Il va y avoir du monde à Lyon au mois d’octobre prochain … La venue de Tim Burton à la Cinémathèque Française remonte certes à plus de dix ans. Mais les fans inconditionnels du réalisateur américain, l’idole visionnaire de toute une génération de spectateurs, se souviennent encore de la cohue que cela a été pour l’approcher. Depuis, la réputation de Tim Burton n’a guère évolué. Il est donc fort probable qu’une foule de ses admirateurs sera de même au rendez-vous, quand il recevra le 14ème Prix Lumière dans le cadre du Festival Lumière. L’annonce du lauréat, qui succède à la réalisatrice néo-zélandaise Jane Campion, aux réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne et au producteur et réalisateur américain Francis Ford Coppola, a été faite par l’Institut Lumière la semaine dernière, le mercredi 20 juillet.
Tim Burton sera présent à Lyon pendant quatre jours, du jeudi 20 au dimanche 23 octobre. Il y recevra son prestigieux prix le vendredi 21 octobre. L’hommage qui lui sera rendu sera notamment ponctué d’une nuit Tim Burton à la Halle Tony Garnier, au cours de laquelle quatre de ses films seront projetés : Beetlejuice, Ed Wood, Mars attacks ! et Sleepy Hollow La Légende du cavalier sans tête. La 14ème édition du Festival Lumière se déroulera, quant à elle, dès le samedi 15 et jusqu’au dimanche 23 octobre.
Notre point de vue n’est sans doute pas majoritaire parmi la communauté cinéphile, mais pour nous, il existe deux Tim Burton (* 1958). Le premier, on l’adore sans réserve, tant il a su créer un univers plus ou moins magique quoique toujours d’une imagination impressionnante. L’artiste de cinéma quasiment hors pair et sans faille dont on parle, c’est le Tim Burton des années 1980 et ’90. A cette époque-là, tout lui réussissait.
Après le gentiment amusant Pee-wee Big Adventure, il nous avait en effet donné coup sur coup des œuvres aussi magistrales que Beetlejuice, Batman, Edward aux mains d’argent et Batman Le Défi. A notre humble avis, le portrait plein de tendresse de son confrère malheureux Ed Wood demeure jusqu’à ce jour l’un des plus beaux films sur le cinéma. Changement de ton assez radical avec la comédie d’extra-terrestres Mars attacks ! Celle-ci nous avait alors enthousiasmé à tel point que nous sommes allés la voir deux fois de suite au cinéma le jour de sa sortie en février 1997. Tim Burton était resté amplement fidèle à son style baroque avec son adaptation du conte d’épouvante Sleepy Hollow La Légende du cavalier sans tête trois ans plus tard.
Puis vint l’heure de la première, mais hélas pas la dernière déception considérable. En effet, les années 2000 et 2010, du remake hautement dispensable de La Planète des singes à l’adaptation du classique Disney Dumbo, ont été pour Tim Burton celles d’un désenchantement maintes fois renouvelé. Seuls ses deux films d’animation Les Noces funèbres et Frankenweenie méritent d’être sauvés de notre verdict sans appel, tandis que nous n’étions nullement préparés à devoir regarder un jour de la part de notre ancien réalisateur de chevet un film aussi esthétiquement laid et sans saveur que Alice au pays des merveilles.
Ses autres films au cours de ces vingt dernières années relevaient au mieux du divertissement anecdotique, comme Big Fish et Big Eyes, ou de retrouvailles de plus en plus mercantiles avec son acteur fétiche Johnny Depp. Le fait que son prochain film annoncé serait une suite de Beetlejuice ne nous donne guère l’espoir que la tendance créative de sa filmographe voie bientôt sa trajectoire inversée.
Depuis la création du Prix Lumière, en même temps que le festival du même nom, en 2009, Tim Burton est le cinquième lauréat appartenant à la catégorie des réalisateurs américains, après Clint Eastwood, Quentin Tarantino, Martin Scorsese et Francis Ford Coppola. Il ne s’agit nullement de son premier prix honorifique, puisqu’il avait déjà reçu un Lion d’or d’honneur au Festival de Venise en 2007.
Dans son propre pays, les récompenses attribuées à Tim Burton se font plus rares, puisqu’il n’a été nommé aux Oscars qu’à deux reprises, pour le Meilleur Film d’animation, respectivement en 2006 et en 2013 pour Les Noces funèbres et Frankenweenie.