Test Blu-ray : Bones and all

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Bones and all

Italie, États-Unis : 2022
Titre original : –
Réalisation : Luca Guadagnino
Scénario : David Kajganich
Acteurs : Taylor Russell, Timothée Chalamet, Mark Rylance
Éditeur : Warner Bros.
Durée : 2h10
Genre : Thriller
Date de sortie cinéma : 23 novembre 2022
Date de sortie DVD/BR : 29 mars 2023

Maren part à la recherche de sa mère et rencontre Lee, un adolescent à la dérive qui va l’embarquer dans un road trip enflammé sur les routes de l’Amérique profonde. Leur amour naissant sera-t-il suffisamment fort pour résister à leurs démons, leur passé et le regard d’une société qui les considère comme des monstres ?

Le film

[3,5/5]

S’il a clairement eu son heure de gloire dans les années 70, le cannibalisme n’est plus forcément un thème très populaire dans le cinéma d’horreur contemporain. On pourra bien sûr citer quelques longs-métrages encore relativement récents, tels que The Green Inferno (Eli Roth, 2013), Ne nous jugez pas (Jorge Michel Grau, 2010) et son remake américain We are what we are (Jim Mickle, 2013), ou encore Amours cannibales (Manuel Martín Cuenca, 2013), mais dans l’ensemble, les cannibales n’ont plus tellement la côte.

Quelques années après sa relecture de Suspiria, Luca Guadagnino entreprend donc avec Bones and all de ressusciter l’horreur en mode cannibale, avec une histoire d’amour fusionnelle mettant en scène la jeune Maren (Taylor Russell), qui souffre d’une maladie génétique héréditaire provoquant chez elle d’irrépressibles pulsions cannibales. L’histoire nous est racontée du point de vue de la jeune fille, et amène de ce fait plus de questions qu’il ne propose de réponses. Cela dit, une poignée de flash-backs de son enfance fragmentée seront présentés au spectateur, ce qui lui permettra de comprendre en partie cette malédiction. La rencontre de Maren avec Lee (Timothée Chalamet), un jeune vagabond pour qui elle se prend d’affection, finira par l’emmener dans un voyage meurtrier sur base de retrouvailles familiales contrariées…

A la fois éperdument romantique et terriblement noir, Bones and all place le cannibalisme au centre de son intrigue, mais comme dans un film tel que Ginger Snaps, il sert aussi de métaphore pour le passage à l’âge adulte et la découverte de la sexualité par son héroïne. Le fait que le film de Luca Guadagnino soit extrêmement sanglant renvoie évidemment aux règles ainsi qu’à la rupture de l’hymen. D’une façon générale, le cinéma fantastique et les récits de « coming of age » font souvent bon ménage. Le fameux passage à l’âge adulte, la découverte de la sexualité, la peur de l’inconnu et la notion d’acceptation de soi demeurent, pour tout un chacun, forcément toujours un peu nimbés de mystères en tous genres, et le fait de les illustrer au cinéma en ayant recours à des symboles allant chercher du côté du surnaturel est une idée non seulement habile, mais également pleine d’une certaine poésie sombre.

Sous l’impulsion de Luca Guadagnino, Bones and all multiplie les ruptures de ton, et alterne pendant le plus gros de son récit les séquences centrées sur l’amour naissant entre les deux personnages principaux, et celles les ramenant à une réalité sombre et violente. Ce va-et-vient se terminera de façon ô combien mémorable, mais empêche le cinéaste de s’attarder de façon approfondie sur les dilemmes moraux liés au cannibalisme, et crée finalement un déséquilibre dans le récit qui occasionnera quelques longueurs. C’est dommage, mais en l’état, Bones and all demeure tout de même un sacré beau morceau de péloche sauvage, avec un vrai cœur qui bat sous les outrances gore et la violence graphique – le tout étant naturellement allié à une mise en scène inspirée, un montage efficace et une musique originale vraiment superbe.

Le Blu-ray

[4/5]

Le Blu-ray de Bones and all édité par Warner Bros. s’avère un parfait exemple de la domination sans équivoque du support Haute Définition sur son ancêtre le DVD, en matière d’immersion et de confort de visionnage. Pas la peine de chercher la petite bête, le transfert du nouveau film de Luca Guadagnino est littéralement sublime, nous offrant un piqué, des textures et des couleurs d’une richesse impressionnante. Même sur les plans larges, c’est impeccable, irréprochable, avec des noirs profonds et une profondeur de champ exceptionnelle. Côté enceintes, c’est surtout dans le dernier acte du film que débutera le feu d’artifice sonore avec une VO encodée en Dolby Atmos (que les amplis non compatibles décoderont en Dolby TrueHD 7.1) : le mixage en envoie plein les esgourdes et fait littéralement trembler les murs – une véritable démonstration en termes de finesse, de placement des voix et de restitution des échos. La version française devra quant à elle se contenter d’un mixage Dolby Digital 5.1, et se démènera comme une bougresse pour être tout aussi tonitruante et dynamique que sa grande sœur. Le rendu acoustique est naturellement moins fin et précis, mais la spatialisation des effets est efficace, et le caisson de basse ne chôme pas. Bref, comme d’habitude, Warner nous propose un remarquable boulot technique.

La section suppléments comporte cinq featurettes très courtes et assez superficielles, durant en tout et pour tout moins de dix minutes. L’équipe et les acteurs y reviendront sur les personnages, les thématiques du film et la réalisation de Luca Guadagnino. C’est mieux que rien, mais c’est un peu court pour véritablement entrer dans le cœur du film.

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