dans des éditions luxueuses incluant le plus souvent un bouquin inédit, Carlotta a également développé la collection « Édition Prestige limitée », qui prend la forme de gros coffrets contenant les films ainsi qu’une sélection de Goodies propres à fasciner les collectionneurs.

Abattoir 5 vient donc d’intégrer la collection « Édition Prestige limitée » (n° 24), et s’impose de fait dans un gros coffret de type « luxe ». Proposé dans un tirage limité à 2000 exemplaires, le coffret contient donc non seulement le Blu-ray du film dans un sublime Digipack mais également tout un tas de « goodies » réunis pour l’occasion : un jeu de 12 photos d’exploitation (format 13x16cm), le fac-similé de la brochure promotionnelle d’époque (24 pages) et l’affiche du film en 53×38cm. On a donc entre les mains un véritable et bel objet de collection, auquel l’éditeur ajoute, bien sûr, quelques suppléments sur le Blu-ray du film.

Et côté Blu-ray, une nouvelle fois, nous ne sommes pas déçus : Carlotta Films nous propose en effet pour Abattoir 5 un master Haute-Définition assez sublime. La restauration 4K nous propose un rendu respectueux de la granulation argentique d’origine, et propose un piqué d’une belle précision ainsi que des contrastes et couleurs au taquet malgré des séquences nocturnes ou très chargées en fumées, pas forcément évidentes à gérer à l’encodage. En deux mots, tout est parfait, c’est un travail tout simplement magnifique, et une véritable redécouverte pour les amoureux du film, qui désespéraient de le voir un jour débarquer sur support Blu-ray en France. Niveau son, l’éditeur se révèle également fidèle à ses habitudes, en ne nous offrant un mixage DTS-HD Master Audio 1.0 en version ainsi qu’en version française, les deux mixages s’avérant très respectueux du rendu acoustique original.

Du côté des suppléments, on trouvera tout d’abord un entretien avec Perry King (14 minutes), qui joue le fils de Billy dans le film, Robert. Ce dernier reviendra sur son parcours et sur l’opportunité d’avoir pu intégrer le casting du film si tôt dans sa carrière. Il évoquera également le tournage du film ainsi que les différences avec le roman de Kurt Vonnegut. On continuera ensuite avec un entretien avec Robert Crawford Jr (15 minutes), réalisateur d’un documentaire inachevé sur les coulisses du film, dont nous découvrirons d’ailleurs quelques extraits. Enfin, on terminera par une intéressante analyse du film par Jean-Baptiste Thoret (16 minutes), que les aficionados d’Abattoir 5 connaissaient cela dit déjà puisqu’elle est recyclée du DVD du film, sorti en 2011 sous les couleurs d’Opening.

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