Critique Express : La Passagère

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La Passagère

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Héloïse Pelloquet
Scénario : Héloïse Pelloquet, Rémi Brachet
Interprètes : Cécile de France, Félix Lefebvre, Grégoire Monsaingeon
Distribution : Bac Films
Durée : 1h35
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 28 décembre 2022

2.5/5

Chiara vit sur une île de la côte atlantique, là où son mari Antoine a grandi. Ils forment un couple heureux et amoureux. Elle a appris le métier d’Antoine, la pêche, et travaille à ses côtés depuis vingt ans. L’arrivée de Maxence, un nouvel apprenti, va bousculer leur équilibre et les certitudes de Chiara…

Un scénario minimaliste

Peut-on réussir à faire aux spectateurs le cadeau d’un film passionnant lorsqu’on le réalise en partant d’un scénario minimaliste et que rien n’est fait pour les empêcher de deviner dès le début à peu près tout ce qui va se passer ? La réponse générale est un petit oui : oui, ce n’est pas impossible. Concernant La passagère, la réponse est non, malheureusement. Certes, il y a des éléments positifs dans ce film, le plus important étant la peinture réaliste du milieu dans lequel l’action se déroule, le monde très rude des marins pêcheurs dans leurs pratiques professionnelles avec, en prime, les incertitudes concernant leur avenir à l’heure des discussions post Brexit sur les zones de pêche. Autre élément positif, la façon dont le film se termine qui, c’est vrai, s’écarte pour la première et seule fois des hypothèses évidentes qu’on avait pu faire.

Le problème, c’est que ce qui est quand même le coeur du film, une histoire d’adultère et d’amour physique qui implique Chiara, une femme dans la quarantaine, et Maxence, une grosse vingtaine d’années plus jeune, ne dispense aucune surprise notable et préfère se cantonner durant de très longues, trop longues minutes, dans la photographie d’étreintes à caractère sexuel. Chiara est une femme originaire de Belgique, qualifiée de passagère parce qu’elle a tendance à se laisser transplanter, une femme qui a épousé Antoine, petit patron pêcheur, et qui, depuis, habite et travaille avec son mari sur la petite île dont Antoine est originaire. Chiara est une femme qui travaille dur et, à ce titre, on voudrait nous faire croire que cela sort de la banalité le fait, pour elle, de craquer pour une relation adultère. Franchement, nous ne sommes plus à l’époque de Madame Bovary et, dans le monde d’aujourd’hui, qu’on le regrette ou qu’on s’en félicite, une femme n’a pas « besoin » de se morfondre dans une existence pleine d’ennui pour ressentir l’envie de se retrouver dans les bras d’un autre homme, et cela même si elle se considère comme étant heureuse au sein de son couple. En fait, en 2022, il faut admettre que le comportement des femmes en matière d’infidélité s’est rapproché de celui que beaucoup ont de tout temps admis de la part des hommes ! Par ailleurs, on nous vend aussi le fait que ce film est une ode au plaisir féminin. On est d’accord, il en est beaucoup question et il est montré de façon très explicite, voire même complaisante. On est toutefois en droit de préférer la façon beaucoup plus fine de traiter ce sujet que l’on trouve dans le récent film britannique Mes rendez-vous avec Léo. Quant aux interprètes de La passagère, il ne saurait être question de leur jeter la pierre, que ce soit Cécile de France, Chiara, Grégoire Monsaingeon, Antoine, ou Félix Lefebvre, Maxence : ils font le job et ils le font plutôt bien. On sera moins indulgent avec Héloïse Pelloquet, la scénariste et réalisatrice, une jeune femme qui vient du montage et qui avait réalisé 3 court-métrages avant ce premier long-métrage : certes, la partie documentaire de son film est réussie, la partie fictionnelle beaucoup moins.


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