The Shining
États-Unis : 1980
Titre original : The Shining
Réalisateur : Stanley Kubrick
Scénario : Stanley Kubrick, Diane Johnson
Acteurs : Jack Nicholson, Shelley Duvall, Scatman Crothers
Distribution : Warner Bros
Durée : 2h22
Genre : Horreur, Thriller
Date de sortie : 16 octobre 1980
Note : 4/5
Shining est une adaptation plutôt libre du roman de Stephen King. Un des films les plus populaires au box-office de Stanley Kubrick, il joue avec les nerfs du spectateur grâce notamment à un cadre incroyable et un acteur principal déjanté à souhait.
La famille Torrance déménage temporairement à l’hôtel Overlook, dont la gérance pendant la saison morte a été confiée à Jack, le père. Ce dernier est prévenu lors d’un entretien d’un menu détail, le coup de folie d’un ancien gérant qui a tué sa famille. L’hôtel a aussi été construit sur un ancien cimetière indien. Son fils Danny est le premier à ressentir le mal qui possède l’hôtel, grâce à un pouvoir psychique qu’il manifeste via un ami imaginaire, ce avant que Jack ne bascule petit à petit dans la folie…
Une version qui se démarque du roman
Tout d’abord, pourquoi une version longue ? Parce que Kubrick et Warner Bros ont décidé de plusieurs coupes. La première, peu de temps après la sortie de Shining, concerne une scène finale où l’on retrouve Danny et sa mère à l’hôpital. Le reste c’est environ une demi-heure d’autres coupes décidées pour la distribution en Europe, après un accueil mitigé aux Etats-Unis. Kubrick soutiendra la version courte.
Un conseil, si vous êtes claustrophobes, profitez bien des plans d’ouverture dans les montagnes. Car même si l’hôtel est incroyablement vaste, sa présence devient tellement oppressante au long du film que vous étoufferez. Après une longue introduction et un entretien au cours duquel Jack assure qu’il n’a pas peur de l‘isolement qu’il va subir pendant des mois (renforcé dans le film par l’arrivée d’une tempête), la famille doit visiter les lieux et Danny voit une première fois les mystérieuses jumelles. Il découvre alors que quelqu’un d’autre a des capacités » télépathiques « , Dick Hallorann, chef cuisinier à l’hôtel. Plusieurs choses à noter : c’est une des premières fois qu’un tournage utilise la Steadicam, permettant de dissocier les mouvements de la caméra et les mouvements de l’opérateur. Cela permet de réaliser des plans comme ceux où l’on suit Danny sur son vélo dans les couloirs de l’Overlook. Deuxièmement, les scènes les plus connues du film sont des ajouts, non présentes dans le livre : le sang qui s’échappe de l’ascenseur ou encore le » all work and no play makes Jack a dull boy » tapé indéfiniment à la machine. Le reste du film est un chassé-croisé psychologique entre une femme qui assiste à la dégradation mentale de son mari sans savoir quoi faire, un fils qui sent le danger arriver grâce à ses pouvoirs, et un père qui pactise avec les forces obscures de l’hôtel. Le tout agrémenté de scènes marquantes comme la rencontre avec le barman dans la salle de bal ou la poursuite dans le labyrinthe.
Stephen King lui a fait comprendre qu’il n’avait pas aimé cette adaptation. Trop d’éléments différents de son roman pour lui, notamment l’alcoolisme de Jack comme cause des problèmes familiaux des Torrance et le côté plus psychologique que réellement supernaturel de l’adaptation. Ces griefs mis à part, inutile de nier l’impact du film. Toujours aussi efficace. Le scénario se focalise sur les personnages (hôtel compris) et leurs basculements respectifs. Un huis clos accepté va les mettre en position délicate. Le pouvoir du garçon devient une porte de sortie, la seule. Première scène pivot : Wendy entre dans la grande salle où Jack essaie d’écrire (il est romancier) mais ce dernier accepte mal cette intrusion et lui reproche de nuire à sa concentration. A partir de là, les rapports vont nettement se détériorer. Deuxième scène pivot : le dialogue avec l’ancien gérant, Grady, qui va le pousser à se débarrasser de sa famille. Comment Wendy et Danny vont-ils s’en sortir ? Que peut bien cacher cet hôtel ? Jusqu’où Jack va-t-il aller ? La fin quant à elle est ouverte à plusieurs interprétations (et diffère là encore du roman). Ah la photo…
Jack Nicholson exceptionnel
Jack Nicholson nous offre une performance de haute volée. La démence de son personnage est la clé du film. Kubrick ne nous effraie pas avec du sang ou des fantômes (même si on en croisera, notamment des squelettes dans une scène de la version longue) mais avec le jeu hallucinant de Nicholson. Le petit Danny Lloyd est aussi étonnamment convaincant (c’est pas souvent gagné quand on fait jouer des enfants, demandez à Jake Lloyd/Anakin Skywalker). En ce qui concerne Shelley Duvall (Wendy), du dialogue a apparemment été coupé, ce qui, ajouté aux différences avec le matériau originel, rend son personnage moins affirmé qu’il n’aurait pu l’être. Mention spéciale aux acteurs interprétant Lloyd le barman et Grady l’ancien gérant. Si vous ne deviez voir le film que pour Nicholson, ce serait largement suffisant.
Résumé :