Test DVD : Broadway

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Broadway

Grèce, France, Roumanie : 2022
Titre original : –
Réalisation : Chrístos Massalás
Scénario : Chrístos Massalás
Acteurs : Elsa Lekakou, Foivos Papadopoulos, Stathis Apostolou
Éditeur : Le Pacte
Durée : 1h33
Genre : Thriller, Drame
Date de sortie cinéma : 1 juin 2022
Date de sortie DVD : 5 octobre 2022

Nelly, jeune danseuse en fugue, se réfugie à Broadway, un complexe de loisirs abandonné d’Athènes, squatté par une bande de pickpockets. Elle intègre leur groupe et ils mettent au point une nouvelle combine : Nelly donne un spectacle de rue pour distraire les passants, tandis que les autres subtilisent portefeuilles et téléphones portables. La combine marche bien, et Nelly devient indispensable. Mais l’arrivée d’un homme mystérieux, blessé et couvert de bandages, va bouleverser leurs vies à tous, et le cours des choses à Broadway…

Le film

[3,5/5]

Polar de personnages, allant chercher du côté des meilleurs représentants espagnols et argentins du genre, Broadway installe son intrigue crapuleuse au cœur de la ville d’Athènes, qui nous y est représentée avec un réalisme social froid et naturaliste. A la fois scénariste et réalisateur, Chrístos Massalás plante sa caméra dans les quartiers les plus interlopes de la capitale grecque, et sans forcer, laisse se développer à l’écran une série de personnages aux caractères bien trempés.

Tournant autour d’un petit groupe de pickpockets reclus dans un cinéma désaffecté, Broadway parviendra de façon assez remarquable à dessiner les contours de criminels à la petite semaine plus vrais que nature. A la façon du petit singe capucin « enragé » qui les accompagne, ils vivent enfermés dans une cage, dont ils ne peuvent sortir sans danger : ils ont en effet recherchés pour diverses raisons, et doivent restés cachés. Pour leur sécurité, le patron du cinéma – dit le « Serrurier » – leur dicte leurs allées et venues en dehors de leur refuge de fortune.

Déconnectés du monde qui les entoure (ils n’ont pas de téléphones ni d’accès Internet) et obligés de cohabiter, ils vivent essentiellement sur le toit du bâtiment, à l’ombre de son enseigne géante et délabrée. En plus de conférer à Broadway un petit côté « fin du monde », le sentiment de nostalgie véhiculé par ce décor remarquable plonge réellement le spectateur dans un univers unique, au cœur duquel les interactions entre les personnages vont prendre une importance capitale. Bienveillants les uns envers les autres, ils partagent ensemble leurs repas, mais l’arrivée d’un petit nouveau au sein du clan va bouleverser leur quotidien.

Une passion commune pour la danse va en effet réunir à l’écran Nelly (Elsa Lekakou) et Jonas (Foivos Papadopoulos), qui sera d’ailleurs contraint, pour échapper aux griffes d’un puissant malfrat surnommé « Maraboo », de devenir une femme. Ensemble, le duo créera d’extravagants spectacles de rue destinés à attirer un public qui sera délesté de ses objets de valeur par les collègues pickpocket de Nelly et Jonas/Barbara. Lors d’une scène assez amusante, qui se termine par l’inévitable rapprochement physique entre les deux êtres, Broadway nous donne d’ailleurs un petit aperçu de la communauté « drag » d’Athènes.

Ceci étant dit, une des idées les plus originales et les plus belles de Broadway se situe bel et bien dans cette histoire d’amour hors des genres. Le film de pousse d’ailleurs la réflexion sur le contrôle / la transformation du corps et la perception de soi un peu plus loin encore, dans le sens où le personnage de Jonas/Barbara est « contraint » de prendre une identité féminine, et qu’il se voit même obligé par le Serrurier à s’acquitter de sa dette en se prostituant à des hommes plus âgés. Sa relation avec Nelly, et la connexion corporelle qu’il crée avec elle parviendra finalement à équilibrer l’équation, et l’amènera même à se libérer de son passé obscur.

Au final, Broadway s’impose donc comme un sympathique polar, alternant les passages tendus et les séquences plus tendres, et mêlant un regard cru sur la Grèce post-crise financière à une certaine fantaisie poétique. Le mélange est d’autant plus attachant qu’il est porté par une excellente bande originale, signée Gabriel Yared (37°2 le matin, Le Patient anglais…).

Le DVD

[4/5]

C’est Le Pacte qui nous propose aujourd’hui de découvrir Broadway sur galette DVD, et pour palier à l’absence de format Blu-ray, l’éditeur a plutôt soigné sa copie côté image : la définition est d’une belle précision, les couleurs affichent une belle pêche et le piqué s’avère tout à fait satisfaisant, malgré quelques légères baisses de régime, principalement dans la gestion des noirs, et de toutes façons liées à un encodage sur support DVD. Cependant, l’éditeur, rodé au DVD depuis de nombreuses années, compose bien avec les avantages et les inconvénients de la définition standard et nous propose un rendu tout à fait satisfaisant. Niveau son, la version originale est proposée en Dolby Digital 5.1, à la spatialisation très discrète : le film ne se prête certes pas à la démonstration technique, mais le dynamisme est bien présent et promet une immersion totale au cœur du film. Le DVD dispose également d’un mixage Dolby Digital 2.0 (en version originale également), idéal si vous visionnez le film sur un téléviseur, sans Home Cinema.

Dans la section suppléments, on trouvera tout d’abord un court making of (2 minutes), qui nous proposera un montage extrêmement rapide du tournage, des costumes, des storyboards, des effets visuels, etc. Enfin, on terminera avec un court-métrage du réalisateur Chrístos Massalás, Copa-Loca (14 minutes). Sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs 2017, ce court annonce clairement une des thématiques les plus intéressants de Broadway, sauf qu’en lieu et place d’un cinéma désaffecté, c’est ici un centre de loisirs abandonné qui devient le symbole d’un monde consumériste en plein changement.

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