Critique Express : Premières urgences

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Premières urgences

France : 2022
Titre original : –
Réalisation : Eric Guéret
Distribution : Haut et Court
Durée : 1h40
Genre : Documentaire
Date de sortie : 16 novembre 2022

4/5

Synopsis :Amin, Evan, Hélène, Lucie et Mélissa sont étudiants en médecine. Ils arrivent aux urgences de l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis pour y effectuer, pendant six mois, leur premier stage en internat. Leur vocation résistera-t-elle à la réalité de l’hôpital qu’ils vont devoir affronter ?

 

6 mois de la vie d’un service d’urgence

Peut-être n’êtes vous pas au courant, mais le système de santé français va mal, très mal même : dans près de la moitié du territoire, la population n’a plus accès à un médecin traitant ; l’hôpital public manque de lits, manque d’aide-soignant.e.s, d’infirmier.e.s, de médecins et, plus généralement, d’équipements fonctionnant correctement et cela est particulièrement vrai en ce qui concerne les services d’urgence. On aurait pu penser que les problèmes rencontrés par l’hôpital public lors de la pandémie de COVID allaient entrainer une remise en cause de la politique de désengagement menée par l’état depuis des années. Il n’en est rien et on continue de fermer des lits.

Face à cette situation, le documentariste Eric Guéret a décidé de consacrer un film au fonctionnement d’un service d’urgence d’un hôpital situé au centre d’un désert médical urbain. Spécialisé dans le cinéma de proximité, filmant en immersion totale, il filme depuis 30 ans des documentaires sur des sujets de société et d’environnement, souvent pour la télévision, parfois pour le cinéma. Il y a 7 ans, il s’était déjà intéressé au système de santé de notre pays et il a décidé d’en remettre une couche : motivé par « la beauté et la nécessité » de l’hôpital public, par « sa fragilité et son risque de faillite », il s’est donc lancé dans Premières urgences. Mais qui filmer ? Que filmer ? Où filmer ? Souhaitant montrer en priorité l’engagement sans faille du personnel soignant, il a décidé de s’intéresser en priorité à de jeunes internes faisant leur premier stage et qui, à ce titre, vont devoir agir pour la première fois en tant que médecins. Dans l’esprit du réalisateur, L’hôpital dont il souhaitait investir le service des urgences se devait de ne pas être dans une situation extrême : un service arrivant à fonctionner à peu près correctement malgré le manque de moyens matériels et humains dont souffre l’hôpital public.

Son choix s’est porté sur l’hôpital Delafontaine de Saint-Denis, un grand hôpital de périphérie présentant l’avantage supplémentaire de se situer dans un désert médical. Parmi une promotion d’internes arrivant dans cet hôpital pour un stage de 6 mois, 5 d’entre eux ont accepté d’être filmés : ayant fait leurs études de médecine à la faculté de Bobigny, proche de l’hôpital, Melissa, Evan, Hélène, Lucie et Amin vont devenir, avec Mathias Wargon, le chef de service, les personnages principaux de Premières urgences. Ce filmage en immersion qui s’est étendu sur une durée de 6 mois, de novembre 2020 à mai 2021, a permis à Eric Guéret de récolter 150 heures de rush qu’il a fallu « comprimer » pour arriver à un film de 1 h 40.

Fidèle à la manière de faire d’Eric Guéret  qui lui permet de réaliser des documentaires passionnants et dans lesquels le spectateur se sent investi presque autant que le réalisateur, c’est sans aucune interview, sans aucun commentaire, sans misérabilisme, que Premières urgences « montre » l’hôpital, en alternant des moments de tension et des moments plus calmes : les rapports des internes avec le chef de service ; leur évolution au cours de ces 6 mois, un peu perdus au début, ayant peur de mal faire et devenant de plus en plus efficaces et autonomes ; le temps perdu à cause d’un matériel défaillant et de l’informatique qui cafouille ; le cercle vicieux catastrophique que représente le manque de lits dans une structure qui, déjà, n’a pas un personnel en nombre suffisant : pour trouver dans un autre hôpital un lit pouvant accueillir un patient, ce sont de très longs moments, parfois des heures, qu’une personne dont le métier est avant tout de soigner doit passer au téléphone ; la situation particulièrement catastrophique concernant le volet psychiatrie de ce service d’urgence.

Au bout du bout, Eric Guéret s’intéressait au choix qu’allaient faire les 5 internes quant à leur avenir. Le bilan est sans appel :  la situation de l’hôpital public qu’ils ont connue pendant 6 mois a dissuadé 4 d’entre eux de rester en son sein ! De fait, ce sont les médecins étrangers qui sauvent les services hospitaliers de l’hexagone. C’est ainsi que, sur les 21 médecins du service d’urgence de l’hôpital Delafontaine, 19 sont étrangers !


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